Algérie

Faites-nous rêver M. Ouyahia !



Avec cet art consommé de la persuasion qui le caractérise, Ahmed Ouyahia a répondu aux questions des députés sur sa déclaration de politique générale et son plan de soutien à la relance économique qu?il s?enorgueillit de mettre en branle de façon imminente. Sa superbe assurance (à la limite de la condescendance) donne à ses réponses, récitées sur un ton de leçon magistrale en direction de ses interrogateurs, une impression de citadelle imprenable. Maniant les chiffres officiels qu?il est visiblement seul à détenir, le Premier ministre profite largement de ce qu?il devient, le temps d?une virée au Parlement, le centre d?intérêt médiatique national pour répondre a posteriori et avec éloquence aux questions des élus de la nation, régler ses comptes avec ses détracteurs sans pour autant les nommer et donner du rêve aux millions d?Algériens qui le regardent. Telle est la règle du « système démocratique » dans nos hémicycles : tu poses ta question avant et je te réponds après avoir compulsé mes dossiers. A ce jeu-là, Ahmed Ouyahia n?a pas son équivalent... Bref, donc à en croire ce dernier et pour ne retenir que l?essentiel, d?ici 2009, nous pourrons rouler d?est en ouest et d?ouest en est sur des voies routières rapides et, à cet horizon-ci, un million de familles algériennes pourront goûter aux commodités d?un logement neuf. Notre intention n?est pas de tourner en dérision les promesses du chef du gouvernement surtout, assure-t-il, que les moyens financiers de leur faisabilité existent. Mais force est de reconnaître que les Algériens ont été échaudés depuis longtemps par la désillusion de promesses non tenues de la part de leurs gouvernants successifs. Ainsi, du temps du règne de Houari Boumediène, ils se sont gargarisés de l?ambition que quelque chose de fabuleux se construisait en ce pays. Avant qu?on leur cingle, dans un élan culpabilisateur, l?échec et la fin du socialisme de la mamelle. Du temps de Chadli Bendjedid, c?est au tour de l?idée illusoire de la société d?abondance de faire son apparition sur les étals des souks el fellah. Avant que la chute du prix du baril de pétrole ne ramène dans son sillage les monstrueuses pénuries et aboutisse lamentablement au soulèvement populaire d?Octobre 88. Depuis 1999, Bouteflika aura donc signé avec son peuple un bail de dix ans entrecoupé d?une période préliminaire où le politique et la diplomatie auront pris les devants pour redorer le lustre de ce pays ensanglanté par le terrorisme. C?est ce que tout le monde a concédé au mal élu des élections de 1999... Le mieux élu de 2003 (85% de voix favorables) entame donc ce deuxième mandat en priorisant le volet économique et social dont Ouyahia sera l?enthousiaste catalyseur. En 2009, il serait mal à propos pour nos gouvernants de rater encore une fois leur rendez-vous avec leur peuple, sous peine d?emprunter non pas l?autoroute de la campagne présidentielle, mais les routes secondaires et les chemins vicinaux de l?histoire.



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