Désavoué à l’ONU, le Maroc tente une nouvelle diversion

Feu vert pour une base américaine au Sahara Occidental Le royaume du Maroc vient d’offrir sur un plateau d’argent aux Américains le feu vert pour la construction d’une grande base militaire dans la région de Tarfaya, ville côtière à l’ouest de Laayoune, la capitale du Sahara occidental. Cette information donnée, en exclusivité hier par le magasine «Maghreb confidentiel», citant des «témoignages sur place» est de nature à mettre la sous-région du Maghreb sous tension permanente. Elle constitue, en effet, un sérieux motif de préoccupation pour les pays de cet ensemble géopolitique en ce qu’elle induit comme risques d’insécurité. Curieusement, cette base militaire US, rendue possible «grâce à l’insondable inconscience» des dirigeants du royaume marocain, intervient au moment où Mohamed VI a concocté un énième plan d’autonomie pour le Sahara occidental rejeté globalement et dans le détail par le Front Polisario. Il y a donc certainement un parallèle à établir entre cette incroyable concession marocaine à l’administration Bush et son souci de rechercher des appuis et des soutiens pour son projet expansionniste au Sahara Occidental que la majorité de la communauté internationale refuse de cautionner. Il faut rappeler, à juste titre, que les Américains restent diplomatiquement attachés, du moins jusque-là, au droit des Sahraouis à l’autodétermination, conformément à la légalité internationale et aux conclusions du plan Becker ratifié à Houston. Aussi, cette grosse concession militaire du régime chérifien vient en appui à la zone de libre échange ouverte entre Rabat et Washington depuis quelques années déjà. Ayant perdu sa crédibilité dans le concert des nations au sujet de son entêtement à poursuivre la colonisation de la RASD, le Maroc cherche ainsi de nouveaux soutiens à sa cause, légalement perdue, quitte à payer le prix fort. S’étant déjà assuré le soutien sans réserve de sa «marraine», la France de Chirac, et même l’Espagne, l’ancienne puissance coloniale du Sahara, le royaume voudrait s’offrir l’appui du «gendarme du monde», dans la perspective, pourquoi pas, d’ébaucher une nouvelle formule annexionniste pour le Sahara avec la bénédiction US. Il n’y a, sinon, aucune raison valable qui pousserait Mohammed VI à offrir le territoire de son pays aux Marines et autres Gi’s, sauf à faciliter aux Américains la mission de bombarder qui ils veulent à partir du sol de Sa Majesté. Bien qu’aucune indication n’ait été fournie pour le moment sur cet excès de «générosité» du jeune roi, tout porte à croire que le Maroc et les USA sortiront l’argument très en vogue de la lutte contre le terrorisme dans la région sahélo-saharienne pour justifier la «vitalité» d’une présence militaire permanente de cette taille. C’est dire que, pour garder sa mainmise sur les territoires sahraouis, le royaume marocain semble prêt à toutes les concessions, quitte à mettre la sous-région maghrébine sous tension. Il y a lieu de noter que l’Algérie même, durant les années de braise qu’elle a vécues, n’a jamais accepté d’ouvrir son territoire aux Américains qui n’ont cessé de demander l’installation d’une base militaire dans le Sud, prétendument pour lutter contre le terrorisme. Cela, même si la rumeur du reste largement colportée par certains milieux hostiles avait beaucoup couru quant à l’existence de cette structure en Algérie. Les autorités algériennes l’avaient cependant toujours démentie au même titre d’ailleurs que les Américains eux-mêmes qui ne se sont pas cachés pour déclarer leurs vœux d’édifier une base dans le Sud algérien. Il est donc curieux de constater la facilité, voire la légèreté avec laquelle le royaume alaouite a pris une mesure aussi délicate d’une présence permanente de la soldatesque US sur son sol.