Algérie

Ghazi Hidouci, ancien ministre de l'Economie « Il vaut mieux prendre des participations substantielles dans de vraies banques... »



Le Quotidien d'Oran: Le ministère des Finances a décidé de surseoir à la privatisation du CPA en invoquant les effets mal mesurés de la crise des crédits hypothécaires. Qu'en pensez-vous ? Ghazi Hidouci: Essayons de comprendre: il y avait des offres en plis sur le point d'être ouverts, mais qui demeurent en l'état jusqu'à ce que le ministère saisisse ce qui se passe sur les marchés internationaux. Le ministère décide donc de reporter à une date ultérieure. Il ressort donc que cette date ne dépend que des marchés internationaux: cela pourrait arriver dans une semaine, un mois, six mois, un an, voire plus. En attendant, les offres dans leurs plis demeureront inchangées; les offreurs n'auront pas le droit de modifier leurs offres en fonction de leur évaluation de la situation... C'est assez étonnant ! Comment donc le ministère, qui est dans l'opacité aujourd'hui, peut-il présumer de cette démarche ? Ce qui apparaît clair, c'est qu'il ne discerne pas aujourd'hui l'incohérence de ce qu'il énonce. Q. O: L'argument du ministère ne vous paraît donc pas satisfaisant... G. H.: Quel impact le CPA, banque de très petite dimension et dans l'état où elle se trouve selon le ministère - pas de savoir-faire bancaire, technique, commercial et financier, gamme chétive de produits et services, outils de gestion archaïques - aurait-il sur les marchés financiers ? De quel poids pèserait l'acquisition du CPA dans le bilan des grandes banques internationales. Une Volksbank locale se prendrait-elle pour la Deutschbank ? Q. O: Quelles pourraient être les alternatives ? G. H.: La crise des marchés financiers, encore relative aujourd'hui, pourrait être une fenêtre d'opportunité. Ne vaudrait-il pas mieux, avec un très faible pourcentage de l'énorme stock de dollars gelés, prendre des participations substantielles dans de vraies banques en difficulté sur ces fameux marchés financiers ? Et ainsi acquérir de manière dynamique le savoir-faire bancaire, technique, commercial et financier, les gammes de produits et services, les outils de gestion modernes, etc., puis rapprocher les banques publiques de ces banques sans procédures pesamment bureaucratiques ! Il est vrai qu'une telle décision pourrait prendre plus de 17 ans (temps mis depuis 1992 dans la réflexion pour la privatisation du CPA). Sacrés décideurs, comme on dit !
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