Algérie

Commune de Sidi Naâmane : Un village dans le dénuement


Perché à 800 m d'altitude sur la colline Boukhnafou et située à 1500 m du chef-lieu de la commune de Taourga mais relevant de la lointaine commune de Sidi Naâmane dans la wilaya de Tizi Ouzou, le village Imekhlaf est qualifié à juste titre par ses habitants de « colline oubliée ». A notre arrivée sur les lieux, les Imekhlafois accourent et lancent en ch'ur à notre adresse : « Enfin quelqu'un qui s'inquiète de notre misérable sort. » Mohamed K, détenteur d'un doctorat en hydraulique et maître de conférence dans l'une des plus importantes universités du pays, intervient en brisant le silence brusque qui s'est installé parmi les présents, en déclarant d'un ton narquois : « Je ne sais pas si une seule journée suffirait pour raconter toutes nos misères. Notre village est le plus éloigné du chef-lieu de la commune, son isolement est aggravé par l'absence totale de moyens de transport auquel vient se greffer à l'ère de l'Internet et de la haute technologie le non-acheminement du courrier. A l'heure où, ailleurs, la rapidité de la livraison du courrier n'en fini pas d'étonner, à Imekhlaf, c'est malheureusement la dégringolade vers le moyen âge. »Et d'ajouter avec beaucoup d'amertume : « L'absence d'une salle de soins dans notre village, nous contraint à faire le parcours du combattant pour une simple injection. Il est désolant de savoir également qu'en 2008 nous n'avons pas encore une école pour nos enfants après près d'une cinquantaine d'années de l'indépendance du pays. Nos enfants se déplacent, faute de transport, à pied jusqu'au chef-lieu de la commune de Taourga, pour poursuivre leurs études. Vous n'êtes certainement pas sans savoir qu'en hiver la neige atteint ici, parfois, plus d'un mètre d'épaisseur. Cet état de fait, pousse les écoliers à sécher leurs cours durant plusieurs jours. Cela se répercute inévitablement sur les résultats scolaires de notre progéniture. Même après avoir décroché le baccalauréat, nous nous voyons chaque année forcés de saisir par écrit le directeur de l'ONOU de Tizi Ouzou pour avoir des chambres au niveau des résidences universitaires. »Et à un autre présent d'intervenir avec un sourire au coin des lèvres : « Comme vous venez de l'apprendre de notre « cheikh », dès notre naissance, la misère nous poursuit et ce jusqu'à notre vieillesse. La misère est devenue par la faute des hommes, un membre à part entière d'Imekhlaf, voire de la famille. » Dda Ali, un septuagénaire nous dira que la population a pris la sage décision de construire avec ses propres moyens une mosquée dans le village. Questionnés par nos soins sur les démarches effectuées auprès des responsables pour l'amélioration de leur situation présente et future, Mohamed K, nous dira : « C'est aux responsables qu'incombe la tâche de se rapprocher des citoyens et non l'inverse. Même si, je l'avoue, les habitants de notre village ont procédé dans un passé récent à la fermeture du siège de l'APC de Sidi Naâmane, les choses n'ont hélas pas bougé d'un iota. Il semblerait que les « dragueurs » de postes de responsabilité ne se rappellent de l'existence des populations notamment celles des régions isolées qu'à l'approche des élections. » Les citoyens, las, nous ferons cette confidence qui doit être lourde de sens pour les responsables locaux : « Nous aurions souhaité faire partie des villages relevant de la commune de l'ex-Horace Vernet (Taourga). » Il est clair qu'en exprimant son désir ardent de faire partie de la municipalité de Taourga, la population d'Imekhlaf lance en fait, un véritable défi à l'adresse des autorités locales.
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