Algérie

Examen dites-vous ?



Je voudrais rebondir sur l'article «A quoi servent les examens ?» paru dans vos colonnes le 2 juillet 2007 dans la rubrique «Débat», de mon collègue Ahmed Bensaada.  Je partage entièrement son point de vue sur la question et je souhaiterais apporter un complément concernant les conséquences à différents niveaux de l'organisation de ces examens. 1) Dès le début du mois de mai, nos élèves sont «libérés» de leurs établissements. Comme à ma connaissance, nous n'avons pas de structures qui permettent d'occuper sainement nos enfants pendant ces «vacances», c'est la rue qui s'en chargera avec tous les risques que vous pouvez imaginer. Quelles structures mettre en place pour pallier au suivi et à l'éducation de ces enfants ? 2) Cela représente aussi deux mois d'étude en moins. Dans le pays cité par mon collègue, les élèves sont la plupart du temps scolarisés jusqu'au 30 juin. Un simple calcul montre qu'au bout du compte, c'est presqu'une année scolaire en moins dans chaque cycle ! Est-ce que l'examen est à ce point nécessaire pour justifier cette perte de temps ? A cet égard, considérons le cas de la Belgique qui n'a pas été cité. C'est un pays proche de la France culturellement et géographiquement et pourtant les systèmes éducatifs sont relativement différents. En Belgique, aucun examen «sélectif» n'est organisé jusqu'à l'université. Tout étudiant, en sortant du secondaire, à condition qu'il ait obtenu son certificat d'enseignement secondaire, a accès aux études supérieures qu'il souhaite, sauf pour celles d'ingénieur où, un examen d'admission (et non un concours) de mathématiques est organisé et dont l'objectif est de vérifier le niveau des candidats dans cette discipline et de dissuader les «touristes». Les élèves sont en classe jusqu'à fin juin. Les examens organisés dans les établissements primaires et secondaires débutent aux alentours du 15 juin. Les conseils de classe délibèrent souverainement et se prononcent sur le passage d'un niveau à l'autre. Le titulaire de classe reçoit les parents et les élèves et leur notifie les décisions prises. Si le conseil de classe juge qu'un élève a une faiblesse dans l'une ou l'autre matière, celui-ci est sommé de repasser l'examen dans cette matière au début du mois de septembre suite auquel une autre délibération s'ensuit décidant de la réussite ou non de l'élève. Les conseils de classe ont pour mission de délibérer le cas de chaque élève et de justifier chacune de leur décision. 3) On n'a pas de mal à imaginer le budget alloué à l'organisation de ces examens et à la logistique à mettre en oeuvre: acheminement des copies, surveillances, corrections, préparations, etc... Ne peut-on pas plutôt destiner ces ressources pour équiper nos établissement en moyens humains et matériels afin d'offrir une structure pédagogique plus adaptée au développement de nos élèves et leur permettre de suivre un parcours scolaire plus congruent et cohèrent ? Comment évaluer les élèves me direz-vous ? Simplement en confiant cette tâche aux conseils de classe à partir d'un programme préétabli et précis. L'évaluation (tout un chapitre qui laisse encore beaucoup de questions en suspens!) des élèves doit avant tout se faire par leurs enseignants. On évalue par rapport à ce que l'on a défini au préalable comme objectifs d'apprentissage ou comme compétences attendues des élèves. Cela se traduit par la mise en place d'un dispositif pédagogique par des équipes. L'évaluation se doit d'ailleurs d'être pensée dès la construction du dispositif d'apprentissage dans le but de viser la «meilleure cohérence» entre les dispositifs définis et les finalités de l'évaluation elle-même. Qui est plus à même d'évaluer un élève si ce n'est son professeur ? Cela ne peut passer que par la responsabilisation des enseignants et comme le dit très justement Ahmed Bensaada, la valorisation du métier d'enseignant. N'ayons pas de scrupules à nous imprégner de pratiques pédagogiques explorées et expérimentées dans d'autres contrées quitte à les adapter à notre contexte. N'ayons pas honte d'apprendre des autres, le partage est source de richesses ! *Docteur en mathématiques, enseignant, conseiller pédagogique en mathématiques. Faculté des Sciences appliquées, Université catholique de Louvain, Belgique.



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