Algérie

FLN-FFS : alliance contre nature ?



Alors que le rapprochement entre le FLN et le FFS n?est plus qu?une question de formalité, dans le contexte des partielles en Kabylie, le secrétaire national chargé de la communication du parti d?Aït Ahmed a tenu à apporter des clarifications en parlant d?« arrangement arithmétique » au lieu d?alliance politique. Si pour ce dernier donc, le regroupement des voix pour s?assurer la majorité confortable manquante à la tête des Assemblées élues n?est qu?une affaire de comptabilité, il serait peu probable que dans le camp de l?ancien parti unique, on se situe sur la même longueur d?onde. La raison est que l?art de la sémantique dont fait preuve le FFS pour éviter de donner aux mots leur vrai sens ne peut dissimuler un paradoxe aussi flagrant sachant que d?un côté il insiste sur le fait « d?avoir rendu le champ politique très visible » et de l?autre il ramène le défi de la gouvernance locale à une responsabilité purement administrative. On se demande comment, pour faire ?uvre commune, pourraient s?associer les deux partis en dehors de la politique, surtout lorsqu?on sait que le rapprochement est une option nécessaire à leur stratégie de redéploiement dans la région. L?enjeu étant d?avoir la mainmise sur les exécutifs aussi bien des APC que des APW en situation de ballottage, qui donc du FLN ou du FFS réussira à « doubler » l?autre dans le cadre de cette coalition qui ne dit pas son nom, tout en préservant les apparences. En d?autres termes, c?est le compromis qui s?avère incontournable pour inciter l?un à accepter de s?effacer au profit de l?autre dans une conjoncture fondamentalement politique où les deux ont besoin de s?affirmer comme étant le courant dominant du moment. A ce jeu, on comprend le refus du FFS à lâcher du lest après avoir accompli le plus dur, c?est-à-dire à configurer ses territoires, même si à Aïn El Hammam il a subi un revers plus que symbolique qui confirme que dans une élection ouverte à tous les imprévus, rien n?est acquis d?avance. Et comme au FLN la consigne est d?avancer lentement mais sûrement sans faire la moindre concession qui puisse remettre en cause la crédibilité du parti, il est fort à parier que ces « alliances » aussi arithmétiques soient-elles se feront dans la douleur, le consensus étant très difficile à se réaliser. Toutefois, s?il y a un dénominateur commun sur lequel les deux partis pourraient s?entendre sans avoir à se méfier de l?autre, c?est bien l?isolement du RCD qui représente, pour eux, un trublion qu?il faudrait neutraliser coûte que coûte. Tout indique que cette conjonction d?intérêt entre le FLN et le FFS reste centrée sur la marginalisation politique de Saïd Sadi en le privant, autant que possible, des espaces où son influence peut s?exercer. En Kabylie, où l?on parle avec insistance de la réhabilitation du politique, le terrain de la confrontation n?a jamais été aussi sournois, avec un jeu d?alliances contre nature qui risque de sacrifier sur l?autel de l?ambition partisane la confiance des électeurs-citoyens en attente d?une prise en charge réelle de leurs préoccupations quotidiennes. Ainsi, le FLN et le FFS auront la charge d?assumer leurs choix historiques dans une région qui sait désormais séparer le bon grain de l?ivraie. Si leur collaboration dans le fameux contrat de Rome a échoué, leur entente devant les nouveaux défis qui les interpellent laisse de nombreux observateurs sceptiques.
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