Commentaire

Pertes et profits ? Ce que les Algériens craignaient vient de se produire: le baril de pétrole a dépassé la barre des 100 dollars! Il ne s’agit même pas d’un seuil symbolique, car avec les troubles persistants au Nigeria, le refus des producteurs de l’OPEP d’augmenter la production et l’hiver qui s’annonce d’une rigueur sans précédent en Europe, les prix continueront de franchir d’autres seuils, pas «symboliques» ceux-là. Les experts ont beau brandir la menace d’un ralentissement des économies des pays les plus industrialisés qui entraînerait une baisse de la consommation -et par conséquent une chute des prix-, rien n’y fait. La Chine et l’Inde, tout comme d’autres pays qui ont le vent en poupe, veillent à ce que le niveau de consommation garde le cap. D’autant plus que les réserves mondiales de pétrole prouvées n’auraient qu’une durée de vie de 40 ans, si d’autres gisements ne sont pas découverts, ce qui est de nature à booster les prix afin de constituer des réserves.Cette envolée des prix, loin de profiter à l’Algérien moyen, l’enfonce davantage. Selon des propos qui lui ont été prêtés, Temmar déclarait que l’Etat n’avait plus d’argent, des déclarations en contradiction avec les analyses de spécialistes qui affirment que le pays n’a pas les capacités d’absorber les milliards qu’il a. L’économie nationale est plus que jamais l’otage d’un système créé par l’accord d’association avec l’UE qui rend l’Algérie dépendante d’un marché international (européen) qui a tout l’air de profiter à une nouvelle caste de rentiers sous couverts de libéralisme et, fait insolite qui «échappe» aux inquisiteurs du FMI, nos importateurs importent, en plus des matières premières, une inflation que les couches les plus défavorisées financeront, et qui a toutes les chances de s’installer et de servir de prétexte à l’échec des efforts de développement. C’est dans ce contexte que deux enfants des faubourgs de la capitale ont péri dans une retenue d’eau, en allant ramasser des blettes. Pour l’histoire, l’on ne saura jamais si les deux frères (une fillette et un garçonnet d’une dizaine d’années) étaient partis cueillir les plantes pour commercer ou pour améliorer un ordinaire dont il est aisé d’imaginer la consistance. Pour leurs parents, qui les ont enterrés hier, à quoi serviront les grands projets qui ne leur profiteront jamais et qui ont déjà bouffé des sommes faramineuses en études, tracés et autres artifices qui servent à ériger des fortunes colossales? Miloud Horr