Algérie

Histoire-Octobre à Paris



Témoignage d?un hommage Le film de Jacques Panigel a été réalisé presque sur le vif, plus exactement quelques courts instants seulement après la répression féroce dont ont été victimes les milliers de « marcheurs » pacifiques algériens, le 17 octobre 1961 à Paris, pour protester contre l?interdiction qui leur a été imposée par le sinistre Maurice Papon, alors préfet de police de Paris, de sortir de 19h au lendemain 5h. Cette mesure raciste et discriminatoire était inacceptable et insupportable. Leur courage et leur obstination ont été à la hauteur de leurs sacrifices : plus de 400 morts noyés, tués à bout portant ou pendus, près de 23 000 blessés et 14 000 arrestations dans les centres Coubertin, Palais des sports... à Paris, dont 3000 ont été maintenus. Alors que le général de Gaulle qualifiait ce massacre de « inadmissible, mais somme toute secondaire », le philosophe Jean-Paul Sartre écrivait : « Pogrom ! Ce mot jusque-là ne se traduisait pas en français. Par la grâce du préfet Papon, sous la Ve République, cette lacune est comblée. Née à Alger, la ratonnade s?installe à Paris. Les juifs parqués au Vel d?Hio, sous l?occupation, étaient traités avec moins de sauvagerie par la police allemande que ne le furent, au Palais des sports par la police gaulliste les travailleurs algériens (...). Il n?y a jamais eu de terrorisme aveugle du FLN. Eut-il été décidé, les cadavres de policiers joncheraient les rues. » L?appel lancé le 20 octobre 1961 par des intellectuels français proclamait : « Entre les Algériens entassés au Palais des sports en attendant d?être refoulés et les juifs parqués à Drancy avant la déportation, nous refusons de faire une différence. » Revenons au film. Hormis quelques projections clandestines, Octobre à Paris a été interdit pendant 15 ans, et après des restrictions de divers ordres en ont empêché la diffusion publique. Cette production d?un rare réalisme est un hommage à l?attitude héroïque de tout un peuple qui a su et pu porter sur le sol même de ses oppresseurs son combat pour sa libération. L?auteur qui a été un témoin direct, puisque se trouvant sur les lieux mêmes de la manifestation, de l?attitude odieuse de la police raciste de Papon, n?a pu s?empêcher de se remémorer les scènes vécues à Paris (aussi) alors qu?il était adolescent pendant l?occupation allemande. « On ne pouvait pas supporter que des Français agissent avec les mêmes méthodes que la Gestapo. La torture en Algérie, la chasse aux Algériens à Paris, c?était révoltant à nouveau. » Mais qui est Panigel ? Jacques Panigel, docteur en biologie, était au moment des événements relatés directeur de recherche au CNRS et responsable d?un laboratoire à l?Institut Pasteur. Après s?être mis en congé, il a participé avec Pierre Vidal Naquet à la création du Comité Audin, du nom du jeune mathématicien, moudjahid et combattant pour l?indépendance de l?Algérie, mort sous les tortures. Panigel a été interpellé par la police à cause de ses activités et suite au lancement de l?appel des 121, appelant les soldats à la désertion. Panigel qui, malgré son jeune âge, a été un résistant au nazisme, ne pouvait supporter le comportement fasciste et raciste de son pays à l?égard d?un peuple, le peuple algérien luttant pour son émancipation.



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