Algérie

Difficiles alternances



Les alternances politiques en Afrique doivent-ellesfatalement déboucher sur les violences en raison du refus des pouvoirs établisd'admettre la sanction des urnes ?Pays modèle, le Kenya a sombré dans des violences qui ontréveillé des clivages ethniques, après que le pouvoir en place eut trituré lesrésultats du vote. Il a fallu l'intervention de sages africains dirigés par Kofi Annan pour apaiser lasituation à travers un partage du pouvoir entre le président en place et sonopposant. Mais la partie n'est pas gagnée: l'accord conclu sous l'égide de Kofi Annan tarde à se mettre enplace et le risque d'un retour vers le chaos n'est pas exclu.Au Zimbabwe, on est dans une situation similaire. Unesemaine après les élections, la commission électorale, qui a déjà accordé lavictoire de l'opposition au Parlement, tarde de manière inexplicable à donnerles résultats de la présidentielle. Certaines sources indépendantes indiquentqu'aucun des deux candidats ne l'a emporté au premier tour et qu'il faudraaller au second tour. Mais le retard pris dans l'annonce des résultatsofficiels crée une situation délicate. Le président Robert Mugabe, 84 ans, aessuyé un revers électoral tout à fait logique. L'économie du Zimbabwe estpratiquement ruinée avec une inflation qui a atteint le chiffre record de 165.000%.Après 28 ans de pouvoir, le vieux Mugabe ne peut accuserles citoyens de son pays d'avoir été « ingrats » et le plus mauvais servicequ'il puisse rendre à son image, déjà écornée, serait de faire basculer le paysdans la violence. Son parti a perdu la majorité au Parlement au profit del'opposition avec une petite différence de douze sièges. Cela signifie qu'ilconserve une assise pour jouer, dans le cadre du jeu démocratique, un puissantrôle d'opposition. Encore faut-il qu'il admette qu'on peut être acteurpolitique sans être au pouvoir. En tardant à livrer les résultats de laprésidentielle, la commission électorale introduit des doutes sur lesintentions du pouvoir en place. Si un deuxième tour est nécessaire, pourquoicette attente pour un scrutin présidentiel qui s'est déroulé en même temps queles législatives ? Il est clair que des pouvoirs installés, à plus forte raisonquand ils tirent leur légitimité d'une honorable guerrede libération, ont du mal à admettre le principe de l'alternance et onttendance à se considérer comme des tuteurs éternels de leurs sociétés. Mugabeet le parti Zanu-PF terniraient définitivement leurimage s'ils ajoutaient aux difficultés immenses de leurs citoyens une épreuveviolente. Ce sera en outre totalement contre-productif.Thabo Mbeki, le voisin sud-africain, malgréles vives critiques occidentales, a veillé à ce que les choses se passent endouceur et n'a pas cédé aux demandes occidentales de pressions sur le régime. C'estcette démarche de médiateur assumée par Mbeki entrele pouvoir et l'opposition qui a abouti à la modification de la loi électorale,permettant que les résultats soient affichés dans les bureaux de vote. Cettedisposition a neutralisé les possibilités d'une manipulation du scrutin et apermis à l'opposition de clamer sa victoire. S'il faut un second tour pour laprésidentielle, qu'il ait lieu dans les règles. Robert Mugabe, qui est au mieuxen ballottage défavorable, sait qu'il ne pourra compter sur l'Afrique du Suds'il tente de faire violence au choix des Zimbabwéens.
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