Algérie

Dérive à l?Égyptienne



Les régimes arabes sont de véritables vecteurs de l?obscurantisme qu?ils ont l?art de pousser vers le pouvoir. Leur peur viscérale des démocrates et de la modernité les conduit à favoriser l?émergence des forces rétrogrades, même si celles-ci sont un véritable danger pour la société. C?est ce qui va arriver à l?Egypte. Depuis la mort de Nasser, les deux présidents qui lui ont succédé, Anouar El Sadate d?abord et Hosni Moubarak ensuite, ont encouragé l?ascension des intégristes au point que le premier a été assassiné par eux. Aujourd?hui, l?actuel raïs, ayant balayé les forces de progrès, se trouve face à face avec les islamistes. En effet, des élections législatives qui viennent d?avoir lieu, il ressort que l?association des Frères musulmans est devenue la deuxième force politique du pays. Elle est en voie de remporter entre 20% et 25% des sièges au Parlement alors qu?elle n?est pas reconnue officiellement. C?est un parti qui travaille doucement, sûrement et intelligemment. Il est autrement plus futé que nos islamistes. Il ne fait pas de déclarations enflammées qui puissent faire peur aux citoyens. Il ne menace pas de pendre haut et court les militaires, les policiers, les intellectuels, les démocrates, alors que son programme se résume à une petite phrase qui rappelle le fis : « L?islam est la solution ». Les « Frères » jurent même leur attachement indéfectible aux institutions en place, et ce, pour ne pas provoquer la panique chez les tenants du système. Ils auraient, d?ailleurs, pu avoir plus de sièges à l?Assemblée nationale, mais ils ont préféré, pour l?instant, présenter des candidats dans le tiers seulement des circonscriptions. Ils sont convaincus que leur heure viendra, d?autant que c?est le régime qui est en train de leur baliser le terrain. Plus le pourrissement s?approfondit en Egypte, plus le mécontentement grandit, ce qui provoquera incontestablement l?affaiblissement du régime en place, puis sa chute. Seule la force la mieux organisée sera alors en mesure de prendre les rênes du pays. Et cette force actuellement est représentée par les Frères musulmans. Mais « après moi le déluge », semble dire Hosni Moubarak, comme tout dictateur arabe qui se respecte. Seuls peut-être les Etats-Unis empêcheront une évolution négative parce qu?ils ont une peur bleue d?un Proche-Orient instable.


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