Algérie

Histoires vraies Le chien noir (1re partie)



Histoires vraies                                    Le chien noir (1re partie)
C'est le 10 août 1949, à minuit, que tout commence. Le quartier des Demi-Lunes, le plus pauvre de la ville, est réveillé par un cri en provenance de la maison des Oberlé. Monique Oberlé, dix-sept ans, se roule par terre en hurlant. Les voisins alertés par le remue-ménage, se précipitent et, parmi eux, Gabriel Doucet, un mineur retraité, qui consacre son temps à lire des ouvrages de magie. Il s'approche d'elle en tenant dans sa main un couteau de cuisine.
' Pose le manche sur ton front. Les forces maléfiques vont attirer la lame et te conduire vers le jeteur de sorts.
La jeune fille se lève en tenant le couteau et, en pleine nuit, se met en marche. Elle va sans hésitation vers une cabane au milieu d'un terrain vague et s'arrête net. Gabriel Doucet annonce d'une voix forte :
' Plante le couteau dans la porte. Les forces du mal resteront clouées.
La jeune fille obéit et tombe évanouie. Le lendemain, elle n'a plus le souvenir de rien, mais dans le quartier des Demi-Lunes, c'est l'émoi. Personne, dans le fond, n'est surpris de ce qui arrive, car cette cabane est habitée par Ludmilla Kiprenski et, pour tout le monde, Ludmilla Kiprenski est une sorcière
Ludmilla, comme son nom l'indique, est d'origine polonaise.
Elle a quarante ans. C'est une grande femme brune aux traits assez épais. Elle n'est pas belle, mais elle n'a pas non plus le visage d'une sorcière. Alors pourquoi cette accusation '
Eh bien, pour plusieurs raisons. D'abord, elle n'est pas mariée, elle n'est même pas en ménage, elle vit seule et puis surtout elle a une curieuse manie : elle donne à manger aux corbeaux ! Elle leur apporte de la viande avariée. Au début, elle les nourrissait sur son terrain vague, mais les habitants du quartier s'étant plaint, elle va leur porter leur nourriture plus loin, dans un bois, ce qui l'oblige à faire chaque jour plusieurs kilomètres. Enfin, il faut ajouter que Ludmilla Kiprenski a un chien noir et un chat noir. Un chien ou un chat noir, on pourrait penser que c'est le hasard, mais les deux...
Plusieurs personnes interviennent pour calmer les esprits : le médecin de la mine affirme qu'il s'agit d'une crise d'hystérie, qu'il faut soigner la jeune Monique Oberlé avec des moyens scientifiques. Le commissaire Carrel, responsable de Saint-Benoît-les-Mines, décide même qu'une ronde quotidienne aura lieu aux environs de minuit. Une précaution qui ne s'avère pas inutile, car, à trois reprises, dans des foyers différents, les mêmes faits se reproduisent. Chaque fois, un enfant ou un adolescent se met à hurler sur le coup de minuit. Et, chaque fois, les gens accusent Ludmilla, la «sorcière».
Dix jours ont passé, nous sommes le 20 août et le commissaire Carrel se fait de plus en plus de soucis devant la tournure que prennent les choses. D'autant que la Polonaise, qui ne manifeste que mépris pour la police comme pour ses voisins, ne change rien à ses habitudes. Elle continue toujours à aller nourrir ses corbeaux à plusieurs kilomètres et n'importe qui peut l'agresser en chemin.
Le commissaire rentre chez lui, sa journée terminée, avec un vague sentiment d'inquiétude. Et, la nuit même, il est réveillé par un coup de téléphone. Saisi d'une brusque appréhension, il regarde sa pendulette de chevet : minuit et quart. Au bout du fil, la voix angoissée d'un des deux agents qu'il avait envoyés faire leur ronde :
' Il se passe des choses graves aux Demi-Lunes, monsieur le commissaire. Le fils Vatchek s'est tué en tombant du toit. Tout le monde accuse la sorcière ! On peut plus tenir, mon collègue et moi. (A suivre...)
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