Algérie

France-Algérie



Entre nostalgiques et rentiers Premier partenaire commercial de l?Algérie, malgré la poussée d?autres partenaires économiques depuis la diversification du commerce extérieur algérien ces dernières années, la France continue à être le premier fournisseur de l?Algérie loin devant l?Italie. Le total des échanges algéro-français, pour les dix premiers mois de l?année 2005, sont de l?ordre de 7,47 milliards de dollars US, soit une hausse de 13,6% par rapport à la même période de 2004, alors que l?Algérie a importé de France pour la même période environ 3,84 milliards de dollars US. Lors du colloque Ubifrance-Medef International tenu à Paris dernièrement sous le thème « L?Algérie : ouverture du marché, tonicité de la croissance et politique volontariste de grands projets », les patrons algériens du FCE et du CEIMI ont tous relevé « la surestimation » du risque Algérie par les entreprises françaises, accusées de « frilosité » à chaque fois qu?il s?est agi du marché algérien. Même si le responsable de la mission économique à l?ambassade de France à Alger à quelque peu « relativisé » cette frilosité en assurant que ces dernières sont de plus en plus présentes en Algérie, Pierre Mourlevat a tout de même relevé que l?Algérie était le seul pays de la rive sud de la Méditerranéen - à l?exception, dit-il, de la Libye pour des raisons évidentes d?embargo - à ne pas être membre de l?OMC, alors que des pays voisins l?ont fait il y a plus de dix ans. Même si certains entrepreneurs français ont relevé la poussée de la Chine, « qui est un fait notable dans la structure du commerce international de l?Algérie », pour Pierre Mourlevat, l?Algérie a besoin surtout de la mobilisation des bureaux d?études et de l?expertise française pour « accompagner » l?Algérie dans son plan de relance 2005-2009 d?un montant de 55 milliards de dollars US. Comme il a mis l?accent sur « l?explosion de la consommation en Algérie, notamment chez les couches moyennes », citant le cas de la téléphonie mobile. « Les trois opérateurs de la téléphonie mobile ont étés surpris par le dépassement de leurs business-plan vu l?ampleur des achats des Algériens du mobile », a-t-il indiqué. « Vous avez vos nostalgiques, nous avons nos rentiers » Le forum des chefs d?entreprises a exprimé le souhait que les échanges commerciaux entre les deux pays continuent à se développer. Le FCE par le biais de son président Omar Ramdane a affirmé attendre « plus d?investissement de la part des entreprises françaises ». Citant comme exemple le projet d?un « pont logistique intégré » initié par des promoteurs algériens pour relier les deux rives de la Méditerranée de l?ouest, le président du FCE a indiqué que le projet, initialement orienté vers l?Espagne, s?étend désormais au Languedoc-Roussillon, notamment au port de Sète, et dit espérer qu?il facilitera l?implantation d?entreprises françaises en Algérie. Considérant que le contexte économique en Algérie est « extrêmement favorable », et ce grâce à un marché immense que les investissements publics ouvrent à l?initiative des entreprises et, entre autres, à la garantie de la solvabilité extérieure que procure des prix élevés du pétrole, Omar Ramdane a considéré que le programme d?équipement public, de 55 milliards de dollars US, à travers le plan complémentaire de soutien à la croissance ainsi que la mise en ?uvre de l?accord d?association avec l?Union européenne depuis le 1er septembre 2005 constituent deux événements majeurs à même de conforter considérablement le climat des affaires dans le pays. Le premier vice-président du FCE, Reda Hamiani, et président du groupe Eponyme, résumera, on ne peut mieux, la sollicitation algérienne à plus d?investissements de la part des entreprises françaises. « Nous ne voulons pas être un pays de la rente pétrolière ni un comptoir commercial », a-t-il dit. Pour sa part, et avant d?inviter solennellement la présidente du Medef à venir en Algérie, Omar Ramdane a répliqué à l?intention du patron français dans son speech improvisé lors d?un dîner offert à la délégation algérienne : « Vous avez vos nostalgiques, nous avons nos rentiers. » Pour Omar Ramdane, « le marché algérien est le meilleur marché dans la région pour les entreprises françaises ». Faisant partie du panel, le président du groupe SIM, Abdelkader Taieb Ezzraimi, président du CEIMI, a, quant à lui, tenu à apporter un