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ECONOMIE RENTIÈRE, INDUSTRIE OBSOLÈTE, DEMANDE SOCIALE EN HAUSSE


ECONOMIE RENTIÈRE, INDUSTRIE OBSOLÈTE, DEMANDE SOCIALE EN HAUSSE
Le futur président de la République héritera d'une situation socioéconomique peu favorable, marquée par une dépendance perpétuelle des hydrocarbures et un front social en éternelle ébullition.En dépit des allocations financières immenses dont elle a bénéficié des décennies durant, puisées de la manne pétrolière, l'économie nationale n'arrive plus à suivre le chemin de la croissance. Son itérative diversification, longtemps haranguée dans des rencontres officielles, reste un vain mot. Cinquante-deux années après son indépendance, l'Algérie vit de son pétrole ! Ce que les économistes appellent dans leur jargon, un "pays rentier". L'Algérie utilise la rente engrangée de la vente du gaz et du pétrole pour s'assurer une alimentation en provenance de l'extérieur. Les hydrocarbures et le gaz naturel constituent de loin la principale source de revenus du pays. En 2014, l'Algérie va tirer encore, affirment les analystes, 97% de ses recettes en devises des exportations des hydrocarbures qui garantissent environ 70% de son budget.En revanche, ce qu'exporte notre pays en dehors de l'énergie est insignifiant car ne dépassant pas 4% des exportations globales, soit une valeur de près de 2 milliards de dollars.Les soutiens à l'exportation hors hydrocarbures prévus dans la stratégie économique dans un souci d'équilibre de la dépense publique, n'ont pas donné de résultats satisfaisants. Les contraintes soulevées par les exportateurs ont trait aux entraves bureaucratiques, lenteurs et complexité des procédures douanières, un environnement bancaire inadéquat et un manque de logistique et d'infrastructures portuaires.La production nationale demeure infime, telle que les importations ont avoisiné les 60 milliards de dollars à l'issue de l'exercice précédent. La sonnette d'alarme est tirée par le gouverneur de la Banque d'Algérie, relayé par le représentant de la Banque mondiale, Emmanuel Noubissié Ngankam.Le pétrole : bénédiction ou malédiction 'Elargir la base productive algérienne, demeure un objectif que peinent à réaliser les différents gouvernements qui se sont succédé. La relance des secteurs hors énergie reste encore un défi à relever... La politique économique prônée par l'Etat manque de visibilité, relèvent des experts nationaux et étrangers. Le modèle économique moins dépendant des hydrocarbures, conçu dans le cadre de sempiternelles réformes, n'arrive plus à germer.De ce tableau noir dressé par des experts soucieux de l'avenir du pays, une question se pose: le pétrole est-il une bénédiction ou une malédiction ' Le processus des réformes multisectorielles enclenché il y a plusieurs décennies n'a pas apporté de résultats.Désormais, ces réformes ont, elles-mêmes, besoin de... réformes, vu le retard flagrant accusé et leur inefficacité ! Améliorer le climat des affaires et réduire l'inégalité sociale entre les régions se veut une perspective générique que doit prendre à bras-le-corps le premier magistrat du pays que consacrera le verdict des urnes le 17 avril prochain.Ces lancinantes mutations résument, en fait, la réponse des pouvoirs publics à la pression sociale imposée par les divers mouvements de protestation auxquels ont recouru les différents corps de métiers et autres catégories de citoyens notamment les chômeurs, les employés mal payés...qui revendiquent de meilleures conditions de vie.Le chômage, évalué par les statisticiens officiels à 9,8%, touche surtout les jeunes, avec un taux de 21,5% pour les 15-24 ans. Les dispositifs mis en place pour l'emploi contribuent à atténuer le problème mais d'autres mesures sont indispensables afin de multiplier l'offre en postes de travail. Les dotations budgétaires en direction de l'ensemble des dispositifs s'élèvent à plus de1 000 milliards de DA, soit l'équivalent de 13 milliards de dollars. Le ministre des Finances a, toutefois, révélé l'existence de près de 140 000 postes non pourvus dans la fonction publique, alors que les dotations budgétaires ont été mobilisées. Pour sa part, le ministre des Travaux publics a annoncé la vacance