Algérie - A la une

Des citoyens dénoncent la mafia du foncier


Le béton empiète sur les terres agricoles
La dilapidation ne touche pas seulement le foncier public. Même les terrains privés n'échappent pas à ce trafic très juteux dans une région où le foncier est très rare.
Plusieurs dizaines de citoyens ont dénoncé hier matin la dilapidation foncière dans la commune de Béjaïa à travers un rassemblement de protestation devant la direction des Domaines de la wilaya de Béjaïa. Ces citoyens relevant des villages du douar Aït Amar Ouali exigent «l'annulation de l'opération du cadastre» qui aurait été, selon eux, effectuée «en catimini». La mafia du foncier a choisi cette fois-ci le lieu dit Tazeboudjth, situé à la périphérie de la ville de Béjaïa pour accaparer plusieurs hectares constructibles à travers «un plan machiavélique» où «se seraient impliqués des députés et des élus locaux», censés défendre l'intérêt général et lutter contre toutes sortes de fléaux. Dans une déclaration-appel rendue publique la veille, les manifestants veulent à travers leur action «faire barrage à une mafia foncière à sa tête un député et des personnes se cachant derrière une pseudo association et une famille de squatteurs avec la complicité de certains fonctionnaires et élus».
Les citoyens frondeurs citent pour preuve «des individus qui se sont fait cadastrer plus de 200 hectares en catimini alors que les propriétaires légitimes n'ont même pas été informés du passage des agents du cadastre». Ce n'est pas la première fois que le foncier fait parler de lui à Béjaïa. Rare et majoritairement privé, le foncier relève d'une affaire juteuse lorsqu'on sait qu'un mètre carré est proposé à 30 000 dinars. Récemment, une autre affaire du même genre a été dénoncée par le mouvement associatif de la ville. L'alerte a été donnée sur les réseaux sociaux. Les internautes signalent une opération de défrichement en cours au pied du mont Gouraya. L'assiette concernée par le défrichement se situe dans l'espace ravagé par les flammes d'un incendie qui a été provoqué en juillet 2016. Un incendie dont l'origine était un défrichement «sauvage». À l'époque on suspectait déjà «un acte criminel», supposé être l'oeuvre d'une mafia du foncier, qui sévit par ailleurs un peu partout aux alentours de la ville de Béjaïa. Ce qui s'avéra vrai à présent puisque cette parcelle de terrain décimée en 2016 avec tout ce qu'elle compte comme espèces végétales endémiques de la région, fait l'objet de convoitise. Des individus, spécialisés dans la vente des terrains sont en passe de finir le défrichement avant l'acte de vente généralement illicite si ce n'est pas déjà fait. Le même cas a été signalé au niveau de la forêt Sidi Ahmed. Munis d'autorisation de déboisement accordée par les services des forêts et dont les délais ont expiré, des individus auraient, selon le président de l'association «Ardh», abattu plus d'une centaine d'arbres.Ce sont les deux endroits ciblés par la mafia du foncier et du bois ces trois dernières années, si on compte ceux de Bir Slam et Tazeboudjth, brûlés puis défrichés et vendus en parcelles. Chez les défenseurs de la nature et de l'environnement, il y a eu, pour l'instant, peu de réactions. Exception faite de Karim Khima, défenseur exemplaire du droit de la nature et du citoyen de l'association Ardh, et des habitants, qui ont manifesté hier, le reste des acteurs était aux abonnés absents au moment même où le besoin de prendre position était un impératif de l'heure. Sur les réseaux sociaux, c'est la colère et l'indignation. Des commentaires particulièrement virulents ciblent les autorités et «les soi-disant» défenseurs de la nature et de l'environnement. «Le mobile est connu de tous. Accaparer des terrains et les vendre, l'Etat est impuissant», s'insurge cet autre citoyen dans un commentaire qui illustre parfaitement la situation à Béjaïa. Bir Slam, Tazboudjth et le mont Gouraya sont ciblés. Jusqu'à quand cette impunité' Où sont les autorités communales' Où est la Conservation des forêts de la wilaya de Béjaïa' Où sont les responsables du Parc national de Gouraya' Autant de questions qui reviennent marquant ainsi l'incompréhension totale de cet état de fait.
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