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«Falastine echouhada !»



«Falastine echouhada !»
L'ampleur du massacre qui est en passe de transformer Ghaza en un immense charnier à ciel ouvert a ému, bouleversé, scandalisé les justes du monde entier. Depuis le début de cette entreprise génocidaire, les manifs pro-palestiniennes se multiplient un peu partout pour dénoncer la machine de guerre israélienne broyant tout sur son passage. En Algérie, indépendamment de quelques communiqués émus, la «rue» est restée muette.Le sentiment qui se dégage est celui d'une impuissance généralisée confinant à la paralysie. Certes, en privé, la grande majorité de nos concitoyens sont meurtris dans leur conscience et dans leur chair face aux images insoutenables de ces enfants déchiquetés, ces corps décapités, ces maisons pulvérisées, ces cités éventrées, ce spectacle de chaos sanguinolent semé sans discernement par les troupes de Netanyahu, bourreau cynique et sans c?ur qui n'a rien à envier à Eichman. En famille, au travail, au marché, sur les réseaux sociaux ou à la table du f'tour, la souffrance du peuple palestinien est sur toutes les lèvres.L'empathie est totale. Mais est-ce que cette colère muette, ces marques de compassion rentrées, suffisent-elles à dire notre solidarité ' Las, il y a cette impression que la réaction populaire et citoyenne est globalement tiède. On peut toujours se consoler en se disant que l'Algérie a été prompte, comme à son habitude, à condamner les massacres, à interpeller les instances internationales et à renouveler son attachement inconditionnel à la décolonisation de la Palestine. Toujours est-il qu'il nous manque quelque chose dans cette posture. Il manque cette «variété» de soutien qui vient du c?ur de la société.Qui vient du peuple, loin des calculs diplomatiques et de la langue de bois onusienne. Et seul un investissement massif de l'espace public pour crier son indignation est à même de faire entendre la voix du peuple algérien. Des initiatives citoyennes et politiques sont annoncées pour tenter de réanimer le corps social. Et, alors que la situation s'empire sur le terrain avec ce déferlement de bombes et de haine sur Ghaza, nous assistons à un discours sidérant sur la disponibilité du gouvernement à autoriser des manifs de solidarité avec Ghaza, y compris dans la capitale, comme s'il s'agissait d'une faveur.Ce débat à lui seul résume le temps et le chemin perdus. Ghaza est en voie d'être exterminée et l'on en est encore à pinailler sur l'opportunité ou non de laisser le bon peuple crier «Falastine echouhada !». Entre un régime pressé de sortir la matraque à la moindre jacquerie et une classe politique laminée à force de passer sous les fourches caudines de l'autoritarisme, les Algériens ont fini par intérioriser l'interdit et cultiver le fatalisme. Et l'on se retrouve avec une citoyenneté cassée. Bafouée.Une société civile amorphe. Est-il besoin de rappeler que c'est à Alger que Yasser Arafat proclama la naissance de l'Etat palestinien un certain 15 novembre 1988 ' Est-il besoin de rappeler notre longue tradition de soutien à la cause palestinienne, et ce, à tous les compartiments : financier, militaire, diplomatique, éducatif, etc. ' L'Algérie doit retrouver son rang. Reprendre l'initiative. Les Algériens se doivent de réinvestir leur destin, se réapproprier leur mémoire et leurs gestes de résistance. Ghaza brûle. Agissons !


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