Algérie

Hilmi s'attaque au mensonge


Hilmi s'attaque au mensonge
Par le titre de son court métrage, «Kemmerha» qui renvoie au «jeu de hasard», Mohamed Hilmi donne toute la profondeur du dilemme dans lequel se débat la société. Même en ne choisissant que le plus gros des mensonges...
L'idée est géniale! Pour le mois de Ramadhan qui commence demain ou après-demain, Mohamed Hilmi, cet immense artiste, va nous servir une oeuvre «succulente». Il prévoit de nous faire rire de nos mensonges. Nous n'avons pas eu la chance de voir son court métrage, présenté en avant-première, lundi dernier, au Palais de la culture Moufdi-Zakaria à Alger. Nous savons cependant qu'il met en scène un employé de maison qui profite de l'absence de ses employeurs pour recevoir, dans leur somptueuse demeure, les parents de la fille qu'il veut épouser. Le but est de leur en mettre plein la vue. De les éblouir en leur faisant croire que c'est chez lui. Inutile de préciser que le but est d'obtenir l'accord des parents de sa dulcinée. Le coup de génie de Hilmi est double. D'abord, pour avoir choisi un sujet, disons pour ne pas être méchant, pas rare du tout. Même si c'est à des degrés variables. Même s'il prend différentes formes. C'est pourquoi il y a fort à parier que nombreux, très nombreux seront ceux qui s'y reconnaîtront. Hilmi compte faire rire même ceux-là. Ce sera son deuxième exploit. L'ampleur prise, de nos jours, par le mensonge nécessite des tonnes d'écrits pour bien le cerner. Il prend plusieurs formes dont celles d'épater et de frimer, sans intention de nuire, sont de loin les plus courantes. Aujourd'hui, au lieu de dire «je ne sais pas!» nombreux sont ceux qui mentent. L'idée de ne pas savoir, devient inacceptable. Même pour des futilités. Comme pour montrer son chemin à celui qui le demande ou transformer un petit accident de la route en hécatombe. Le sujet est tellement vaste et ravageur que nous osons espérer que nos experts en psychosociologie le prendront en charge un jour. Pour nous expliquer le pourquoi de «l'épidémie». Revenons à l'oeuvre de Hilmi. Il fut un temps pas si lointain où l'on disait «zouadj lila debartou âm» (il faut réfléchir un an avant la nuit de noces). Une recommandation à l'ancienne pour une union durable. C'était pourtant l'époque où le mensonge était l'exception, pas la règle. C'était pourtant aussi l'époque d'avant les mouvements de populations où tout le monde connaissait tout le monde. Ce qui donne, aujourd'hui, plus de force à ce conseil. Par le titre de son court métrage, «Kemmerha» qui renvoie à l'addiction du jeu de hasard, Mohamed Hilmi donne toute la profondeur du mal dans lequel se débat la société. Même en ne choisissant que le plus gros dans la panoplie des mensonges. Certainement pour les besoins du rire. Ce qui n'aurait pas été possible avec le mensonge par omission. Celui de taire des vérités pour mieux les cacher. Là aussi les dégâts sont importants. Effectivement, «le mensonge a beau courir un an, la vérité le rattrape en un jour» est un autre vieux proverbe jamais démenti. Cela est au contraire prouvé par cet autre proverbe qui affirme qu'on a beau «chasser le naturel, il revient au galop». Comme ce sont les défauts qui sont généralement cachés avant le mariage, qui remontent fatalement à la surface une fois la fête passée. Et bonjour les dégâts! On vous le disait, Mohamed Hilmi a eu un coup de génie pour traiter ce sujet. Il a du courage aussi. Pourquoi' Il n'est pas dit qu'aborder un symptôme aussi tabou ne soit pas sans risque. Hilmi insiste pour dire qu'il préfère «le rire qui a un sens», c'est-à-dire utile. Il n'est pas exclu, cependant, que l'effet produit soit «un rire jaune». L'artiste mise sur la règle du chameau qui pense que la «bosse», ce sont les autres qui la portent. Dans tous les cas de figure, nous disons bravo à Hilmi, pas pour la qualité du court métrage que nous n'avons pas encore vu, mais pour le thème à forte valeur sociétale qu'il a choisi. Notre métier de journalistes nous place aux premières loges de ce fléau quand nous n'en sommes pas carrément victimes. Beaucoup d'entre nous ont eu à répondre de diffamations devant les tribunaux parce qu'ils ont été trompés par le mensonge de leur source. C'est dire que Hilmi a «exhumé» un sujet aux dégâts insondables. Qui n'épargne personne. Et si, par chance, il réussit à faire rire les téléspectateurs, il aura grandement contribué à la «guérison». Tout le monde connaît les vertus du rire dans la guérison des maux sociaux. C'est pour cette thérapie de masse que Hilmi, avec son court métrage, a capté notre attention. Il ouvre la voie à des productions artistiques d'intérêt général qu'aucune spécialité de la médecine classique ne peut remplacer. Nous espérons, pour lui, pour nous et pour l'ensemble de la société algérienne, que la réalisation technique de son court métrage soit aussi parfaite que possible pour que le message passe avec tous ses bienfaits. En attendant, saluons le courage de l'artiste. Pour le reste, nous faisons confiance à son grand talent. Rendez-vous après la diffusion!
zoume6@hotmail.com
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