Algérie

El-Milia : Une autre récession


Tiraillés entre les exigences de la CASNOS et les factures à honorer dans les délais impartis des services des impôts, les petits commerçants sont plus que jamais dans la tourmente à la faveur de la baisse, jugée importante, de leur chiffre d'affaires. A en croire certains aveux qui nous ont été confiés dans le sillage d'une discussion sur l'activité commerciale dans la ville d'El-Milia, remarquablement en baisse depuis déjà quelques années, des commerçants ont tout bonnement laissé entendre qu'ils ne peuvent plus tenir le coup face à cette crise de la baisse de leur revenu.

Ces déclarations pessimistes sur l'avenir même de l'activité commerciale dans cette ville qui connaît un fort taux de chômage et une paralysie de son activité économique sont les signes d'une récession commerciale jamais constatée auparavant. Ceux qui vivent sur leurs petits commerces n'ont plus que la patience pour affronter le dur contexte de cette réalité économique si difficile qu'elle a contraint certains commerçants à jeter la clé sous le paillasson.

Certains commerçants racontent qu'ils se débrouillent d'une manière ou d'une autre pour arrondir leurs fins de mois tout comme le petit fonctionnaire qui n'arrive pas à joindre les deux bouts en chaque fin de mois. Pour ne pas baisser rideau, certains racontent qu'ils restent ouverts jusqu'à une heure tardive de la nuit pour tenter de grignoter quelques dinars de plus. D'autres parlent de la crise qui les frappe d'une autre manière en évoquant le contexte difficile de leurs clients qui n'arrivent pas à honorer le crédit qu'ils contractent pour subvenir à leurs petits besoins quotidiens. Pour ces commerçants, le crédit est un mal indispensable qui risque de leur coûter cher dans certaines situations lorsque leurs clients, surendettés, n'arrivent pas à honorer leurs dettes.

Cette contrainte est difficilement vécue par l'écrasante majorité des commerçants, particulièrement les épiciers, qui souffrent terriblement de la baisse de leur chiffre d'affaires. Les magasins qui se sont spécialisés dans la vente des vêtements pour femmes ou pour enfants ne sont pas mieux lotis dans ce contexte de crise quand on constate qu'ils ont recours, et à longueur d'année, aux soldes pour faire écouler leurs marchandises. La pancarte sur laquelle est inscrit en gros caractères «solde» fait désormais partie du décor commercial de cette ville où on a tendance à faire noter qu'il n'y a plus ni vente ni achat pour reprendre la fameuse formule de certains commerçants. Ces derniers, pressés, comme ils le disent, par les services des impôts et de la CASNOS pour honorer leur dû, souhaitent que ces organismes prennent en compte leur difficile situation afin, disent-ils d'un ton miséreux, de ne pas cesser leur activité commerciale. Les pénalités de retard exigées pour les petits commerçants qui n'honorent pas leurs factures à temps pour des considérations évidentes sont également des charges difficiles à supporter, nous a déclaré un commerçant tenant une petite boutique d'alimentation générale au centre-ville. Ceci dit, la baisse du pouvoir d'achat et le chômage ont joué un rôle prépondérant dans cette crise qui n'a épargné aucune activité commerciale.

Il est ainsi intéressent de noter dans ce contexte que dans certaines rues jadis connues par une certaine animation, l'activité commerciale a totalement cessé. Une certaine morosité a pris le relais dans ces lieux désormais désertés où le dépit est bien visible sur des visages cachant mal leur misère. La dure réalité de cette crise impose pour certains le changement d'activité, alors que d'autres préfèrent jeter l'éponge pour aller convoiter un poste de veilleur de nuit ou d'agent de sécurité, à défaut d'un emploi stable, pour garantir une couverture sociale et un minimum de retraite.

Hormis les fonctionnaires de l'Education, de la Santé ou ceux des autres administrations publiques qui emploient les quelques chanceux qui ont pu décrocher un poste d'emploi dans la fonction publique, le reste de la population est en chômage forcé en l'absence des opportunités d'emploi. L'usine de la céramique proposée à la vente, faut-il le souligner, et celle du kaolin qui emploient également quelques dizaines d'ouvriers ne peuvent pas absorber toute cette masse de chômeurs en quête d'un poste d'emploi.

L'espoir de voir quelques projets d'investissements lancés dans la zone de Bellara, pour absorber un tant soit peu le chômage galopant qui ronge cette ville, demeure le dernier rêve d'une population en mal d'une vie décente, dans ce contexte social bien dur à tolérer. La relance de l'activité commerciale repose elle-même sur l'absorption du chômage et le lancement des projets d'investissements tant promis pour la fameuse zone de Bellara qui reste, faut-il l'admettre, le dernier souffle d'espoir de cette ville pour sortir de sa récession.






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