Algérie

Dans une prison de Annaba Portraits de femmes derrière les barreaux




Quand on y regarde de plus près, le destin de ces femmes détenues à la prison de Bouzaâroura, dans la wilaya de Annaba, on ne peut s'empêcher de relever une similitude frappante entre nombre d'entre-elles. Elles sont presque toutes victimes d'un destin qu'elles n'avaient pas voulu. Derrière, les grandes portes de la maison de rééducation, elles sont 33 femmes qui purgent, en silence, des peines allant de 5 ans à la condamnation à mort, pour des crimes allant de la falsification de billets de banque au meurtre, en passant par l'enlèvement et la séquestration. Sabah, cette fille de 26 ans au coeur fragile et au corps frêle est condamnée à la peine capitale. Elle avait assassiné son mari. Une histoire qui avait mal commencé au départ. Et l'irréparable se produisit plongeant deux familles dans le désarroi. Elle dit que personne ne l'a comprise, ni tenté de l'aider. Elle se retrouve dans un autre calvaire. «Cela fait huit ans que je suis là et je préfère de loin cette vie à celle que je menais», déclare Sabah. Elle espère une grâce pour atténuer sa peine. «J'ai appris de nombreux métiers en prison», nous dit-elle lors de notre visite à l'intérieur de la prison. Pour F.H, cette mineure de 14 années, la peine prononcée par la cour criminelle d'Annaba est moins lourde que celle de Sabah. Elle a été condamnée à 5 ans de prison pour association de malfaiteurs. Elle était la complice d'un meurtrier. Elle avait 13 ans lorsque les faits se sont produits à Dréan. Son complice a été condamné à 10 ans de réclusion criminelle. «J'ai été entraînée dans cette galère, sans le savoir. Je ne sais pas ce qui m'est arrivé et je suis là à purger une peine qui aurait pu être plus grave», nous dit F.H qui se trouve être la plus jeune détenue de la prison de Bouzaâroura. B.M est une fille très intelligente et studieuse. Elle est arrivée à décrocher deux baccalauréat 2005/2006 et 2006/2007 en entamant un autre pour 2008. Son crime c'est d'avoir été la complice de son fiancé, dans une affaire d'enlèvement et séquestration avec demande de rançon. Elle avait caché chez elle l'enfant enlevée par son complice. Découverte, elle fut condamnée à 6 ans de prison ferme. Elle ne pourra pas suivre des études supérieures, du fait qu'elle est encore loin d'avoir consommé la moitié de sa peine. Ces cas sont des illustrations de situation vécues par des femmes qui disent n'avoir pas voulu en arriver là. B.B, 28 ans, le regard soudain absent, perdue dans des pensées, déclare pour sa part: «je vais essayer de tenir le coup. J'ai fauté, je suis en train de payer». L'un des gardiens nous a dit qu'elle est la complice d'un faussaire de billets de banque. Elle a été condamnée à 6 ans de prison ferme. Pour le directeur de la prison, le passage de certaines femmes en ces lieux, leur a été, en quelque sorte, bénéfique. Du point de vue scolarité et apprentissage. «La réinsertion de celles dont les peines arrivent à terme, va être facile, du fait qu'elles se sont armées de métiers. Pour ce qui nous concerne, nous mettons tous les moyens à la disposition de celles qui veulent apprendre. Nous les aidons en tout», nous a déclaré M. Lazhar qui nous a fait visiter les lieux. Le malheur de certaines détenues c'est le fait qu'elles soient condamnées doublement. Et par la justice et par la société. Certaines d'entre elles, ne reçoivent pas de visite du tout. Elles sont abandonnées par leurs familles, à un moment où des associations de femmes voient le jour pour aider les victimes. En ces lieux, l'administration pénitentiaire, suite aux récentes réformes, semble jouer un rôle prépondérant dans la vie des détenues. De nombreuses aides leur sont apportées. «Nous sommes solidaires entre-nous, du fait que nous représentons l'une des catégories les plus sensibles. Nous nous sommes exposées aux risques. Il va de soi que nous payons, mais la société ne nous pardonne pas notre acte», nous dit l'une des détenues. Le procureur général, quant à lui, affirme ne lésiner sur aucun effort pour apporter aide et assistance aux détenues quel que soit le crime pour lequel elles ont été condamnées. Il a insisté sur l'humanisation des centres de rééducation. De fréquentes visites sont faites aux prisons de sa circonscription. Ceci dans le cadre de la mise en application des réformes du secteur.


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