
En Algérie, la falsification de certificats médicaux représente un problème récurrent qui mine la confiance dans le système de santé et expose les citoyens à des risques graves, comme des diagnostics erronés ou des absences injustifiées au travail. Ces pratiques, souvent motivées par des absences scolaires ou professionnelles fictives, des fraudes aux assurances ou même des escroqueries aux pensions, sont facilitées par des failles dans la vérification des documents. Mais comment cela est-il possible dans un pays doté d'une législation stricte ? Et quelles sont les sanctions appliquées ? Cet article explore les mécanismes de ces fraudes, les cas recensés récemment et les peines encourues, en s'appuyant sur la loi n° 24-02 du 26 février 2024 relative à la lutte contre le faux et l'usage de faux.
La fabrication de faux certificats médicaux en Algérie repose sur plusieurs vulnérabilités structurelles et humaines. D'abord, l'absence généralisée de numérisation : la plupart des certificats sont encore émis sur papier, sans codes QR ou signatures électroniques vérifiables en temps réel, ce qui facilite les modifications via des outils simples comme le "blanco" ou des logiciels de retouche. Ensuite, la complaisance de certains praticiens ou "faux médecins" : des individus sans diplôme usurpant la qualité de médecin prodiguent des "soins" à domicile et émettent des documents falsifiés contre une rémunération modique (souvent 500 à 2000 DA). Ces acteurs opèrent dans l'ombre, via des réseaux informels relayés sur les réseaux sociaux ou dans les quartiers populaires.
Enfin, les faiblesses institutionnelles aggravent le problème. Les contrôles sporadiques des ordres des médecins ou des services de gendarmerie ne couvrent pas tous les cabinets privés, et la corruption chez certains fonctionnaires municipaux permet la délivrance de certificats de complaisance pour des fraudes connexes, comme les pensions de retraite. Selon des experts en médecine légale, ce "comportement sociétal dangereux" – pour reprendre les termes du ministre de la Justice Abderrachid Tabi en 2023 – est amplifié par l'économie informelle, où 30 % des transactions échappent à la traçabilité. Malgré les efforts de modernisation via la plateforme eSanté, le passage au numérique reste lent, laissant la porte ouverte à ces abus qui coûtent des millions de dinars au Trésor public en arrêts maladie fictifs.
Les affaires de falsification de certificats médicaux font régulièrement la une des médias algériens, avec une augmentation notable depuis l'entrée en vigueur de la nouvelle loi en mars 2024. Voici un aperçu des cas les plus emblématiques recensés ces 18 derniers mois :
| Cas Récents | Lieu et Date | Détails | Conséquences Immédiates |
|---|---|---|---|
| Fausse doctoresse | Bir Mourad Raïs, mars 2025 | Soins à domicile + certificats falsifiés pour absences | 50 victimes identifiées ; réseau démantelé |
| Fraude pensions | Aïn Benian, juin 2025 | Certificats de vie pour défunte (2010-2025) | 3M DA détournés ; 5 ans requis |
| Certificats étudiants | Oran, nov. 2024 | 200 faux pour examens | Médecin suspendu ; site fermé |
| Atelier falsification | Blida, mai 2025 | Pour assurances | 15 arrestations ; saisie d'équipements |
La loi n° 24-02 marque un tournant répressif, remplaçant les sanctions modérées de l'ancien Code pénal (loi 87-17). Elle cible spécifiquement les faux en santé publique, considérés comme des délits aggravés en raison de leur impact sur la sécurité collective. Les peines sont dissuasives et proportionnées à la gravité :
Dans les cas cités, les peines requises ont été appliquées rigoureusement : 4 ans ferme pour la fausse doctoresse de Bir Mourad Raïs, et 5 ans pour les fraudeurs d'Aïn Benian, avec confiscation des gains illicites. La loi prévoit aussi un casier judiciaire spécial pour les faussaires, interdisant l'accès à des emplois publics, et des sanctions pour les personnes morales (cliniques complices) allant jusqu'à 20 millions DA d'amende.
Malgré ces avancées, les experts appellent à une numérisation accélérée des certificats via MyHealth DZ et à des formations pour les médecins sur la déontologie. Le ministère de la Justice a annoncé en septembre 2025 une campagne nationale de traque aux faussaires, avec 200 enquêtes en cours. En attendant, un conseil simple : vérifiez toujours l'authenticité de vos documents auprès de l'Ordre des médecins. La santé n'est pas un jeu, et la loi algérienne veille désormais au grain.
Sources : Basé sur des rapports officiels et enquêtes journalistiques récentes. Pour plus de détails, consultez le Journal Officiel n° 18 du 29 février 2024.
Posté par : medical13
Ecrit par : Rédaction