Algérie

Horst Köhler, président de la République fédérale d'Allemagne, au Quotidien d'Oran L'Allemagne veut ouvrir son marché énergétique à l'Algérie



« L'Algérie dispose vraiment d'un important potentiel de développement, mais je vois qu'il n'y a pas un processus pour mettre à profit ce potentiel, par exemple un vrai projet pour les jeunes pour qu'ils voient leur avenir ici dans leur pays. Aussi, j'ai l'impression que le passé est un obstacle qui empêche un peu les possibilités de définir l'avenir». C'est en ces termes, à la limite de la confidence, que le président de la République fédérale d'Allemagne, M. Horst Köhler, a entamé l'entretien express qu'il a accordé lundi soir, dans sa suite au Sheraton, aux représentants de trois quotidiens algériens. Aux yeux des Allemands, l'Algérie est-elle uniquement un pays exportateur d'hydrocarbures ou dispose-t-elle d'un potentiel économique et humain qui serait d'un grand apport dans les relations bilatérales ? Catégorique, Horst Köhler considère que «l'Algérie est un pays important pour l'Allemagne». Il en veut pour preuve la série de visites d'officiels allemands en Algérie, à commencer par celle de l'ancien chancelier, en octobre 2004, suivie de celles de plusieurs secrétaires d'Etat, «pour parler notamment de sécurité». Le président allemand estime que l'Algérie est un «pays clé pour la stabilité du Maghreb». «C'est un pays important à cause de ses réserves en pétrole et en gaz, car, pour des raisons de sécurité, l'Allemagne tente de diversifier son approvisionnement énergétique». Une des principales composantes des relations algéro-allemandes, c'est la «confiance», estime M. Köhler. «Une confiance qui puise dans des racines profondes nées par la sympathie de l'Allemagne pour la lutte de l'indépendance de l'Algérie, mais également par la présence allemande durant les années difficiles qu'a vécues l'Algérie dans les années 90. Et je voudrais bien qu'on continue à construire sur cette base», dit-il aussi. Autre facteur de l'importance de l'Algérie pour l'Allemagne, c'est lorsque le président Köhler a vu Bouteflika, et deux autres chefs d'Etat africains, en l'occurrence MM. Obasanjo (Nigeria) et Mbeki (Afrique du Sud), à l'oeuvre pour définir un programme, appelé ultérieurement le Nepad, de réformes pour les pays Africains. «L'initiative du Nepad, affirme M. Köhler, montre clairement la volonté des leaders africains de reconnaître la nécessité d'assumer leur propre responsabilité et leur fierté d'emprunter une voie propre à l'Afrique pour améliorer ses possibilités de développement». Le président allemand émet le voeu «que les pays industrialisés réagiront de manière positive à cette offre de coopération» soumise par les pays africains. L'importance de l'Algérie, le président allemand la voit aussi dans «sa force intellectuelle». «Je crois qu'actuellement les jeunes ne perçoivent pas encore quelles sont leurs perspectives d'avenir. Mais si des offres, émanant des politiques et des intellectuels, leur définissent des projets d'avenir, les jeunes y verront matière à espérer ici chez eux, dans leur propre pays», affirme-t-il. Horst Köhler souhaite aussi que l'Allemagne et les pays européens accompagnent l'Algérie pour surmonter ce qu'il appelle «le traumatisme causé par la lutte de libération nationale et les années de terrorisme». «Et je crois que ce n'est qu'une fois que ce traumatisme sera surmonté, que l'énergie sera libérée pour que l'Algérie trouve son chemin dans la modernité et dans la démocratie». Le président allemand insiste pour dire que son pays voit l'Algérie «comme un véritable voisin» et voudrait que «l'Union européenne porte plus d'attention à l'Algérie dans sa politique pour développer ensemble des projets et des politiques communs, notamment dans le cadre du processus de Barcelone». Interrogé sur sa position en ce qui concerne l'ouverture du marché énergétique allemand aux entreprises algériennes et des investissements allemands en Algérie, M. Horst Köhler a confirmé les propos tenus, une demi-heure plus tôt, par le représentant du Groupe énergétique allemand E.ON, lors de la rencontre organisée par la Chambre algéro-allemande de commerce et d'industrie (AHK), à laquelle étaient présents Abdelaziz Belkhadem et plusieurs de ses ministres. «L'Allemagne ne veut pas être seulement un acheteur de pétrole et de gaz, mais elle veut également ouvrir son marché énergétique à l'Algérie», explique M. Köhler qui a, par ailleurs, voulu rassurer que cette diversification «ne va pas à l'encontre d'un approvisionnement énergétique en provenance de la Russie». A propos du projet d'Union de la Méditerranée (UM), Horst Köhler reconnaît que son pays ne dispose pas encore d'informations suffisantes sur cette initiative lancée par le président français Nicolas Sarkozy. «Je ne sais pas comment il conçoit l'Union méditerranéenne», dit-il avant de préciser qu'un Conseil des ministres franco-allemand s'était tenu le jour même et que très certainement le président a dû donner des détails sur son initiative. Mais pour le président allemand, au-delà de cette question d'UM, «il est, d'abord, très important de continuer à construire sur ce qui existe déjà», c'est-à-dire de «donner de la substance au processus de Barcelone et ne pas (faire) seulement dans la rhétorique politique». Il suggère «d'être plus généreux et plus ouvert, notamment en matière de commerce, d'investissement ou de circulation des personnes, et de considérer les pays du sud de la Méditerranée comme de vrais voisins et de vrais amis avec lesquels on envisage ensemble l'avenir». L'Allemagne a-t-elle aussi sa politique d'«émigration choisie» ? «Ce débat existe dans tous les pays européen. Mais ma position là-dessus, c'est plutôt de voir quelle politique il faut adopter pour que les candidats à l'émigration voient dans leur pays d'origine un avenir possible. C'est-à-dire par plus d'investissements, par des régimes commerciaux plus favorables et par la création d'une industrie de transformation qui génère de la croissance dans les pays en voie de développement». M. Köhler ajoute aussi que son pays «ne peut être considéré comme une terre d'accueil généralisé pour l'émigration de pauvreté». «A mon avis, dit-il, l'Allemagne doit être un pays ouvert, mais nous ne pouvons pas accueillir toute l'émigration de pauvreté. Nous veillons bien sûr à recevoir les personnes qui peuvent nous aider à résoudre nos problèmes, mais je n'appelle pas ça une «émigration sélective», ce terme n'est pas bien choisi. Chez nous, il existe seulement des critères précis, comme celui de parler notre langue et de vouloir respecter nos lois».  Enfin sur la question de la lutte contre la corruption, un sujet qui a été beaucoup évoqué lors de la première journée du 9e Forum pour le partenariat avec l'Afrique, M. Horst Köhler a d'abord exprimé sa «profonde satisfaction que le Nepad ait identifié la lutte contre la corruption comme l'une des tâches les plus importantes de la bonne gouvernance dans les pays africains». «J'ajoute aussi que la lutte contre ce fléau ne concerne pas seulement les pays pauvres ou émergents, mais également les pays riches. Parce que, dit-il, lorsqu'il y a corruption, notamment lors de grands projets, il y a quelqu'un dans les pays riches qui en profite aussi». Le président de la République fédérale d'Allemagne se dit aussi «un farouche partisan de l'exigence de poursuivre la corruption dans les pays industrialisés et avec la même fermeté». M. Horst Köhler fait part aux journalistes que l'Allemagne est en train de préparer une loi réprimant la corruption faite par les entreprises allemandes à l'étranger.
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