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Général Abderrazak Maïza sur l'attentat d'Iboudrarene


Général Abderrazak Maïza sur l'attentat d'Iboudrarene
Ancien chef d'état-major de la 1re Région militaire qui coiffe les villes du centre du pays, le général Abderrazak Maïza estime, dans l'entretien qu'il nous a accordé, que dans l'embuscade meurtrière de samedi, il y a eu un excès de confiance et une grave erreur d'appréciation de la part du commandement militaire local. Selon lui, un dispositif n'est jamais déplacé de nuit à bord de camions dans une région au relief accidenté, où il y a une activité terroriste récurrente.-Quelle analyse faites-vous de l'embuscade meurtrière qui a ciblé, samedi dernier, un convoi de militaires au sud-est de la wilaya de Tizi Ouzou 'D'abord, il n'est pas du tout normal qu'un dispositif militaire soit levé ou déplacé de nuit, à bord de camions, dans une région comme Iboudrarène où l'activité terroriste est récurrente. Il y a eu une erreur d'appréciation, une confiance extraordinaire et un manque de vigilance. Il faut savoir que dans ce genre de relief accidenté, lorsqu'il y a vraiment nécessité ou urgence, les soldats se déplacent à pied.-Une telle embuscade nécessite-t-elle un nombre important de terroristes 'Pas obligatoirement. Le convoi est composé généralement de deux à trois camions, transportant chacun jusqu'à 15 militaires. Il suffit que quelques terroristes soient bien positionnés sur la crête et qu'ils visent avec leurs armes le premier véhicule pour le faire basculer dans un ravin, ou encore tirer une ou deux rafales d'armes lourdes pour faire de nombreuses victimes. Les terroristes ont bien calculé leur coup en comptant sur le relief accidenté, la nuit et l'effet de surprise. Il faut dire que les terroristes avaient un atout considérable. Les cibles étaient à bord de camions. Ce qui rend leur neutralisation très facile. Les phares de leurs véhicules éclairent la route aux assaillants, qui avaient l'avantage de l'initiative, du terrain et de l'obscurité. Il suffit de moins de dix hommes, deux ou trois pour le guet et le reste pour l'attaque. Vous savez qu'avec un fusil mitrailleur on peut tirer 90 coups en deux minutes. Les victimes n'ont même pas eu le temps de riposter ou de quitter les camions.-A votre avis, que s'est-il passé 'En fait, les terroristes ont dû remarquer un renforcement du dispositif de sécurité durant la période électorale. Ils auraient voir aussi que les troupes se déplaçaient d'un point à un autre de nuit comme de jour, certainement en gardant les mêmes horaires. Ils ont donc réuni une dizaine d'éléments pour les attendre, de nuit, au niveau d'un virage. Il n'y a pas plus simple que d'organiser ce genre d'opération. Avec un fusil mitrailleur, les cibles n'ont même pas le temps de riposter.-Lorsque vous parlez d'excès de confiance, visez-vous le commandement local ou l'état-major 'Je vise le commandement local, parce que c'est lui qui chapeaute les troupes sur place et leur donne l'ordre -ci de se déplacer d'un endroit à un autre. En fait, l'accalmie qui a régné depuis des mois en raison du bilan positif de la lutte antiterroriste dans la région a suscité une sorte d'excès de confiance chez les responsables, au point d'autoriser un déplacement de troupes de nuit, avec tous les risques que cela suppose. Le commandement de l'état-major n'agit pas de la sorte. Il connaît assez bien les risques de tels agissements.-Selon vous, quel message les terroristes ont-ils voulu lancer en tendant une embuscade meurtrière à la veille de la commémoration du Printemps berbère 'Ce qui importe aux terroristes, c'est de frapper fort et de faire le plus de victimes possible. Le seul message qu'ils veulent transmettre c'est de dire aux gens qu'ils sont encore là et qu'ils peuvent faire du mal. Ils ont subi de lourdes pertes dans leurs rangs. D'ailleurs, leurs activités sur le terrain ont été sensiblement réduites, notamment en Kabylie. Il ne faut pas oublier qu'ils ont été délogés du maquis de Sidi Ali Bounab, où ils avaient leur QG, et perdu plusieurs de leurs émirs. Durant l'année 2013 seulement, ils ont perdu une trentaine de leurs acolytes et autant cette année. Mais plus avertis, ils savent qu'il faut rester vigilant tant qu'il reste une seule arme en circulation. Ils savent aussi que ce genre d'attentats est prévisible et peut faire oublier toutes les victoires en raison de l'onde de choc qu'il provoque au sein de la population et dans les rangs des militaires.Donc il ne faut pas lier cette embuscade à un quelconque événement politique, mais plutôt à l'excès de confiance des responsables locaux. Un groupe de terroristes qui n'était pas loin a remarqué la présence des militaires. Quelques jours de guet ont suffi pour déceler une opportunité favorable. Ils ont tendu l'embuscade. Ils savent très bien que les opérations de recherche ne peuvent être lancées qu'au lever du jour. Après 8 heures de marche, ils sont déjà à une quarantaine de kilomètres de la zone.-Après une telle embuscade, y a-t-il un dispositif particulier à mettre en place 'En réalité, une embuscade de nuit est toujours perçue comme le pire des coups à subir. D'abord par les pertes qu'elle occasionne, mais aussi en raison des difficultés à retrouver les assaillants. Il faut attendre le lever du jour et procéder à des recherches par cercles concentriques. Nous savons que les terroristes ont la capacité de marcher. Nous retrouvons souvent les traces qui permettent d'avoir un point de départ. De toute façon, dans ce genre de situation, une enquête est ouverte par le commandement de l'état-major pour situer les responsabilités des uns et des autres dans cette erreur d'appréciation du terrain. Il y aura certainement des coupables et donc des sanctions à leur encontre.




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