Algérie

1er tour de l'élection du conseil de l'ordre des avocats d'Alger : Me Sellini arrache la majorité


La cour d'Alger a connu jeudi dernier une effervescence. Les salles d'audience et le bâtonnat se sont transformés, l'espace d'une journée, en bureaux de vote dotés d'isoloirs en bonne et due forme. La campagne se poursuivait toujours, avec la distribution d'affiches par certains et l'incitation au boycott par d'autres. Le spectre de l'abstention est vraiment réel. « C'est tout à fait normal qu'il n'y ait pas un fort taux de participation, vu les circonstances qui ont abouti au renouvellement du bureau. Les gens n'ont toujours pas compris pourquoi l'élection de janvier 2008 a été annulée par le Conseil d'Etat un an après », explique maître Miloud Brahimi. Néanmoins, il est important, dit-il, que les avocats s'unissent pour élire le nouveau bureau et affronter en rangs serrés la chancellerie pour la révision du projet de loi portant organisation de la profession. « Il y a une menace évidente qui pèse sur l'avenir de la profession. Il faut que tous les confrères soient conscients de cet enjeu », note Me Brahimi. Contestataire depuis le scrutin de 2008 et auteur du recours auprès du Conseil d'Etat qui a abouti à l'arrêt portant son annulation, Me Chaoui n'est pas du même avis. Il reproche aux membres du bureau sortant, à leur tête le bâtonnier Abdelmadjid Sellini, de « recourir à des man'uvres dilatoires pour se maintenir ». Il estime que Me Sellini est, en vertu de l'arrêt du Conseil d'Etat, « sorti et non sortant, donc il n'a plus le droit d'exercer un quelconque pouvoir. Or, c'est lui qui décide de tout ; de la date du scrutin, du rejet des nouvelles candidatures, etc. ». Et de s'insurger au passage contre le fait que « la commission de préparation et de contrôle du vote soit une "coquille vide", sans pouvoir et sans siège ». Des griefs qui l'ont poussé, précise- t-il, à retirer sa candidature « en attendant de saisir le conseil d'Etat ». Des accusations que l'un des doyens de la profession, Me Bentoumi, membre de la commission de contrôle de l'élection, rejette formellement.Il tient à rappeler les motifs ayant abouti à l'annulation du scrutin de 2008 se résument en l'absence d'isoloirs, la séparation des stagiaires par rapport aux autres et enfin la non-notification du tableau de l'Ordre aux candidats et aux électeurs. « Ce sont les seuls griefs retenus. Tous les autres ont été rejetés. » Me Bentoumi explique que « le climat malsain, né des problèmes purement personnels entre certains candidats déchus et le bâtonnier, a compliqué la situation ». « Dès l'installation de la commission, nous avons appelé les membres du conseil, dont l'élection a été annulée, et ceux d'avant janvier 2008 à une réunion pour leur demander de s'entendre sur une démarche parce que nous sommes mis dans une situation unique non prévue par les textes. Le conseil d'avant janvier 2008 n'existe plus et celui qui lui a succédé a été annulé. Le bâtonnier sortant n'a d'autres prérogatives que de gérer les affaires courantes. D'où la nécessité d'élire rapidement un nouveau bureau », précise-t-il. Me Bentoumi ne manque pas d'attirer l'attention sur les conséquences d'une telle situation de paralysie : des dizaines d'avocats attendant leur inscription et des dizaines d'autres leur exeat. « Il n'était pas question d'attendre plus longtemps ; c'est pour cela que les demandes de report du scrutin ont été rejetées.Notre seule préoccupation est que le barreau ait son bureau le plus rapidement possible. Certains disent que le tableau de l'Ordre comporte des erreurs, nous leur disons que seul le conseil a le droit d'apporter les corrections qu'il faut. Alors faisons en sorte que ce conseil soit élu. La loi ne prévoit aucun délai pour la préparation du scrutin, mais nous nous rapportons souvent aux autres opérations électorales pour lesquelles une période de 45 jours est prévue. Depuis janvier, cela fait plus de deux mois. » L'ancien bâtonnier s'insurge contre les accusations de manipulation à l'encontre de la commission dont il est membre. « Nous ne sommes pas là pour défendre les intérêts de Me Sellini, mais parce qu'il y a un projet de loi qui va mettre à mort les moyens avec lesquels s'exprime le droit à la défense du justiciable. Nous sommes là parce que la profession que nous exerçons depuis plus de 40 ans est dangereusement menacée. C'est cela l'enjeu principal de ce scrutin et nous espérions que les confrères en soient conscients. » En début d'après-midi, Me Bentoumi semblait « satisfait » du taux de participation qui avait atteint, à la fermeture des bureaux, vers 15h30, plus d'un tiers des votants, soit 1395 sur 3900 inscrits avec 1320 bulletins nuls. Me Sellini s'en sort avec une majorité des voix exprimées, soit 796 voix. Jeudi prochain se décidera la phase finale avec un deuxième tour du scrutin.


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