témoignage de terrain sur le dossier des privatisations, dont son groupe s?est porté dès le début candidat-acquéreur. Pour lui, le programme lancé en 2002, caractérisé par l?absence de dispositif de mise en ?uvre, n?a permis aucune vente, citant, entre autres contraintes, le paiement cash et sans recours au crédit bancaire. La vente, a-t-il ajouté, devra se faire en un seul lot de toutes les unités appartenant à une même filière. Caffarelli : « Il faut y aller » Des procédures allégées et contraintes corrigées, selon le président du CEIMI, pour qui le processus était arrivé à maturité en 2004, citant sa prise de possession effective à partir du 24 janvier 2005, soit, précise-t-il, 3 mois après le début des négociations, des deux unités de production d?eau minérale naturelle gazeuse Ben Haroun et Mouzaïa. Le président de la Chambre de commerce française en Algérie dans son intervention a résumé le climat des interventions et des débats, en lançant à ses compatriotes : « Tout a été dit, alors je vous dit simplement : il faut y aller ! » Considérant que l?Algérie n?est plus « la chasse gardée » des Français, il ironisera à l?adresse des patrons français : « Si quelqu?un vous dit que c?est impossible, donc vous n?êtes pas avec la bonne personne. » C?est ce que confortera d?ailleurs l?avocat Samy Laghouati, qui en abordant le cadre juridique des investissements en Algérie a estimé qu?« il n?y a plus rien à attendre de nouveau, mais des ajustements et des améliorations de ce qui a été fait ». Et d?affirmer que le cadre juridique ne peut être une raison pour ne pas accentuer leur présence en Algérie. Mais le délégué général aux affaires internationales Suez et président du comité Algérie du Medef International ; Yves-Thibault de Silguy, face à des patrons algériens qui expriment à l?unisson plus d?investissement en Algérie, dit ne pas sous-estimer la présence française en Algérie. Une présence, dit-il, diversifiée et des entreprises qui emploient quelques 6000 personnes. Il préconisera comme première étape d?attirer les entreprises françaises « sans les pousser à investir en attendant qu?elles passent aux grands projets d?investissement « . Slimane Aït Yala, le patron de Bya-Thompson Electronic, membre du Medef et du FCE, dit ne pas comprendre, pour sa part, l?annonce de la fabrication de la Logan au Maroc alors que le marché algérien est dix fois plus important en termes de commerce que le marché marocain. Pour lui, l?entrepreneur français, « même si elle vend dix fois plus en Algérie, préfère tout de même fabriquer au Maroc. « Même chose d?ailleurs pour les produits pharmaceutiques. Les gens vendent en Algérie, mais fabriquent en Tunisie », a-t-il assené. Pour Slimane Aït Yala, rien n?explique cet attentisme de la part des Français. « On a parlé de situation sécuritaire difficile, et grâce à Dieu, cela est derrière nous. Les entreprises françaises ont eu une chance inouïe grâce au programme de la reconversion de la dette, ce qui leur donne de l?argent à moindre coût, avec des financements importants ; nous sommes un pays dont les finances, du moins pour les dix années à venir, sont stables, donc je ne vois vraiment pas pourquoi les entreprises françaises ne s?impliquent pas. Toutes les conditions sont réunies pour qu?elles viennent », a-t -il estimé. Pour lui, les patrons français optent pour la facilité. « C?est plus facile de vendre, et ils ont cette facilité en Algérie. » Loin de nier cependant les contraintes que rencontrent les investisseurs en Algérie, Il confiera : « J?ai un ami patron d?une grosse entreprise qui fait partie du Cac 40, qui ne comprend pas comment peut-on investir dans un pays où l?économie est liée à la loi de finances. » Et chaque année elle change. Et il a raison, dit-il. Pour le PDG de Bya-Thompson Electronic, un investissement qualitatif nécessite dix ans pour qu?il puisse devenir rentable. « Et malheureusement, pendant cette période, dit-il, il y a dix lois de finances qui peuvent changer tout. Des lois qui peuvent arrêter le produit fabriqué, le taxer, surtaxer, détaxer, etc. Donc, quand on investit sur dix ans, on a besoin d?une visibilité économique. La législation doit accompagner l?investissement et non pas changer chaque année. Il faut qu?il y ait une loi sur l?investissement qui garantisse à moyen terme la stabilité des lois. »



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