Algérie

Faciès



La mésaventure qui vient d?arriver à notre correspondante à Rome et qui a été une préoccupation médiatique ces jours derniers dans la botte italienne, n?est finalement qu?une scène ordinaire d?un racisme devenu ordinaire en Europe et ailleurs. Notre cons?ur, en prise à un comportement discourtois, à la limite de la brutalité, de policiers massifs dans les couloirs du métro de la ville éternelle, a eu « le tort » de ne pas courber l?échine et feindre la sourde oreille face au verbe provoquant et au ton vexatoire. En vérité, que ce soit à Rome ou dans les autres villes d?Europe, les scènes comme celle vécue par notre cons?ur sont légion et les personnes d?origine étrangère sont souvent brimées dans la froideur de commissariats anonymes ou dans les sombres encoignures de quelques quais de gare. Depuis le 11 septembre 2001 et, partant, les attentats ayant ensanglanté parcimonieusement la planète, depuis les vagues incessantes d?immigrants clandestins en direction du Nord et les brasiers inattendus des banlieues bétonnées de France, le délit de faciès refait son apparition au grand jour, au vu et au su des pouvoirs démocratiques locaux. La peur du terrorisme mène donc tout droit à la peur de l?étranger en général et du musulman en particulier. Et une intolérance larvée, attisée par des politiciens imbéciles, rend l?air irrespirable pour ceux que le destin a poussé à s?installer là-bas pour « manger le pain ». En fait, la levée de boucliers méritoire des médias italiens, en solidarité avec la correspondante d?El Watan, et les excuses du ministère italien de l?Intérieur donnent bonne conscience à ces sociétés que les attitudes discriminatoires semblent faussement incommoder. Mais il apparaît clair que la montée de l?extrémisme intolérant dans les pays occidentaux, qui se nourrissent, en surface, des principes nobles des libertés et des droits humains, est une réalité souterraine qui inquiète au plus haut point des populations d?origine étrangère mal intégrées. Les discours acides de Sylvio Berlusconi et les esclandres réitérées de Nicolas Sarkozy sont des départs de feu dangereux pour les communautés durablement installées sur le vieux continent. Les jeunes des banlieues françaises n?ont pas fait de l?émeute flamboyante un jeu d?enfants gâtés, mais ont tenu, contrairement à l?analyse officielle, à lancer un message revendicatif. Il est simplement traduisible : « Nos parents ont suffisamment courbé l?échine et feint la sourde oreille face aux humiliations policières et aux discriminations hypocrites de toutes sortes. Nous refusons la fatalité oppressive des générations d?immigrés. »



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