Algérie

Émigration clandestine : Boukadir vidée de ses enfants


Boukadir, chef-lieu de Daïra de plus de 50 000 habitants, compte déjà de nombreux immigrés installés plus particulièrement en France. Le phénomène des harraga n?a fait qu?accentuer le déferlement des jeunes vers la rive nord de la méditerranée. Pour cela, on utilise aussi bien la voie maritime que les frontières, peu importe les risques et les dangers qu?on encoure. Les habitants avec lesquels nous nous sommes entretenus récemment tirent la sonnette d?alarme : « faites quelque chose pour stopper l?hémorragie », lancent-ils à l?adresse des pouvoirs publics. On apprendra que des vagues successives de jeunes ont déjà quitté la région pour la destination de leur rêve. « Si certains ont pu traverser le large sans encombres, d?autres n?ont pas eu cette chance puisqu?ils ont été soit arrêtés, soit emportés par les eaux », indiquent-ils avec dépit. Et de poursuivre : « mais qu?a-t-on fait pour les retenir et leur offrir les moyens de se prendre en charge chez eux ? Rien, absolument rien. » Il est vrai qu?il n?existe même pas de structures de loisirs, ni de possibilités d?insertion des jeunes dans la vie socioéconomique locale. « Pratiquement, tout est fermé pour nous : il n?y a pas de débouchés concrets et les dispositifs de soutien à l?emploi, mis en place par l?État, ne profitent qu?à une catégorie de gens. Et puis, l?accès à ces dispositifs n?est pas souvent chose facile, il relève plutôt du parcours du combattant », relèvent des jeunes dans le désarroi. D?autres, par ailleurs, dénoncent le « discours démagogique des autorités », lesquelles, d?après eux, ne font rien pour développer la région ou lui offrir les conditions favorables pour drainer les investissements productifs ou les projets structurants. L?état des lieux dans ce domaine est effectivement des plus sombres : l?industrie sombre dans une profonde léthargie, alors que l?agriculture n?est plus cette ressource principale qui faisait vivre des milliers de familles, en raison notamment de la sécheresse persistante, de la fuite de la main-d??uvre qualifiée et de l?absence de soutien direct aux professionnels du secteur. Le nouveau projet d?extension du périmètre irrigué du moyen Cheliff n?est fonctionnel qu?en partie et n?arrose que faiblement la plaine à cause, semble-t-il, de l?insuffisance de la ressource hydrique au niveau du barrage de Sidi Yacoub, lequel n?emmagasine que 31 millions de m3 sur une capacité globale de 280 millions de m3.


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