Algérie

Huis clos



Si, comme on dit, les voies du Seigneur sont impénétrables, reconnaissons aussi au système bureaucratique national d?avoir forgé les m?urs et pratiques les plus ingénieuses pour fermer non seulement les portes de l?avenir du pays mais aussi celles de savoir et comprendre le présent. Une politique du secret, tatillonne et inquisitrice, héritée des temps les plus barbares. Vous avez observé cet « instinct » des boss (le mhalem - terrible réminiscence du caïd dans la mémoire collective) et chefaillons de tout ordre à boucler les portes partout où il y a des bureaux, y compris les jours appelés d?une cruelle ironie de « réception ». Comment dans ce huis clos généralisé, les citoyens déboussolés peuvent-ils attendre quoi que ce soit du service public ? Et encore plus, défendre, au nom de ce service, leurs droits. Comment de ce huis clos sortir cette grotte Algérie, même si de gros sous des hydrocarbures mis en ?uvre dans le fabuleux marché de l?économie de l?information branchent un jour totalement le pays par le biais de la juteuse opération « Ousratic » aux lumières d?Internet ? L?un des signes de ce chancre du top secret est de sévir jusqu?au syndicat unique, héritier de ce qu?on appelle encore, toujours de cruelle ironie du sort, le Palais du peuple. Ainsi ce qu?un mot de la presse de cette semaine désigne par « aristocratie de l?UGTA », sous la houlette de Sidi Saïd, a tenu une réunion à huis clos pour « régler » l?affaire Badaoui, un deal de réintégration dans ses fonctions du cadre et syndicaliste des Douanes en échange de l?étouffement dans l??uf d?une coordination syndicale dont les signes de combativité avant-coureurs ont été démontrés par le port d?Alger totalement paralysé ce lundi. Le black-out imposé au port en grève a tenté d?interdire le travail des journalistes. Mais, et c?est là l?une des touches passionnantes du métier, « un journaliste que l?on fait sortir par la porte doit trouver moyen de revenir par la fenêtre ». C?est aussi le sens de son combat, comme le rappelle la lecture revigorante de Paul Nizan (Le Monde Diplomatique, décembre 2005) sur l?Europe en proie au fascisme qui interdit à la presse de dire ce qu?elle peut savoir. « Le présent lui échappe. Elle est vouée par décret à des considérations inactuelles. Elle n?a point le droit de dire ce qui est. Mais seulement ce qui fut. »



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