Algérie

Chronique TV



La tolérance selon Ghlamallah Coïncidence de la programmation ou réponse du berger à la bergère, toujours est-il que le passage du ministre des Affaires religieuses et des wakfs au Forum de l?ENTV a été l?occasion pour ce dernier de clarifier dans l? esprit de nos compatriotes certains effets brutaux provoqués par le reportage de France 2, diffusé à la veille de Noël au JT de 20 h, sur les conversions des musulmans au christianisme, présentées comme un phénomène qui prend de plus en plus d?ampleur en France. La chaîne publique française nous apprend ainsi que c?est notamment au sein de la communauté maghrébine, majoritairement algérienne, que les nouveaux adeptes sont recrutés et pour qui ce changement de religion est un choix assumé avec forte conviction. La question de l?évangilisation qui a déjà suscité en Algérie des interrogations, des craintes et des remous, mais pas de débats, a donc refait irruption dans les foyers avec cette fois des images et des confidences qui n?ont pas manqué de choquer. « Comment peut-on devenir chrétien alors qu?on est musulman ? », a dit une fillette de huit ans à son papa lequel a eu cette réaction : « Ma fille, ces gens-là ont perdu leur âme. » L?embarras est bien présent. Toutefois, en parlant d?héritage pour l?islam et d?option mûrement réfléchie pour le christianisme afin de justifier sa conversion, cette immigrée a tapé juste en soulevant le problème de l?intolérance qui est à la base de toutes les incompréhensions. La foi étant un acte individuel, a-t-on le droit d?apporter des jugements de valeur sur les transferts religieux sans crier à l?apostasie ? A l?évidence, non... Et Bouabdellah Ghlamallah se fera un devoir de préciser que ceux qui se convertissent soit au christianisme soit au judaïsme ne lui posent aucune inquiétude pour peu qu?ils soient convaincus de leurs actes. C?est l?autorité religieuse qui s?exprime ouvertement sur un sujet sur lequel les officiels n?ont jamais voulu s?étendre, et c?est aussi la première fois qu?un ministre veut montrer que dans notre pays la multiconfessionnalité n?est pas un vain mot. En somme, l?invité du Forum de l?ENTV a tout simplement voulu nous dire qu?en Algérie la liberté du culte est un principe intangible défendu par la Constitution, même si celle-ci proclame l?islam religion d?Etat. Ceci pour mettre un terme aux manipulations des faux dévots qui continuent d?entretenir les amalgames dans l?intérêt des dogmes intégristes. Au demeurant, en comparant l?apparition des sectes qui militent pour l?évangilisation à celle du qamis et de la barbe, Ghlamallah a clarifié une position politique qui a fait défaut jusque-là. Le discours paraît sincère, mais peut-on se suffire d?une intervention télévisée aussi pragmatique soit-elle pour voir s?effriter tous les démons de l?intolérance ? Le croire, c?est manquer de pertinence dans la réflexion. PS : C?est avec beaucoup d?émotion que nous revoyons les émissions réalisées par le regretté Rabah Saâdallah qui nous a quittés il n?y a pas longtemps. Avec le recul, ces émissions - qui traitent des grandes figures sportives nationales dans plusieurs disciplines (football, boxe, athlétisme, natation, etc.), des champions authentiques qui ont marqué leur temps durant la période coloniale et après l?indépendance, qui ont remporté des trophées et des titres de gloire sous le drapeau national - nous révèlent l?immensité du travail d?archivage entrepris par notre ami qui a mis son c?ur à l?ouvrage pour faire sortir tous ces talents de l?anonymat. Rabah Saâdallah a toujours été passionné par ces pionniers qui ont écrit les plus belles histoires du sport algérien. Il laisse à la télévision nationale une empreinte qui mérite tous les hommages.
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