Algérie

Exigeant le paiement de 13 mois de salaire et le sauvetage de la RCATUO


Les travailleurs manifestent sous la pluie N’ayant pas été payés depuis treize mois et devant faire face aux dépenses de la fête du sacrifice, les travailleurs de la Régie communale autonome de transport urbain de la ville d’Oran (RCATUO) ont observé hier et sous une pluie battante un sit-in face au siège de la municipalité. C’est en effet sous la pluie que plus de 80 salariés de cette entreprise, jadis fleuron du transport de la ville d’Oran se sont rassemblés hier à partir de 8 heures pour réclamer le déblocage de leurs salaires et une meilleure prise en charge de leurs problèmes socioprofessionnels. Pour appuyer leurs revendications, ils ont déployé des banderoles sur lesquelles ils expriment leur ras-le-bol et leur exigence première, le paiement de leurs salaires et le sauvetage de leur entreprise que certains disent menacée de liquidation. Leur situation tendant à s’éterniser, certains de ces salariés en veulent à la presse qu’ils accusent «de ne pas avoir fait suffisamment d’effort pour sensibiliser les décideurs sur l’extrême précarité de leur situation». Pour éviter tout imprévu, d’autres travailleurs de la RCATUO, qui n’ont pas fait le déplacement à la place du 1er Novembre, anciennement appelée place d’Armes, sont demeurés au siège où ils ont déployé d’autres banderoles à travers lesquelles ils appellent à la régularisation de leur situation et au sauvetage de la régie. Pour rappel, la RCATUO est depuis de longues années entrée dans la zone de turbulences. Ployant sous une lourde dette que certaines sources évaluent à 119 milliards de centimes, dont seulement 19 représenteraient le principal et le restant le service, cette entreprise a été victime de mauvais gestionnaires. A titre d’exemple, certains de ses employés reprochent à leur administration d’avoir trop longtemps fait dans l’opacité et géré la RCATUO comme s’il s’agissait d’une affaire familiale. Les bus du genre «accordéon», achetés depuis près de 15 ans, n’ayant pas été payés à temps et le fournisseur continuant à réclamer son dû, leur prix de revient a, depuis, décuplé. Selon des sources, cette situation est davantage aggravée par la situation de la RCATUO vis-à-vis des différentes caisses qui lui réclament le paiement des cotisations qu’elle n’a pas effectuées et qui se chiffrent à plusieurs milliards de centimes. Leur sit-in coïncidant avec la réunion de l’exécutif communal, le problème a été soulevé en plénière par M. Boukhatem Noureddine, maire d’Oran. A cette occasion, le premier magistrat de la ville rappelle que pour des considérations humanitaires et afin de permettre aux salariés de la régie de faire face aux besoins de l’Aïd El-Fitr, la commune leur a versé, à titre exceptionnel, deux mois de salaires et ordonné un audit. C’est sur la base de ce document, qui vient d’être livré à la municipalité et qui sera incessamment remis au wali d’Oran, et sur celle du rapport commandé au commissaire aux Comptes et des propositions qu’il fera, que les pouvoirs publics décideront de la conduite à suivre, assure M. Boukhatem. A la mairie d’Oran, on convient que la RCATUO est victime de sa mauvaise gestion et que pour y remédier des comptes doivent nécessairement être rendus par ceux que l’audit et le rapport du commissaire aux Comptes désigneront comme responsables de cette situation. En attendant l’aboutissement de ce long processus, les travailleurs maintiennent la pression et exigent le paiement immédiat de leurs salaires. «Nous avons des familles à nourrir et ce n’est pas avec des promesses, aussi généreuses soient-elles, que nous allons calmer leur faim et les protéger du froid. Nous voulons notre argent pour la fête du sacrifice et sommes décidés à poursuivre notre mouvement jusqu’à satisfaction de nos légitimes revendications», affirment leurs représentants. Plus direct que d’autres, un syndicaliste que sa hiérarchie a souvent sanctionné pour son franc-parler, assène : «Il faut que ceux qui se sont sucrés aux dépens de l’entreprise et des travailleurs rendent des comptes et paient. Des sanctions pour la forme ne suffisent pas, il faut que l’argent et les biens qu’ils ont pris soient restitués à la régie et aux travailleurs», déclare-t-il, insensible à la pluie et au froid de canard qui s’est abattu hier sur la ville d’Oran mais qui n’a pas réussi à faire déguerpir les protestataires de la place du 1er Novembre. La fête du sacrifice étant pour samedi prochain, que feront les pouvoirs publics pour répondre, même en partie, aux revendications des 119 travailleurs?


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