De l?utilité du manuel scolaire
Sacralisé par la pédagogie traditionnelle, le livre scolaire - cet ami fidèle cher à Mouloud Feraoun - a vu son règne sans partage remis en cause. Les avancées de la psychopédagogie et le boom des nouvelles technologies de la communication sont passés par là. Elles ont fini par modeler le rôle et le fonctionnement de l?école : elle n?est plus le temple unique du savoir. D?autres sources ont apparu qui la concurrencent sérieusement. Si le rôle d?appoint - et seulement d?appoint - du livre scolaire est incontestable, il n?en demeure pas moins que son usage - tel que codifié depuis des siècles - présente des inconvénients. Et pas des moindres ! Il sclérose le processus d?enseignement/apprentissage en fixant les connaissances sans possibilité de les renouveler à chaque changement. Il empêche aussi de prendre en considération l?évolution des méthodes. Ses avantages ne sont que de pure façade. Il peut servir de boussole à l?enseignant qui ne peut tout savoir ni improviser. Il rassure le ministère de l?Education nationale en lui donnant une relative garantie à propos des contenus des matières enseignées. Pour dénoncer cet archaïsme, certains spécialistes le qualifie « d?oreiller de paresse ». Selon eux, il encourage le verbalisme et l?absence de tout esprit de recherche. De nos jours avec les bouleversements scientifiques et technologiques, les connaissances ont une durée de vie de plus en plus courte. De leur quasi-inamovibilité des siècles passés, elles sont passées à 10 ans de vie et les spécialistes parlent d?une tendance à la baisse (5, voire 3 ans de survie). Aux yeux de l?opinion profane encore plus chez les professionnels du secteur de l?éducation, il est inconcevable de considérer le manuel en tant que catalogue de connaissances périssables à transmettre vaille que vaille. Il reste la solution de le retirer du circuit à tout moment et de le remplacer par un autre conçu en fonction des changements survenus dans la discipline considérée. Cela revient trop cher. Que faire ? L?approche moderne dans la conception et l?élaboration des ouvrages didactiques est en train de révolutionner les m?urs scolaires. Le manuel est dorénavant un espace interactif. Il suggère et propose divers types d?activités et différentes méthodes de travail. Sa raison d?être consiste à stimuler l?imagination et à développer l?intelligence de l?élève. La mémoire n?est plus privilégiée comme par le passé. D?autres facultés et capacités sont mises à contribution : l?analyse, l?observation, la synthèse, le raisonnement méthodique, l?esprit critique. Dans ces nouveaux livres scolaires, l?élève peut à tout moment trouver des sources d?information qu?il ira consulter. La recherche documentaire conditionne l?accès à la culture et au savoir, elle est devenue incontournable. On peut affirmer que les nouveaux manuels scolaires accompagnent l?élève dans sa croissance tant intellectuelle qu?affective et morale. Le manuel scolaire du IIIe millénaire est un outil d?autoformation qui ne sera jamais pris en flagrant délit de mensonge. Il s?inscrit dans une logique d?apprentissage opposée au parcoeurisme et au bachotage. Ces derniers sont des artifices antipédagogiques que renforce et encourage le système de notation et de contrôle à des fins de sélection/filtre. Une pratique qui remonte à la naissance de l?institution scolaire en Europe. Inventés par les Jésuites au Moyen-Age et codifiés par les officiels scolaires du XIXe siècle, les notes chiffrées (et comptabilisées), les devoirs, les compositions, les examens, les classements, les récompenses et les punitions ont cessé d?exister tout comme les machines à mémoire que furent... les livres scolaires.
Posté Le : 17/12/2005
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ahmed Tessa
Source : www.elwatan.com