Algérie

Des pièces archéologiques livrées à l'abandon



Après leur déménagement de l'ancien siège, sis au boulevard du front de mer, sous la place ex-Gueydon, le personnel de la radio locale n'a pas laissé derrière lui que des locaux, du mobilier et des cloisons en aluminium.Au fond d'une salle, ouverte aux rafales du vent du nord, aux pigeons et à la pluie, des pièces archéologiques de l'époque romaine sont laissées là.
Une grande jarre en terre cuite, des pierres tombales, des fresques murales en mosaïque de l'époque romaine en mauvais état, un morceau d'une colonne et des enseignes en pierre scellées au mortier sur le sol en carrelage. L'une des mosaïques, avons-nous constaté sur place, a perdu une partie des fragments de pierre, d'émail, de verre et de céramique qui la constituent.
La situation des vestiges «plombés» dans cette enceinte a fait réagir un élu à l'APW, Réda Boudraâ (RCD), qui a lancé une alerte sur sa page facebook où il a publié des photos qui montrent l'état d'abandon de ces pièces archéologiques et historiques. «J'ai été outré par ce que j'ai vu», s'est-il indigné en promettant de saisir le directeur de la culture officiellement.
Et de décrire : «Des vestiges de la présence romaine dans Saldae-Civitas, des ruines, des amphores, des mosaïques posées à même le sol sans aucun état de conservation, un patrimoine de l'humanité livré aux fientes de pigeons». Réaffecté au Comité des fêtes de la commune de Béjaïa en janvier 2016, pour y installer sa logistique et ses bureaux, cette structure est fragilisée à cause de l'usure du temps et du manque d'entretien.
Le ravalement des murs d'intérieur et de l'extérieur cache très mal les fissures profondes mal colmatées et la corrosion qui gagne les structures métalliques. Rencontré sur les lieux, un employé du Comité des fêtes raconte que cet espace était une «galerie d'art qui foisonnait de pièces archéologiques, de tableaux artistiques ». «Je me souviens même que lorsqu'on était écoliers, nos enseignants nous amenaient dans cette galerie pour nettoyer les pièces exposées à l'aide de brosse à dents.
Peut-être qu'à ce moment-là l'amour du patrimoine nous animait», ajoute-t-il. Contacté par nos soins, le président de l'Association pour la sauvegarde et la promotion du patrimoine culturel de la ville de Béjaïa, Zahir Benacer, a estimé que «ces pièces doivent être préservées et restaurées». «Mais sans pour autant les déplacer de cet endroit. Le fait que certaines pièces sont scellées, les retirer risque de les endommager davantage» considère-t-il.
Il rappelle que son association et le Groupe d'études sur l'histoire des mathématiques à Bougie (GEHIMAB) ont initié une proposition qui consiste à redonner vie à cet espace qui a abrité jusqu'à la fin des années 70 la galerie de peinture et des arts graphiques Emile Aubry. Il suffit donc d'aménager les locaux pour mettre en valeur les ?uvres d'art et les exposer aux visiteurs. La collection d'art qui se trouvait dans cette galerie à l'époque est actuellement au musée Bordj Moussa, sur les hauteurs de la ville de Béjaïa.
De plus, une convention signée en 2002 entre l'association GEHIMAB et la circonscription archéologique de Béjaïa avait comme principal objectif de reconstituer la galerie afin qu'elle retrouve sa vocation artistique et culturelle. Le projet porte également sur l'authentification et la restauration des toiles, en plus de lui faire jouer un rôle dans la formation des artistes.
Malheureusement, depuis la transmission de cette intéressante proposition aux pouvoirs publics, aucune suite n'a été donnée. Cependant, Zahir Benacer se montre optimiste malgré «les réticences des services de l'APC». Pour lui, «le mouvement associatif compte sur le wali qui porte un intérêt pour le patrimoine et qui a exprimé sa volonté de le préserver».
Trouver un siège pour le Comité des fêtes de la ville de Béjaïa ne devrait pas poser problème puisque l'APC dispose de nombreux locaux pouvant l'accueillir en plus du futur siège de la mairie qui est en voie d'achèvement.
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