Algérie

Egypte : une Constitution en mal de consensus Le texte soutenu par les islamistes, adopté



Egypte : une Constitution en mal de consensus                                    Le texte soutenu par les islamistes, adopté
La Constitution défendue par les Frères musulmans au pouvoir en Egypte a été approuvée par environ deux tiers des électeurs.
Des résultats toujours contestés par l'opposition qui a dénoncé des fraudes et annoncé qu'elle ferait appel. Le scrutin des 15 et 22 décembre s'est déroulé dans un contexte d'extrême tension après des semaines de manifestations rivales, qui ont parfois dégénéré en affrontements meurtriers entre partisans du président Mohamed Morsi et opposants. Le bras de fer politique a mis le pays sous pression permanente. Et l'avenir n'est pas à la détente. Le Front du salut national, principale coalition de l'opposition rassemblant des mouvements de gauche, laïques et libéraux, a annoncé qu'il contestait les résultats, dus «à la fraude, aux violations et aux irrégularités». Plusieurs plaintes ont déjà été déposées devant la justice pour contester le coup de force des islamistes. Signe des fortes tensions régnant dans le pays, le président du Club des juges d'Egypte, Ahmed Zind, a été la cible, dans la soirée, de jets de pierres. Son tort :
avoir dénoncé une «atteinte au pouvoir
judiciaire» de la part d'une «partie qui pense être le roi d'Egypte», allusion claire au président actuel. Pour Hamdeen Sabbahi, une des figures du camp de l'opposition, les résultats «ne confirment qu'une chose: qu'il n'y a pas de consensus sur cette Constitution». Le texte que les islamistes veulent faire passer ouvre la voie «à une série de lois qui vont balayer les libertés publiques», a-t-il affirmé. Pour la coalition de l'opposition le référendum «n'est pas la fin du chemin mais seulement une bataille dans cette longue lutte autour de l'avenir de l'Egypte». Alors que des élections législatives sont prévues dans les deux mois suivant l'adoption de la Constitution, la coalition n'entend nullement baisser les bras. «Nous maintiendrons le plus haut degré d'union et de cohésion. Nous sommes prêts à participer à toutes les batailles démocratiques», a averti Sabbahi. Pour l'opposition, la Constitution, rédigée par une commission dominée par les islamistes, n'est pas représentative du peuple égyptien. Elle porterait plutôt atteinte à certaines libertés fondamentales. De son côté le Parti de la liberté et de la justice, de Morsi, la branche politique des Frères musulmans, s'est félicitée des résultats. «Nous tendons la main à tous les partis politiques et toutes les forces nationales pour dessiner ensemble les contours de la période à venir et j'espère que nous allons tous commencer une page nouvelle», a affirmé le président du parti islamiste. Le camp du président assure que ce passage est nécessaire à la stabilisation du pays, après la révolte qui a renversé le régime Moubarak début 2011. Morsi et les Frères musulmans ont fait de l'adoption du projet de Constitution la pierre angulaire d'un retour à la «stabilité», indispensable à un retour à la normal.

Un après référendum inquiétant
Mais derrière ce discours conciliateur des fissures sont visibles dans le camp islamiste. Le vice-président de Morsi, Mahmoud Mekki, dont la fonction n'est pas mentionnée dans la nouvelle Constitution, a annoncé sa démission.
L'opposant Mohammed El Baradei, prix Nobel de la paix et ancien chef de l'agence nucléaire de l'ONU, a estimé que le projet de constitution controversé ne pouvait qu'aggraver les tensions économiques et sociales qui existent déjà. En effet, les observateurs son unanimes : l'adoption d'une nouvelle constitution en Egypte, au terme d'un référendum très critiqué, a peu de chances de conduire à un redressement de l'économie du pays en proie à de graves difficultés depuis la chute de Moubarak. Déficit budgétaire en hausse, réserves en devises en berne, investisseurs étrangers attentistes et reflux du tourisme s'ajoutent aux difficultés politiques du président couleur Frère musulman. Ce dernier fait tout pour gagner une opinion désorienté par le désordre ambiant depuis la chute de l'ancien régime. Juste avant la première phase du référendum le 15 décembre, Morsi avait gelé en catimini une série de hausses de taxes sur des produits de base et de grande consommation indispensables pour redresser les finances du pays. La mesure aurait eu un effet déstabilisateur sur le climat politique et social. Mais cette posture populiste va devenir de plus en plus inconfortable. Les revenus du tourisme, qui ont chuté en 2011, peinent à remonter la pente. Ce secteur d'importance restant pénalisé par l'image d'instabilité de l'Egypte. Avec 83 millions d'habitants, l'Egypte est le plus peuplé du monde arabe, mais aussi l'un des plus pauvres. Les nouvelles difficultés s'ajoutent à celles héritées de l'ère Moubarak. La victoire de Morsi via un référendum contesté aura finalement provoqué des divisions inquiétantes dans la société égyptienne. La confrontation a fracturé la population en Egypte, entre des tenants du «oui» présentés comme des partisans de «la stabilité», et des opposants accusés de «complots» ou de vouloir faire plonger le pays dans le chaos.
M. B.
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