de 1 600 postes budgétaires dans son secteur.Ces chiffres vont inévitablement susciter la réaction de milliers de jeunes diplômés chômeurs, notamment, ceux qui occupaient la rue depuis plus d'une année. La démocratisation de l'enseignement et l'élargissement de la formation professionnelle et de l'enseignement supérieur doivent être considérées pour cela, comme des priorités nationales.Des efforts ont été, certes, consentis pour créer un environnement favorable au développement des secteurs industriels, des services en général et des PME/PMI en particulier. Or, les résultats sont malheureusement en deçà de ce qui a été envisagé.Des réformes qui ont besoin de... réformes !Les grands projets structurants lancés depuis l'indépendance dans le but d'asseoir une assise industrielle n'ont pas été d'un apport important. Des réalisations non négligeables telles que les routes, le métro, les autoroutes, les universités, les hôpitaux, les usines...ont été édifiées grâce à l'or noir mais l'économie nationale n'en profite pas assez.Le système d'industrialisation compétitive qui devait préparer les entreprises à la concurrence étrangère a, jusque-là, montré ses limites.Preuve en est : l'industrie représente à peine5% du produit intérieur brut (PIB). L'enveloppe de 500 milliards de dollars dépensée pour des investissements entre 1999 et 2014 dans le cadre des trois programmes quinquennaux du président sortant, n'a pas donné le coup d'accélérateur tant voulu à l'économie nationale. À cela, il y a lieu d'ajouter une faiblesse dans l'absorption de tous les investissements projetés.Un rapport de l'OCDE indique que l'Algérie dépense deux fois plus pour avoir deux fois moins de résultats en comparaison aux pays similaires de la région Mena. Cette dépense publique, aussi conséquente, n'a pu assurer, en définitive, qu'un taux de croissance moyen de 3% pendant les derniers exercices. Dans d'autres pays dotés d'une meilleure gouvernance, pareil coût investi devrait gager impérativement une croissance d'au moins 10%.L'Algérie jouit d'une bonne santé financière et se prélasse sur un matelas en devises qui s'élève à plus de 194 milliards de dollars (sans l'or) à fin 2013. Grâce à ses revenus, elle a réussi, néanmoins, à éponger sa dette extérieure qui ne représente de nos jours que 2,4 % du PIB, soit 3,396 milliards de dollars à fin 2013. Cet atout fait d'elle, un pays riche...théoriquement.La sphère réelle de son économie, cependant, la rend vulnérable. L'analyse élaborée par Economist Intelligence Unit (EIU), filiale du groupe The Economist, indique que l'Algérie serait confrontée à une instabilité sociale, durant l'année 2014.Elle figure parmi les 65 pays classés dans les catégories "à haut risque" ou "à très haut risque", tels que la Tunisie, le Maroc, la Turquie, l'Afrique du Sud, l'Espagne et le Portugal. Même si notre pays est épargné, pour l'instant, par la vague de révoltes qui secoue le monde arabe depuis 2011, il fait face, toutefois, à des mouvements de protestation très récurrents. Il est recensé environ 4 536 manifestations à caractère social en 2013.La rue, l'ultime arène de la protesta...La colère a ciblé tous les secteurs, allant de l'administration publique, la santé, la formation professionnelle, l'éducation nationale, aux gardes communaux, en passant par les chômeurs des wilayas du Sud et les avocats.La contestation sociale s'est exprimée également pour le logement, l'alimentation en eau potable, le gaz butane et pour le raccordement en gaz de ville.Plus grave encore, outre sit-in, rassemblements, grèves, marches, fermetures de route, les Algériens expriment leur ras-le-bol par le suicide et l'immolation, un phénomène qui prend de l'ampleur, sans pour autant n'inquiéter personne.Ces troubles devraient se poursuivre durant l'année en cours, non seulement en raison des pronostics de EIU mais aussi à cause de l'incapacité des autorités à répondre favorablement aux besoins de la population.L'autre souci sur lequel doit se pencher sérieusement l'Etat, concerne l'excédent de la balance des paiements de l'Algérie qui a fléchi à 130 millions de dollars en 2013, affecté selon la note de la Banque d'Algérie, par la baisse des recettes pétrolières, d'un côté, et la hausse