Algérie

France - Libye



Kadhafi, « l?encombrant » invité de Paris L?arrivée dans l?Hexagone d?un homme, considéré naguère comme le pourvoyeur du terrorisme international, a déclenché une grande polémique au sein de la classe politique française. Ainsi, François Bayrou a jugé cette visite d?« indigne ». Le président du Modem (mouvement démocrate) a appelé les démocrates et les républicains à exprimer leur réprobation devant la politique extérieure de Nicolas Sarkozy. « Le dictateur libyen, qui s?est rendu coupable d?actes de terrorisme parmi les plus cruels des dernières décennies et de prises d?otages avec les infirmières bulgares, ne doit pas être honoré par la France », a-t-il déclaré. Même tonalité dans les propos du philosophe Bernard Henry Lévy qui s?est dit, hier sur la radio RTL, « choqué » par la venue du chef de l?Etat libyen. « Que Nicolas Sarkozy et Cécilia aient libéré les infirmières bulgares, c?était magnifique. Qu?un homme ait droit à sa rédemption, comme dit M. Lewitt, naturellement. Mais pas comme ça. Pas quelques semaines après cette espèce de braquage diplomatique qu?était cette affaire des infirmières bulgares. C?est honteux. » Idem aussi pour l?ex-candidate du Parti socialiste à la présidentielle, Ségolène Royal, qui a trouvé « choquant que le dirigeant libyen soit accueilli en France ».De son côté, Amnesty International a rappelé hier à M. Sarkozy qu?il reçoit « un dictateur ». Dans un communiqué rendu public, l?organisation non gouvernementale a espéré que « les relations que le président français compte consolider avec la Libye ne doivent pas occulter les violations graves des droits humains qui persistent dans ce pays ». Cette déclaration a été accueillie favorablement par un mouvement d?opposition libyen cité par l?AFP, mais sans donner son nom. Celui-ci a exhorté Sarkozy à ne pas sacrifier le désir de démocratie du peuple libyen pour des accords commerciaux. « Les choses vont de mal en pis en Libye. Rien n?a changé qui justifie un tournant à 180 degrés de l?attitude du gouvernement français vis-à-vis de Tripoli », a avoué un membre de l?organisation installé à Dubaï, aux Emirats arabes unis. Attentif à la polémique et conscient des enjeux de la visite de Kadhafi en France, le président français a voulu taire les critiques, en justifiant la visite de Kadhafi. « Si nous n?accueillons pas des pays qui prennent le chemin de la respectabilité, que devons-nous dire à ceux qui prennent le chemin inverse », a commenté le président français en marge du sommet euro-africain à Lisbonne. Et d?ajouter : « Je souhaite que cette visite soit un succès, que nous arrivions à signer un certain nombre d?accords économiques. Avec M. Kouchner, nous arrivons à obtenir des contrats sans jamais reculer d?un centimètre sur les convictions qui sont les nôtres. » Samedi, à Lisbonne, le président français a assuré à son homologue libyen qu?il était « très heureux de le recevoir à Paris ». Le président de la commission étrangère de l?assemblée nationale Axel Poniatowski (UMP) lui a emboîté le pas. Il a estimé que « l?invitation de Kadhafi entre dans le cadre de la realpolitik et vise à ne pas marginaliser ce pays ». « C?est pour moi de la realpolitik. Kadhafi, ce n?est pas vraiment ma tasse de thé. Je n?oublierai jamais que la Libye est un Etat terroriste (?), en même temps, depuis 15 ans, la Libye a donné des gages à la communauté internationale en réintégrant petit à petit un processus d?apaisement. » Dans le chapitre économique, plusieurs contrats commerciaux seront signés par les deux parties. Il est prévu l?achat par la Libye de plus de 3 milliards de dollars d?Airbus, d?un réacteur nucléaire nouvelle génération et de nombreux avions de combat de type Rafale, une fois les négociations arrivées à terme. Inversement, les entreprises françaises, selon le fils du leader libyen, Saïf Al Islam, ont également de nombreux marchés en Libye. On peut citer, entre autres, la construction du nouvel aéroport à Tripoli et la conclusion de contrats dans le domaine de l?environnement. « La Libye sera un pays moderne, avec des infrastructures modernes, un PNB élevé. Ses citoyens auront le meilleur niveau de vie de la région. Nous devons être un pays fort, heureux et riche », avait répondu le fils du guide dans une interview accordée au Figaro samedi dernier. Mais en attendant ce passage vers la modernité, le président Kadhafi a décidé de planter sa tente bédouine dans le magnifique jardin de l?hôtel Marigny pour accueillir ses hôtes et observer les lumières étincelantes de Noël. Cinq jours de contemplation pour un invité jugé « encombrant ».





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