Algérie

des Pères de famille désespérés tentent de s'immoler par le feu à Sidi Bel-Abbès 'L'immolation est l'unique issue des opprimés"



des Pères de famille désespérés tentent de s'immoler par le feu à Sidi Bel-Abbès                                    'L'immolation est l'unique issue des opprimés
L'immolation, une autre manière de se donner volontairement la mort par le feu. Avant 2011, cet acte sacrificiel était peu connu en Algérie, mais depuis l'acte spectaculaire de Mohamed Bouazizi qui s'est immolé le 17 décembre 2011 à Sidi-Bouzid en Tunisie, qui a fait de lui l'icône du premier Printemps arabe, dite la 'révolte du Jasmin", la contagion a atteint notre pays.
Dès lors, les tentatives d'immolation se sont multipliées à travers presque l'ensemble des wilayas, à tel point que la presse nationale ne cesse de comptabiliser à chaque fois des tentatives, dont un nombre indéterminé sont mortelles. Mercredi dernier, à Sidi Bel-Abbès, deux hommes désespérés âgés respectivement de 27 et 30 ans ont créé une réelle panique devant le siège de la wilaya. Le premier a tenté de s'immoler par le feu et le second a ingurgité une quantité importante d'essence. Ce dernier a été évacué aux UMC du CHU Abdelkader-Hassani et demeure sous observation médicale.
Les deux victimes ne sont autres que des grévistes de la faim du bidonville ferme S.-Rabah, auxquels on avait refusé de se rassembler à l'intérieur de l'enceinte du siège de la wilaya pour protester contre leur exclusion de la liste des bénéficiaires de logements sociaux. Un fait divers parmi des dizaines d'autres suicides qui démontre le degré du désespoir des personnes en butte à des difficultés de logement. Ces deux pères de famille, déjà très marqués dans leur enfance par l'échec scolaire, sont issus d'un milieu précaire, chômeurs au même titre que leurs parents et qui eux aussi avaient connu des difficultés durables sur le marché du travail.
Un de ces pères mécontents, qui a échappé in extremis à une mort certaine, vit avec sa femme et ses enfants dans une baraque et fait partie de ces milliers de vendeurs à la sauvette qui grouillent dans les rues du quartier Emir-Abdelkader 'Graba". Vu sa situation très fragile très liée au problème de logement, parfois, il se retrouve sans moyens, ni ressources et peine le plus souvent à subvenir aux besoins de la famille.
Quoiqu'encore jeune, l'homme paraît vieux, avec des traits pâteux et a l'air si abandonné, comme s'il portait tous les malheurs du monde sur ses épaules. Tenant la tête baissée et d'une voix basse, il raconte sa malvie. 'Si j'ai agi de la sorte, c'est parce que les nouveaux logements sont juste devant ma baraque et je n'en bénéficie pas comme mes voisins qui viennent d'être relogés", s'exclame-t-il.
Et d'ajouter : 'Franchement, je me sens lésé et en plus, aucun responsable n'a daigné m'écouter. Donc, je ne crois plus aux promesses des autorités et des responsables qui nous ont promis le relogement. Il n'y a pas de justice."
Toutes ces causes ajoutées à d'autres et à force d'avancer sans solution, la souffrance et la colère s'accroissent, produisent de l'adrénaline et mènent inévitablement au suicide.
Cet infortuné très particulier sait parfaitement que notre religion (islam) interdit le suicide, mais il a sa propre explication. 'Certes que c'est péché, mais mettez-vous à ma place. Il ne me restait que la tentative d'immolation par le feu pour exprimer ma détresse et mon droit au logement. Sinon, à mon sens, c'est aussi l'unique issue des opprimés pour qu'ils se coupent définitivement de ce monde injuste", conclut-il.
A. B
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