des importations de l'autre.La Banque centrale relève un fort recul des quantités d'hydrocarbures exportées qui ont baissé de 7,3%. En valeur, les recettes des exportations du pétrole et du gaz se sont contractées de 10,2% s'établissant à 63,3 milliards de dollars en 2013 contre 70,5 milliards de dollars en 2012.La production du secteur pétrolier et gazier en termes de volume, continue en effet de diminuer de 43,2 millions de tonnes à 32 millions de tonnes entre 2007 et 2011. En termes plus clairs, l'heure de l'après-pétrole a sonné ! Cette diminution coïncide aussi avec un dinar algérien en constante dévaluation par rapport à l'euro et au dollar, qui érode davantage le pouvoir d'achat des Algériens et complique encore plus la situation des entreprises.La Banque d'Algérie a décidé de laisser glisser le taux de change pour freiner le taux d'inflation tiré vers le haut par les augmentations de salaires et l'accroissement des importations qui couvrent70 à 75% des besoins des ménages et des entreprises dont le taux d'intégration ne dépasse pas 10 à 15%.Les assainissements répétés des entreprises publiques n'ont pas eu les effets escomptés. La bagatelle de 1 000 milliards de DA injectée ces dernières années afin de les assainir n'a, estime le Premier ministre, pas apporté les résultats probants.Elles ont péché par leur mauvaise gestion mais également par le diktat du secteur informel qui représente 50% de l'activité économique.Le marché parallèle a fini par s'imposer sur la scène économique car favorisé par une bureaucratie et des contraintes diverses, bloquant tout opérateur ou détenteur de projet dans la concrétisation de son business.Ce qui dénote d'un climat des affaires moribond sans parler des transactions obscures qui échappent au contrôle engendrant, de ce fait, le phénomène de la corruption qui ronge l'économie et freine le développement du tissu productif.Corruption, bureaucratie, iniquité multidimensionnelle, informel..., ces maux qui rongent l'économie !C'est ce marché illicite qui "subventionne" indirectement un grand nombre de produits de première nécessité, comme les céréales, l'eau et le lait, l'électricité et le carburant au profit de tous les pays frontaliers à travers la contrebande. Il est primordial de lancer une réflexion approfondie sur tous ces problèmes notamment l'impact de l'abrogation de l'article 87 bis sur les PMI/PME et étudier leur capacité à supporter les lourdes charges salariales à venir.Ces sociétés doivent se préparer en outre au démantèlement tarifaire qui interviendra une fois la zone de libre échange entre l'Algérie et l'UE sera crée à l'horizon 2020 conformément à l'accord d'association. Qu'adviendra-t-il de ces entités le jour où le pays adhérera à l'OMC ' Ce sont autant de problématiques pour lesquelles le futur Président doit trouver des solutions urgentes et surtout définitives.À commencer par rétablir la confiance entre l'Etat et les citoyens et instaurer un minimum de consensus dans les domaines politique, économique et social. Ensuite, il y a lieu de concilier efficience économique et justice sociale.Le futur Président doit tenir compte de la très possible réduction de la rente qu'engendrerait une baisse des exportations des hydrocarbures. Pire encore, les ressources énergétiques de l'Algérie s'amenuisent tandis que les hydrocarbures sont remplacés progressivement dans le monde par d'autres énergies.L'autre challenge qui se présente devant le futur Président a trait à la réduction des subventions, l'amélioration de l'environnement des affaires, la diversification de l'économie et la création d'emplois dans le secteur privé.Il faut rendre au peuple ce salvateur outil lui permettant de mener une vie plus au moins descente avec en finalité un certain confort tant convoité de longues années durant, à savoir le crédit à la consommation. C'est dire que la situation économique et sociale dont héritera le prochain président est loin d'être reluisante.Une sortie de crise est envisageable, une lueur d'espoir se profile à l'horizon, pour peu que le futur "raïs" ait le vent en poupe et jouisse surtout d'une bonne santé physique et morale...B. k.NomAdresse email


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