Depuis septembre, les voix des correspondants de la Radio - Chaîne III à
l'étranger se sont tues. Un conflit les oppose à leur direction. Sollicité sur
le sujet, le DG de l'ENRS (radios) nous parle, lui, de professionnalisme.
A quoi reconnaît-on un journaliste professionnel exerçant pour le compte d'une
radio? A son approche du sujet qu'il traite ? A sa réaction à l'événement ? Au
ton et rythme de sa voix ? Peut-être aussi à son statut et son salaire ? A
toutes ces particularités et plus, vous diront les puristes du métier. Peu
importe, toujours est-il que c'est sur cet aspect du métier, le professionnalisme,
du moins tel que le conçoivent les responsables de la radio, qu'un sérieux
conflit oppose la Direction générale de l'ENRS (radios algériennes), ainsi que
celle de la Chaîne III (francophone) à ses correspondants à l'étranger. Un
communiqué signé des correspondants de Bruxelles, Paris et Rome nous a été
transmis et par lequel ils «regrettent la décision arbitraire de
l'administration qui a résilié leurs conventions de manière abusive… Convention
qui assurait une rémunération forfaitaire de 25.000 DA par mois.» Ils ajoutent
que la direction veut leur «imposer des conditions de travail inacceptables et
refuse, depuis plusieurs mois, de répondre à leurs revendications».
Dans le long communiqué, il est
précisé que c'est le cas pour les autres correspondants de Genève, New Delhi,
Londres et Washington. «Depuis septembre 2010, la rentrée de la Chaîne III
s'est déroulée sans les voix des correspondants à Paris, Bruxelles, Genève,
Rome, New Delhi, Londres et Washington», alerte le communiqué. Est-ce à dire que
la radio algérienne a décidé d'être muette, de se taire depuis l'étranger en
ces temps modernes de «guerre de l'information» ? Attitude pour le moins
intrigante, pour ne pas dire suicidaire. Pourquoi diable, la radio nationale
(et internationale) a-t-elle pris une telle décision? Curiosité et corporatisme
obligent, je tente de joindre, à partir de Bruxelles, la direction générale de
l'ENRS. Immédiatement le DG de l'ENRS, M. Tewfik Klelladi, me précise: «le
problème est simple, nous sommes en pleine réorganisation, y compris dans notre
implantation dans les capitales étrangères. Nous sommes en train d'examiner
dans quelles capitales nous allons restés, ensuite réfléchir à mieux payer nos
correspondants pour qu'ils puissent être, véritablement, au service de la
radio.» Tewfik Khelladi ajoute que la radio ne peut plus se satisfaire du
travail de simples collaborateurs- pigistes. Les exigences modernes de la
communication et de l'information, à plus forte raison au niveau international,
nous obligent à nous adapter à la concurrence, tant dans la qualité
rédactionnelle que dans le temps de réaction à l'événement. Aussi, la radio
algérienne ambitionne d'être à la hauteur de ces défis. Elle a besoin, dans le
cas de son implantation dans les capitales du monde, «non pas de journalistes
qui expriment leurs états d'âmes, mais de journalistes professionnels,
disponibles en permanence et répondant aux besoins de la rédaction centrale et
de ses responsables. Nous sommes prêts à y mettre le prix», conclut en
substance le premier responsable de l'ENRS.
Le DG de la radio
sous-entend-t-il que le micro est ouvert, sans exclusive, aux plus méritants ?
Que l'espoir n'est pas perdu pour ceux qui étaient considérés comme pigistes,
et qu'ils n'ont qu'à faire preuve de professionnalisme tel que le prévoit le
«cahier des charges» de l'ENRS ? Le temps nous le dira et si tel sera le cas,
tant mieux pour nos confrères correspondants qui auront la chance de décrocher
un contrat à plein temps, mieux rémunéré. Quant à la «voix d'Alger» à l'étranger,
«il importe peu quand la voix parle, mais quelle langue elle parle ?»
s'interrogeait Victor Hugo, dans la bataille d'Hernani.
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Posté Le : 08/11/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Notre Bureau De Bruxelles : M'hammedi Bouzina Med
Source : www.lequotidien-oran.com