Algérie

Dans le faufilé de l'Allemagne


Dans le faufilé de l'Allemagne
Le roi Pelé ne s'est pas trompé dans ses prévisions pour la Coupe du Monde 2014. La vingtième en date, s'est achevée sur une quatrième consécration teutonne, après 1954,1974 et 1990. Elle a été une Coupe du Monde du grand spectacle, un festival du jeu offensif, du rebondissement, parfois épique, comme durant la rencontre de l'Algérie contre les Slaves de Moscou et devant les Allemands surtout ; elle a été une édition de l'explosion de l'émotion tous azimuts, du défilé de la beauté aussi sur la pelouse, dans l'environnement de la touche et dans les vestiaires, au sein des gradins et autour des stades, à travers les merveilleux sites du pays d'accueil - il y a des documentaires parallèles qui ont montré le malheur des favelas et le désarroi des populations englouties dans la misère noire, mais bon.Lors de la première Coupe du Monde, en 1930, organisée par l'Uruguay, les Allemands n'ont pas participé, comme beaucoup de nations européennes affiliées à la Fifa, pour diverses raisons intrinsèques, dont principalement la fulgurante crise économique de 1929 qui a mis à mal les Etats les plus développés de la planète, mais ceux de l'Europe surtout, les plus enclins à la dépense pour leurs industries et leurs services. Célébrant le centenaire de son indépendance et vainqueurs par deux fois du tournois international olympique de 1924 et 1928, l'Uruguay, qui accepte de financer le déplacement des équipes et leur prise en charge dans les joutes, est choisi par la Fifa d'organiser cette première Coupe du Monde.Aussi la France, la Belgique, la Yougoslavie et la Roumanie se lancent dans l'aventure footballistique internationale en traversant l'océan Atlantique à bord de paquebots, les Français, les Roumains et les Belges prennent ensemble le Conte Verde, le 21 juin, tandis que les Yougoslaves embarquent à bord du Florida, deux jours auparavant. Ils mettent chacun plus de quinze jours pour atteindre les rives de l'autre continent. Aujourd'hui les équipes et leurs délégations font le voyage dans les avions sophistiqués qui les transportent dans le confort douillet et dans la célérité - beaucoup de célébrités mondiales dans le domaine du sport ou autre viennent assister en jet privé aux joutes depuis longtemps déjà. Mais dans cette édition initiatique, de surcroit dans le Krach mondial, le spectacle était in vivo, pour ainsi dire, ou n'était pas du tout. Autrement dit ne profitaient de l'ambiance des rencontres et du climat régnant que les présents physiquement dans les joutes. Si une équipe est éliminée du tournoi elle ne peut pas prendre un Boeing ou un Airbus pour rentrer à la maison pour suivre le spectacle grâce aux plasmas géants, avec des fidélités d'images déconcertantes. Les premières retransmissions télévisées ont commencé durant la cinquième édition en Suisse, il y a soixante ans, qui a connu la première victoire des Allemands. Les retransmissions, en noir et blanc bien entendu, avec les moyens de fiabilité fort limités, n'étaient pas captés par les foules dans le monde, depuis le premier match de Coupe du Monde diffusé en direct, entre la France et le Brésil en demi-finale de la sixième édition en Suède, où quand même plus de huit millions de français ont pu regarder le match. Ce n'est que durant la version mexicaine de 1970, puis la germanique en 1974 ? remporté pour la seconde fois par les Allemands de la RFA - en même temps que l'apparition de la couleur dans les retransmissions en direct, que pratiquement les populations de tous les continents accèdent à la vision de la Coupe du Monde dans les temps réels. Jusque-là, le football, du point de vue spectacle, rayonnait dans les foyers de la planète sans accrocs particuliers à la question de l'argent, dont il faut se résoudre à accepter le diktat quatre éditions plus tard, à partir de la Coupe du Monde de 1990 en Italie, gagnée encore par l'Allemagne de l'Ouest quelques mois avant sa réunification avec celle de l'Est.La mondialisation, sur le plan des échanges internationaux, est passée par là, qui va faire en sorte que le football, quasiment «gratuit» durant ses balbutiements, au début du vingtième siècle, va devoir coûter aujourd'hui des dizaines de milliards de dollars autour d'une compétition internationale. Le foot devient parmi les sources de spectacle les plus financièrement juteuses et les joueurs sont rémunérés comme des stars de cinéma. À ce stade d'importance qu'un élément aligné dans une Coupe du Monde possède toutes les chances de toper sur quelque contrat faramineux. Bref, l'Allemagne rejoint l'Italie dans le palmarès des titres, derrière le Brésil, qui n'a été que son ombre dans cette vingtième édition, Messi n'a pas été Maradona ou Mario Kempès, qui ont chacun offert une Coupe du Monde à l'Argentine, mais ce qui est incontestable, c'est que le milliard de téléspectateurs dans le monde en a eu pour son argent en matière de couleurs dans les émotions.N. B.


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