Algérie

Crise financière en Europe : Chacun pour soi, Dieu pour tous



Le mini-Sommet de Paris de samedi a prouvé combien il reste de chemin pour la construction européenne. Il y avait des intentions, des discours moralisateurs, mais pas la moindre solidarité. Argent quand tu nous tiens...

Finalement, le mini-Sommet, qui a réuni les quatre pays européens du G8 à Paris samedi soir, s'est terminé comme il a commencé : sans aucun accord tangible. Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Allemagne, l'Angleterre, l'Italie et la France ont rappelé les slogans répétés depuis le début de la crise, à savoir, plus de contrôle des mécanismes financiers internationaux, plus d'éthique et un brin de solidarité entre Etats de l'Union européenne. Ce sont bien de simples déclarations de principe destinées au monde du travail et aux citoyens, puisque réellement, les quatre pays les plus industrialisés d'Europe se sont séparés sur un air de «sauve-qui-peut.» Sinon comment expliquer la déclaration de la chancelière allemande Angela Merkel qui a déclaré à l'issue de la rencontre que «chaque pays doit prendre ses responsabilités au niveau national» ? Et comme le hasard fait parfois bien les choses, la banque immobilière allemande Hypo Real Estate annonçait, au même moment, le refus des autres banques allemandes de lui avancer les 35 milliards d'euros promis pour son sauvetage. Les observateurs et analystes s'attendaient à savoir, à l'issue de cette rencontre, au moins une évaluation chiffrée de la crise, fût-elle approximative, d'autant plus que les présidents de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne et celui de l'Euro groupe ont pris part à la rencontre. Dans ce sens, les quatre mesures annoncées et qui se résument à un soutien aux établissements financiers ; des sanctions contre les responsables de défaillance dans la gestion ; une plus grande flexibilité de l'aide de la Commission européenne aux Etats et un appel à une conférence internationale sonnent comme un air de déjà entendu. La réalité des choses est que les gouvernements européens n'ont d'autre solution que de prendre sur leurs comptes les pertes de capital des banques. Ils sauvent ainsi le jeu, carnassier, des places boursières américaines et européennes. Ils iront chercher cet argent en augmentant les impôts sur les ménages et les taxes à la consommation. La logique du système ultra-libéral occidental aura triomphé, encore une fois, grâce à l'intervention des gouvernants. Pour cette raison et bien d'autres, le retour de l'interventionnisme de l'Etat dans le système financier n'a pas, dans ce cas-ci, de vertus sociale et protectionniste comme le pensent certains. L'Etat vole au secours du même système pour le perpétuer. Les gouvernants occidentaux sont devenus «les employés du système». Voilà plus d'un siècle et demi, le philosophe et économiste Karl Marx démontrait mathématiquement la règle du jeu du capitalisme. Il expliquait que les crises surviennent, entre autres, que lorsque le rapport du capital constant (machines, atelier...) au capital variable (l'argent) augmente, les taux de profits baissent. Ce qu'il appelle «la baisse tendancielle du taux de profit moyen.» Le problème dans cette crise est qu'il n'y a pas d'autres solutions pour éviter l'effondrement de tout le système que celle de soutenir les banques par l'argent public. Ainsi, les pays les plus touchés par cette crise n'éviteront pas une récession économique et sociale et d'une manière générale l'Europe comme les USA accuseront une baisse de croissance significative.

La rencontre de Paris a montré combien le chemin est encore long pour la construction d'une Union européenne forte et solidaire. Si le président de la Commission, comme celui de l'Euro groupe ont rappelé le respect du Pacte de stabilité et de croissance (moins de 3 % de déficit public dans le PIB), le président français Nicolas Sarkozy a plaidé quant à lui pour une plus grande flexibilité par rapport à ce Pacte.

Il faut dire qu'il avait défendu cette option lors de sa campagne électorale en 2007. Par ailleurs, depuis le début de la crise, les Etats européens ont réagi individuellement ou par petits groupes lorsque la banque touchée était commune.

Tous les regards sont aujourd'hui tournés vers le prochain Sommet européen prévu les 15 et 16 octobre à Bruxelles. La solidarité européenne, bien éprouvée déjà, sera-t-elle au rendez-vous ?




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