Algérie

Coup de colère




Les manifestations de colère citoyenne qui se sont déroulées à Chlef ces derniers jours montrent à l?évidence une absence avérée de canaux de concertation entre pouvoirs locaux et administrés. Ce n?est même plus un événement inédit puisque la même colère a pu s?exprimer dans d?autres localités avec souvent le même effet. Faute d?instances de médiation, il n?y a pas de juste milieu entre le basculement dans la violence et le recours à la répression. Dans les deux cas de figure cela veut dire que le dialogue n?a pas été établi. Par contre, il suffit que les citoyens descendent dans la rue pour que des solutions qui étaient différées, ou pas du tout mises en ?uvre, soient ébauchées. C?est ainsi que l?on apprend la constitution d?une commission qui sera chargée du suivi de ce dossier du préfabriqué qui avait nourri le mouvement de protestation à Chlef. Les conclusions de cette commission devraient être remises pour traitement au chef du gouvernement. Pourquoi s?en remettre alors au hasard et non pas à la nécessité ? Si le principe selon lequel gouverner c?est prévoir, c?est celui de conduire les autorités, quel que soit leur rang, à être en interaction avec la société et ses demandes. Sinon, c?est la pression du quotidien qui fera la part des choses pour ne laisser place qu?à des opérations de colmatage. Lorsque les choses se dégradent, il n?est pas surprenant que leur cours devienne incontrôlable avec le danger que cela disqualifie l?action sincère et légitime de ceux qui, dans le tissu associatif, veulent régler loyalement et durablement des problèmes réels. Dans quelle mesure le fait de brûler des édifices d?utilité publique peut-il aider la société civile, à Chlef ou ailleurs, à faire entendre ses doléances qui sont parasitées par l?irruption de la violence ? C?est la vocation de jouer un rôle de médiateur qui est impartie aux associations, et les autorités ne peuvent le comprendre et le conforter que comme tel. Partout dans le pays, il y a des Algériens qui se mobilisent bénévolement pour assister leurs concitoyens en se faisant leur relais auprès des pouvoirs publics. Si cette possibilité de médiation pacifique est empêchée d?une manière ou d?une autre, c?est la logique de confrontation brutale qui prendra le dessus et générera ces émeutes devenues cycliques. C?est bien sûr une injustice que des Algériens ne soient pas décemment logés en 2008. Mais pour le dire, faut-il incendier un dépôt de médicaments certainement utiles à des personnes malades ou engager des négociations sérieuses avec les responsables en charge de l?affectation des logements ? Il ne s?agit pas seulement du cas de Chlef, mais de toutes les villes algériennes, de toute l?Algérie où effectivement des critères d?attribution objectifs et honnêtes doivent prévaloir. C?est de la fuite en avant que d?entretenir cette illusion que le pays peut être construit par des programmes improvisés ou des coups de colère sporadiques.
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