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Fronton
Son nom viendrait de l'Antiquité, «Medix», qui serait issu du latin «ad médias», c'est-à-dire «à mi-chemin». C'est que notre Médéa l'est vraiment, entre le rivage méditerranéen et les Hauts-Plateaux, entre le Tell et le Sahara. Une toponymie parlante du point de vue géographique et intéressante du point de vue du sens : être au milieu, position toujours plus avantageuse qu'en bordure. Et, sur ce point au moins, footballeurs et joueurs d'échecs sont unanimes.Dans les années noires pourtant, Médéa s'était retrouvée au bord du précipice, dans un sinistre néant où rôdaient peur et désespoir. Peut-être plus qu'ailleurs, encore que le malheur, hélas, s'avère plus partageur que le bonheur. Pourquoi parler de cette ville aujourd'hui ' Eh bien tout simplement parce qu'elle commence à faire parler d'elle.Et autrement qu'en une bourgade d'altitude décrépie. La semaine dernière, le Musée des arts et traditions populaires de Médéa était l'invité de celui du Bardo, à Alger, pour une découverte de l'art culinaire et des traditions de la région. En quatre années, ce petit musée a su attirer l'attention. Le mois dernier, il organisait en ses murs la seconde édition de la fête du pain, intitulée «Khobz bladi, l'art du pain». Il avait également accueilli de belles expositions, comme «L'art de vivre dans les patios» ou l'histoire de Essebat, la chaussure traditionnelle.Bref, ce musée bouge et s'efforce visiblement, faute d'une riche collection, d'avancer en creusant dans les sillons du patrimoine immatériel. Ce frémissement médéen, porté en partie par la maison de la culture Hassen El Hassani, apparaît également dans le Festival national du théâtre comique. Comme aurait pu le dire le poète des calembours, Abderrahmane Lounès, il fallait bien que le titre rît? (Désolé, mais j'aime ce jeu de mots).Neuf éditions déjà avec des moyens modestes, pas toutes de haut niveau, mais qui viennent mettre en valeur une denrée si rare dans notre pays depuis le défunt Festival du rire de Bou Ismaïl emporté par la crue de 1988. L'université Yahia-Farès n'est pas en reste. Elle dispose désormais de cinq facultés où l'on compte quelques pôles de recherche intéressants et elle multiplie les initiatives comme, cette année, une rencontre sur la sécurité alimentaire et une autre sur l'?uvre de Mostefa Lacheraf en préparation.Mis bout à bout, ces signes et d'autres indiquent un effort de désenclavement culturel que quelques villes de «l'intérieur» connaissent aussi. Certes, Médéa n'est pas l'empire du Milieu, mais ce n'est plus le désert de Gobi. L'esprit de Mohamed Bencheneb (1869-1969), fils de la ville, éminent érudit et polyglotte, premier Algérien titulaire d'une chaire magistrale à la faculté d'Alger, parviendra-t-il à rayonner sur cette ville effectivement du milieu ' Au milieu de la poussière d'un passé pas si lointain et une vitalité culturelle naissante.




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