Algérie

Hamid Grine. Journaliste et auteur


La Nuit du henné, une satire des années de plomb L?auteur de La Nuit du henné revient en raccourci sur son livre qu?il n?hésite pas à qualifier de malicieux regard dans le rétroviseur.  Par opposition à votre premier roman la Dernière prière, La Nuit du henné, votre dernière parution, est plus concise, précise, ciselée, affiné... est-ce une nouvelle forme d?écriture ?  Vous m?auriez posé la question il y a quelques temps, je vous aurais répondu : je ne pense pas. Mais comme de nombreux lecteurs m?ont fait cette remarque, je me suis posé la même question. Je me suis relu, j?ai comparé La Dernière prière avec La Nuit du henné. J?ai trouvé des ressemblances dans le ton, l?humour et la forme de narration qui permettent de tenir en haleine le lecteur, ou du moins d?essayer. En revanche j?ai trouvé les phrases de La nuit du henné plus courtes, plus ciselées. A quoi cela est-il dû ? Je pense qu?un second roman est toujours plus abouti qu?un premier. Ceci dit, je pense que c?est le même style. C?est le même d?ailleurs que dans mes écrits journalistiques : peu de gras, c?est à dire pas d?adverbes et d?adjectifs, cette graisse de l?écriture.  L?histoire se passe dans les années 1980. Comment interpréter un tel flash-back ?  Je suis revenu sur une période que j?ai vécue et que nous avons tendance, la distance aidant, à embellir. Oui, nous avions la paix, oui les Algériens étaient moins agressifs. Mais à côté, tout manquait : la liberté, les produits, les loisirs. Non, tout n?était pas beau en ces années-là. Trêve de nostalgie. La Nuit du henné est juste un malicieux rappel sur les années de plomb.  Peut-on dire que La Nuit du henné est une quête initiatique...  Je ne pense pas que ce livre soit une quête initiatique comme pouvait l?être La Dernière prière. Il apparaît plutôt comme une satire, une étude des m?urs sur l?Algérie des années de socialisme à la sauce algérienne.  Vous opposez l?amour à l?obscurantisme et au charlatanisme....  Il y a amour et passion pour résumer. L?amour s?oppose à l?obscurantisme comme le jour s?oppose à la nuit. Mais la passion, cette maladie de l?âme comme la qualifient les stoïciens, est source d?obscurantisme. Elle aveugle et rend fou alors que l?amour stimule et fait aimer même les contraintes.  Confirmez-vous que le livre a connu la meilleure vente au dernier SILA ?  Ce que je peux dire, c?est que La Nuit du henné a été, selon mon éditeur, le livre qui s?est le plus vendu à son stand. Et cela en dépit du fait que je n?ai pas fait de vente-dédicace au Sila. Toujours selon mon éditeur, seul Khadra a fait mieux. A l?appui, la vente-dédicace que j?ai faite à la librairie du Tiers-Monde où je n?ai pas arrêté de signer de 14h à 18h. Il y a des auteurs qui sont heureux de dédicacer 10 livres seulement. ça m?est arrivé. Aujourd?hui, ce n?est plus le cas. Demain, qui sait ?  Vous venez d?être traduit dans les pays arabes. Est-ce une ouverture sur le lectorat du monde arabe ?  C?est d?abord une grande fierté de figurer parmi les rares écrivains algériens traduits en arabe et vendus dans la plupart des pays arabes. Je souhaite que La Dernière prière donne une image de tolérance et de courage sur les Algériens. Surtout les Algériennes. Plus que l?ouverture sur les autres, c?est l?ouverture sur les miens qui m?importe. Il est utile de signaler que ce sont les éditeurs Sedria et Farabi qui ont traduit et commercialisé mon livre.  Etes-vous un écrit-« tôt » ou un écrit-« tard » ?  Tôt, tard, tout dépend de mon état. Je n?ai pas de préférence. Mais si je ne faisais que ça, je commencerai à 9h du matin. Et je m?arrêterai quand je serai fatigué. M?arrêter pour vivre, car il n?y a pas que l?écriture. Une manie ou un tic et toc de « la madeleine » pour écrire ? Steinbeck taillait ses crayons pendant des heures. Il noircissait des dizaines de feuillets qu?il jetait à la poubelle. Hélas, je suis plus prosaïque : j?aime bien prendre un café pur.  On suppose déjà que vous avez un nouveau livre dans la tête...  J?ai deux livres. Le premier est un hommage à des amis d?enfance, genre le livre des amis de Miller. Le second est un roman dont la trame couvre les années 1990 et 2000.
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