Algérie

Culture de l’ouverture



Culture de l’ouverture La tradition religieuse musulmane doit en priorité réactiver la culture de l’ouverture, sans négliger celle de la vigilance. Car, nous sommes ou bien dans le repli et la fermeture, ou bien dans la dissolution et l’imitation aveugle de l’autre. La nécessité de saisir la question de l’ouverture à l’autre, sans laquelle il n’y a pas de progrès et d’universalité, est urgente. La question du comment vivre en société et, la relation à l’autre différent dans la Cité ont retenu l’attention de la pensée arabe classique, pour rechercher le vrai, à travers les débat et les échanges : « L’homme heureux a besoin d’amis », dit la sagesse arabe. Averroès précise : «L’homme a besoin de l’autre pour acquérir la vertu. C’est pourquoi il est un être politique par nature.» La pensée méditante a précisé l’importance du dialogue, de la coexistence, du lien entre les deux niveaux : le particulier et l’universel, le rapport avec l’autre différent. En Islam, par le témoignage, la schahada, le musulman est un témoin parmi les autres êtres humains. A cette responsabilité il ne peut se dérober. Vivre avec les autres, à partir de l’ouvert, concept coranique, c’est la condition de validité de la foi. C’est un engagement, une marque d’incondition-nalité qui débute par la négation et le refus (le la) de toutes intolérances, fermetures, idolâtries. Sur cette base, des penseurs arabes classiques se souciaient de l’ouvert, des questions de l’universel, de la pluralité dans l’unité. Les penseurs arabes majeurs, n’ont pas évité le problème de la coexistence, de la cité politique, du besoin de réformer en permanence, en s’intéressant qu’à la seule métaphysique et à quelques thèmes de moralité idéale sans conséquences directes sur le problème politique et éthique du rapport à l’autre. Mais ce travail s’est interrompu ou du moins affaibli. «L’interprétation vraie, nous dit Ibn Rochd en faisant allusion à un verset du Coran, est le dépôt dont fut chargé l’homme.». L’exercice de la raison est incontournable, à partir de l’écoute de l’autre, pour comprendre les autres cultures et réactiver et renouveler sa propre culture. La vérité est rarement dans A seulement, ou dans B, mais dans le lien et le rapport entre A et B. La différence, la distance, le rapport, sont les lieux qui appellent à l’exercice de la pensée, une lecture susceptible de nous aider à saisir le sens de notre humanité une et de notre destinée plurielle. Là-dessus, le Coran, par exemple, ne s’adresse pas seulement au croyant, au musulman, au monothéiste, mais à l’Homme, à l’être humain; la visée est sans ambiguïté: toute l’humanité est concernée. Sans le rapport à l’autre la vie perd de son sens. D’où que le mot final du Coran est celui de Nass, l’humanité, les gens. Le problème aujourd’hui réside dans le fait que des interprétations idéologiques et fermées de la révélation contredisent le sens du texte, ou au contraire des lectures historicistes l’abordent de manière réductrice et perdent de vue sa visée essentielle. Tout comme la philosophie humaniste en Occident se trouve de plus en plus marginalisée par les considérations commerciales et de puissance. Résultat, ni la vie au sens Abrahamique et spirituel, ni la vie au sens humaniste et philosophique ne dominent. Nos univers sont encerclés par la techno-science et le Marché monde, dans un contexte de crise sans précédent. La question se pose de revenir à une réflexion sur le sens de la vie, ouverte, cohérente et juste, pour réformer en s’inspirant de la Révélation. Mustapha Cherif



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