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Alger, nouvel eldorado des réfugiés nigériens



Alger, nouvel eldorado des réfugiés nigériens
Moussa est un Subsaharien que les conditions de vie ont obligé à quitter son pays. Les réfugiés africains sont des milliers aujourd'hui en Algérie.Les réfugiés sont présents sur les grandes artères de la capitale et des principales villes du pays. Ils sont généralement accompagnés de leurs enfants. Moussa est Nigérien. La cinquantaine, barbichette blanche, chéchia sur la tête, vêtu d'un kamis traditionnel, il parcourt les rues d'Alger à la recherche d'un moyen de subsistance. On l'aperçoit souvent au quartier du 1er Mai. Joyeux et sympathique, il raconte son parcours, de son village situé au nord du Niger jusqu'à Alger.Il est certes difficile d'entretenir la discussion vu que Moussa ne parle ni l'arabe ni le français. Et nous, nous ne parlons pas le haoussa, sa langue maternelle, utilisée dans la bande sahélo-sahélienne. Père de plusieurs enfants qu'il a laissés au Niger, Moussa essaye d'expliquer que la vie dans son pays est devenue très difficile. Avec la sécheresse, l'instabilité politique et le peu de perspectives, il lui était devenu impossible de rester dans son village. La solution était donc l'exil. Avec la fermeture des frontières européennes, Moussa a choisi «naturellement» l'Algérie et plus particulièrement Alger, qu'il considère comme «extra».La présence de Moussa dans la capitale est récente. «Pas plus d'une année», tente-t-il de dire. C'est un nouveau dans la ville, mais il arrive à s'en accommoder. Il cherche un emploi. Pari difficile. Travailler dans les chantiers de construction ne semble pas la meilleure option. Moussa n'a pas l'air en bonne santé. Il est plutôt amoindri. Sur son visage, même souriant, les traces de la fatigue et d'une vie dure sont visibles. Il n'a pas consulté de médecin.Présentement, Moussa ne rencontre aucun problème à Alger. Bien au contraire, il trouve que les gens sont cordiaux avec lui. Il ne sent pas de regard méprisant. Il estime que les Algériens sont gentils. On ne lui refuse presque rien. Durant ce mois de Ramadhan, il se sent presque comme chez lui. Les restaurants de la Rahma ne ferment leurs portes à personne. Son gîte est situé près d'une mosquée d'Alger-Centre, où il retrouve des compatriotes. Il renoue avec l'ambiance du pays.Moussa est très pieux. A chaque fois qu'il termine de parler, il invoque Dieu. Il ne cesse de répéter «La Ilaha Illah Allah». «Mon destin est décidé par Dieu», essaye-t-il de dire. Et d'ajouter : «Je ne reconnais dans cette vie que Dieu. Le reste ne dure pas.» Moussa, chef de famille, pense à sa famille. «Mes enfants me manquent», affirme-t-il, il veut les revoir. Mais avant cela, il veut arranger la situation financière de la famille, peut-être qu'il trouvera un emploi et pourra épargner pour lancer son propre projet dans son pays.C'est son espérance. Il veut continuer à résister, car le chagrin l'emporte parfois. Pour le moment, le peu d'argent qu'il arrive à réunir, il l'envoie au village. Il existe bien entendu des circuits très anciens, en Algérie, par lesquels les ressortissants subsahariens peuvent envoyer de l'argent à leurs familles. Moussa est un Subsaharien que les conditions de vie ont obligé à quitter son pays. Ils sont des milliers aujourd'hui en Algérie, abandonnés à leur triste sort. Leur présence est de plus en plus visible ces derniers mois. Ils sont Maliens et Nigériens principalement, mais aussi Guinéens, Sierra-Léonais et Camerounais.Ce sont d'abord les villes de Ouargla, Ghardaïa et Laghouat qui accueillent en masse ces réfugiés qui ont commencé à affluer vers le Nord. Mais la situation des réfugiés subsahariens ne change guère. Ils sont toujours livrés à eux-mêmes, parcourant les rues dans l'inconnu. Ils dorment sur des cartons dans les grandes villes. Ils arrivent à éviter la faim grâce à la générosité des citoyens et des associations. Mais ce triste sort ne peut être éternel. Il est évident qu'une prise en charge est nécessaire, notamment au niveau étatique et pas seulement communal. L'image du pays en dépend. Les autorités ne peuvent continuer à ignorer les Subsahariens abandonnés. Il ne s'agit pas d'assistance, c'est une question humanitaire fondamentale, non négociable.







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