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De l'impasse... à la renaissance



De l'impasse... à la renaissance
Malgré un lourd handicap, les employés ont su redonner vie à une entité économique moribonde.L'Entreprise de Chaudronnerie et de Ferblanterie d'Alger «partenaire industriel idéal», comme proclamé dans le prospectus, n'est pas une entreprise comme les autres. Entreprise publique économique en proie à d'énormes difficultés financières, délaissée par ses tuteurs, elle a été rachetée le 28 juin 2005 par ses salariés qui se sont constitués, au préalable, en société de reprise (ACIVEM/Spa) avec 122 actionnaires à ce jour, pour un prix de cession de 76 millions DA payable en vingt (20) ans, assorti d'un taux d'intérêt de 6%/an, auquel s'est ajouté un endettement de 332 millions de DA soit au total : 408 millions DA (rachat de l'actif et du passif).Ce rachat, effectué en toute confiance auprès de l'Etat, n'a pas été suivi de mesures d'assainissement financier pour pérenniser la stabilité de l'entreprise, nécessaire à sa survie et à son développement futur. Malgré ce lourd handicap de départ, les travailleurs ont su, grâce à leurs efforts et leur abnégation, s'imposer sur le marché, contribuant ainsi à leur manière, au fil des années (depuis 10 ans), au redressement de l'économie nationale mise à mal, car outrageusement adossée à la rente pétrolière.«Quand nous avons racheté Ecferal en 2005, celle-ci réalisait un chiffre d'affaires annuel de 140 millions DA contre 500 millions DA aujourd'hui. Malgré nos nombreuses demandes de soutien auprès du Conseil des Participations de l'Etat, restées sans suite, nous avons pu investir près de 100 millions DA en autofinancement (sur nos propres fonds) pour une mise à niveau de l'entreprise : certification de notre Système de management intégré ou SMI basé sur les trois (03) référentiels : Qualité (ISO 9001) ? Hygiène, Santé et Sécurité au Travail (OHSAS 18001) et Environnement (ISO 14001)».Dans le secteur de la métallurgie, Ecferal est la première PME en Algérie à avoir obtenu, en 2011, la certification de son Système de management intégré (SMI). Ecferal réalise aussi une première en Algérie en se dotant d'un système d'information performant à travers l'acquisition et la mise en place d'un ERP/QAD. «Viser toujours plus loin, c'est créer des emplois durables (création de 65 emplois) pour développer de nouveaux produits qui sont importés et dont le marché national a grand besoin».Pour exemple, Ecferal a développé la fabrication de chaudières à vapeur de grandes capacités (6 à 16 Tonnes-Vapeur/Heure) et des incinérateurs avec traitement de fumées qui sont entièrement fabriqués dans ses ateliers en respectant les normes internationales ; une première en Algérie. Plusieurs secteurs stratégiques comme l'agroalimentaire, le textile, l'industrie du papier ont été équipés avec succès de ces nouvelles chaudières avec un savoir-faire et un professionnalisme reconnus par tous, qui n'a rien à envier à la concurrence étrangère.Le premier responsable de cette entreprise, Abdelli Boudjema, a su faire l'unanimité autour de lui, dans sa famille, ici, où il se considère comme l'égal parmi les siens, bien que la lourde responsabilité dans laquelle il s'est engagé lui confère un statut particulier au sein de cette entreprise qui reste «plus publique que privée du fait que nous n'avons pas encore payé au Trésor public la totalité des échéances dues sur la valeur initiale de cession (jusqu'en 2024)», comme il se plaît à le répéter tout au long de notre discussion.Mais la réussite de l'entreprise suffit au bonheur de ce manager résolu qui se distingue par son intelligence aiguë et son incomparable souci du travail collectif, même si l'intéressé, au cours de notre entretien, ne cesse de répéter qu'il n'aime pas qu'on parle de lui mais plutôt de la belle et prometteuse toile tissée par le groupe uni pour le même destin.Au «je» haïssable, Abdelli Boudjema préfère le «nous»? En effet, il a grandi dans un milieu studieux. Il est le prototype du bon élève absorbé par les études et façonné à l'Ecole normale de Bouzaréah où il a appris le sens de la discipline, de la solidarité et du compter sur soi. Son cursus est complété par une curiosité sans faille, car il s'intéresse à tous les enjeux sociaux, au commerce, à la fiscalité, au monde des affaires.«C'est un patriote qui a ses idées qu'il conviendrait de faire évoluer pour l'intérêt du pays», confie un de ses amis. «Les PME créatrices de richesse ne doivent pas subir le joug du monopole de l'Etat déjà assommé par ses problèmes et ses contradictions», commente aussi un vieil ami convaincu que notre manager a su intégrer la culture d'entreprise aux normes internationales, sésame de toute avancée. Si devenir soi nécessite un détour par les autres, il est aussi vrai, dans la philosophie de ce manager, que «les richesses engendrées appartiennent aux travailleurs et non à des propriétaires accapareurs».La majorité des travailleurs bénéficient régulièrement de formations spécifiques, notamment les cadres dirigeants qui ont été tous formés à l'Institut supérieur de gestion et de planification (ISGP) de Bordj El Kiffan : Diplôme d'études supérieures spécialisées. Ecferal a dû aussi former des soudeurs hautement qualifiés (soudeurs homologués) au prix fort par un institut spécialisé. C'est dire que l'investissement est nécessaire, même s'il grève le budget car, selon notre manager, le facteur humain est déterminant dans le développement de l'entreprise.Depuis vingt (20) ans, celle-ci travaille en étroite collaboration avec le Centre de formation professionnelle d'El Harrach, l'Agence nationale pour l'emploi (ANEM) et depuis une décennie avec les universités de Bab Ezzouar et de Boumerdès, ce qui lui permet d'innover et d'améliorer les performances des produits fabriqués et, en retour, l'entreprise reçoit des étudiants en fin de cursus pour y préparer des mémoires d'ingéniorat et de master, ainsi que des thèses de doctorat qui permettent à Ecferal de trouver des solutions techniques pour améliorer la qualité de ses produits et de ses prestations.La première station d'incinération avec traitement des fumées, en Algérie, a été conçue et réalisée, en 2000, avec l'assistance technique de l'Ecole polytechnique d'El Harrach sous contrôle d'une consultante, docteur en génie de l'environnement. Cette dynamique d'échanges se poursuit. Ce manager vit son métier comme un sacerdoce. Il n'a pas de base politique ni de mandat électif. Le seul bonheur qui le comble est de se mouvoir parmi les travailleurs avec respect et estime mutuels en maniant avec tact culture d'entreprise et normes internationales pour propulser Ecferal au rang d'entreprise citoyenne.Tout ce beau monde adhère à la démarche préconisée, car selon ce manager «on ne peut se permettre de laisser des retardataires sur le quai». Cela dit, ici point de démagogie ni de populisme dont on mesure l'ampleur des dégâts causés dans les milieux où ils prospèrent. «Il faut partager la responsabilité en respectant, chacun à son niveau, le cahier des charges». Tel est le credo d'Ecferal qui mérite les encouragements et le soutien de l'Etat.


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