Algérie - Législation

Conférence de presse du président de la Ligue algérienne des droits de l’Homme: “Le maintien ou l’abolition de la peine de mort mérite un débat national”




Conférence de presse du président de la Ligue algérienne des droits de l’Homme:  “Le maintien ou l’abolition de la peine de mort mérite un débat national”




Enlèvements d’enfants, peine de mort, corruption, révision de la Constitution, manifestations au Sud ont été autant de thèmes d’actualité abordés, lors de la conférence de presse animée, hier, par le président de la Ligue algérienne des droits de l’Homme, Noureddine Benissad.

La fréquence des kidnappings d’enfants inquiète cette organisation.

“Cela commence à devenir sérieux, même si les enlèvements ont toujours existé”, dira d’emblée Noureddine Benissad qui a tenu à rappeler que le code pénal prévoit des peines lourdes allant de 20 ans de réclusion à la peine de mort quand le kidnapping est suivi d’assassinat.

“La peine de mort continue d’être prononcée par les tribunaux, seulement le pays a signé un moratoire en 1993 gelant son application.”

Il pense, toutefois, que le maintien ou l’abolition de la peine de mort “mérite un débat national et démocratique entre les pour et les contre et une réflexion profonde. Il ne faut pas qu’on réagisse dans des conditions de passion”.

Selon lui, il n’est pas question “d’aller vers d’autres terrains que celui du droit civil”, même s’il affirme comprendre tout à fait la réaction de la rue qui demande l’exécution des tueurs.

Nourredine Benissad insiste sur l’urgence de mettre en place une véritable politique publique en matière de protection des enfants et de s’attaquer aux causes des enlèvements.

“Il y a la responsabilité des parents et aussi celle de l’État. Ce n’est pas normal que des enfants de moins de 16 ans ne soient pas scolarisés, de voir des mineurs vendre des cigarettes, déambuler à des heures tardives dans la rue… Il faut s’inscrire dans l’action et non la réaction. Il n’y a pas que l’aspect sécuritaire. Il faut mettre en place une politique publique pour protéger les enfants.”

Quant aux mouvements de protestation déclenchés par les chômeurs du sud du pays, le président de la Ligue algérienne des droits de l’Homme tient d’abord à faire remarquer que “ces manifestations se sont déroulées de manière pacifique”, estimant que les revendications de ces jeunes “sont légitimes, d’autant qu’ils habitent des zones très riches et ne doivent pas être en reste ; les manifestations sont un droit constitutionnel, à l’instar du droit de se réunir et de s’exprimer librement”.

Benissad appelle à la mise en œuvre d’un véritable plan Marshal pour la région: “Aux revendications sociales et économiques, il faut des réponses sociales et économiques et non pas sécuritaires. La violence appelle la violence”, avertit-il.

Le troisième point abordé par le conférencier est celui de la corruption.

“On nous parle de sommes faramineuses qui donnent le vertige. Ces détournements signifient moins de tronçons routiers, moins de projets d’assainissement, moins d’industrie… C’est toujours au détriment du développement. Les citoyens ont le sentiment que c’est le règne de l’impunité. La corruption est un problème qui nous interpelle tous car elle tend à mettre en danger l’équilibre du pays.”

Il considère que des “mesures rapides s’imposent”, à commencer par la séparation effective des pouvoirs et la dotation du Conseil supérieur de la magistrature de plus de prérogatives.

Sceptique reste, néanmoins, le président de la Ligue des droits de l’Homme quant à l’impartialité de la justice: “Il y a des choses conjoncturelles, mais on ne décèle pas une réelle volonté politique de lutter contre la corruption. Aujourd’hui, on a besoin d’une véritable réforme de l’administration qui doit être régie par un code déontologique.”

La Ligue algérienne des droits de l’Homme regrette, en outre, de ne pas avoir été associée aux consultations sur la révision prochaine de la Constitution. Elle réclame, dans ce cadre, le remplacement du Conseil constitutionnel par un Tribunal constitutionnel.

Noureddine Benissad explique: “Actuellement, le droit de saisine sur la constitutionnalité ou non d’une loi relève du président de la République, du président de l’APN et celui du Sénat. On demande la transformation du Conseil constitutionnel en Tribunal constitutionnel pour que le citoyen puisse avoir le droit de saisine. Bien entendu, il faut assortir ce droit de certaines conditions.”

Enfin, la Ligue des droits de l’Homme demande un amendement de la loi sur l’information et celle concernant le mouvement associatif dans le sens de la consécration de plus de liberté.


Nissa Hammadi



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