Algérie - Revue de Presse


Même si l?air du temps nous pousse à l?amnésie généralisée, à une semaine de la commémoration du trente-quatrième anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures, n?oublions pas le foudroyant mot du colonel Boumediène en réponse à la menace de boycott des multinationales : « Oui, notre pétrole est rouge, rouge du sang de nos martyrs. » La propagande change sans cesse de couleur et ses moyens disposent d?une large palette pour frapper les esprits ; et non pas les alimenter dans leur capacité de libre arbitre et de droit à la citoyenneté. L?histoire de la postindépendance algérienne est ainsi émaillée de versions dures, abruptes, bourrant des heures durant des dizaines de milliers d?auditeurs parqués dans les stades et des millions en leur foyer, via radio et télé. La propagande nouvelle est arrivée. C?est ce que, d?un néologisme, les Anglo-Saxons appellent infotainment. Une mixture de produits dans un article où le corps d?une page, comme dans une émission radio télé, d?information, de pub et de divertissement ; diversité noyant l?essentiel, en réduisant à des clips les messages. Le tout étant censé apaiser les auditoires, couper court à la réflexion, a fortiori à l?esprit critique des récepteurs du message. Tenez, en illustration, nous avons eu cette semaine une tornade de discours rassurants, pas seulement du porteur du projet de loi sur les hydrocarbures, mais aussi du « boss » de l?UGTA et aussi de Sa Majesté Bouteflika, avec un titre qui a fait la une des journaux et bien sûr de l?audiovisuel gouvernemental : « Les privatisations ne se feront pas au détriment des travailleurs. » Aux mots d?exorcisme face aux incertitudes sinon périls, comme de juste, sont venues s?accrocher en gras des infos effets d?annonce : tous ces contrats d?hydrocarbures arrachés justement maintenant - avec l?Allemagne, la Libye et aussi le lointain Mexique. Les couleurs de la propagande correspondent en fait aux jeux des dominants du moment. D. R. Dufour (L?Art de réduire les têtes, Ed. Denoël) nous en indique l?actuelle version mondialisée : « La grande force de l?idéologie du néolibéralisme par rapport aux précédentes tient à ce qu?elle n?a pas commencé par viser l?homme lui-même aux moyens de programmes de rééducation et de coercition. Elle s?est contentée d?introduire un nouveau statut de l?objet, défini comme simple marchandise, en attendant que le reste s?ensuive : que les hommes se transforment lors de leur adaptation à la marchandise, promue dès lors comme seul réel. »



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