Algérie

Conjectures




Les observateurs politiques les plus avertis sont vite réduits aux conjectures dès lors qu?ils tentent des incursions dans les tréfonds de la sphère décisionnelle. L?illisibilité est le terme le plus usité pour qualifier ce milieu où se concoctent des opérations parfois étranges telle celle dite du « troisième mandat présidentiel ». Celle-ci a démarré en trombe pour finalement s?estomper sans crier gare, du moins dans sa partie propagande. A-t-elle été enterrée ou marque-t-elle une pause pour mieux rebondir, le moment opportun ? Bien malin l?observateur qui pourra répondre à cette question, tant font cruellement défaut des éléments fiables d?appréciation. Le premier concerné, le chef de l?Etat, se mure dans le silence le plus total, ne manifestant publiquement ni son intention de briguer un autre mandat ni son hostilité aux appels en sa faveur. Mais impossible d?imaginer qu?il soit étranger à cette campagne, laquelle a évolué selon un timing bien précis. Le coup d?envoi a été donné par le chef du gouvernement et le point d?orgue furent les prises de position des présidents des deux chambres parlementaires. Difficile de penser un seul instant que ces personnalités du premier carré décisionnel du pays se soient exprimées sans l?accord du numéro un. Bouteflika pourrait avoir décidé de mettre fin à la campagne telle qu?elle a été menée, jugeant qu?elle est partie dans tous les sens, revêtant par endroits des aspects folkloriques, alimentant les prises de positions hostiles de ses détracteurs. Il lui préparerait alors une autre opération, mieux encadrée et plus ciblée. Autre hypothèse, le passage à l?acte 2 que motiverait la conviction que l?opinion publique est « prête » après un conditionnement de plusieurs mois : l?annonce officielle de la révision constitutionnelle et notamment de l?article faisant sauter le verrou du nombre de mandats présidentiels. A l?inverse, autre scénario, Bouteflika pourrait avoir décidé de faire marche arrière, soit sur la réforme constitutionnelle dans son ensemble soit sur un point précis, la levée du nombre de mandats présidentiels. Ou carrément changer de cap : ne plus briguer de poste à partir d?avril 2009. Des hypothèses lourdes, difficiles à vérifier. L?observateur ne pourra se contenter que de pistes de travail basées sur les bribes d?informations disponibles. L?Etat de santé de Bouteflika surtout, grande inconnue du puzzle : aura-t-il une influence sur l?aventure du troisième mandat ? C?est le seul élément que Bouteflika prendrait en considération pour amorcer un quelconque recul, foncièrement convaincu qu?il n?a échoué en rien dans la conduite du pays. Il pourrait cependant se contenter d?une refonte de la Loi fondamentale, sans toucher à l?article portant sur le nombre de mandats. Ce qui balayerait tout ce qui a été bâti jusqu?à maintenant par son sérail, sous son influence. Il partira, mais que laissera-t-il derrière lui comme Constitution et comme successeurs.


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