Algérie

Chasse aux voix


A lgérie 3 (A3) est en semi-panne depuis plus de quinze jours. L?image n?est plus nette et le son, en total décalage, connaît de sérieuses fritures. Problème technique sûrement, mais ce qui est bizarre c?est que la direction centrale de l?ENTV ne semble pas s?en soucier outre mesure. La preuve, cette chaîne qui n?apporte déjà pas tellement au programme continu d?émettre comme si de rien n?était, faisant fi des désagréments causés aux téléspectateurs qui lui sont fidèles. Mais ce sont sûrement les hommes politiques qui passent actuellement dans le cadre de la campagne pour les élections municipales qui ressentent la plus grosse frustration en ayant du mal à faire passer leurs messages. Il faut dire que leurs communications sont rendues incompréhensibles, et c?est dommage pour des représentants de partis qui, pour une fois que la télé les expose au public, espéraient une meilleure audience. Heureusement qu?il y a l?ENTV et Canal Algérie pour faire l?appoint, mais toujours est-il que ces perturbations d?ordre technique persistantes qui affectent une chaîne ouverte sur le monde arabe paraissent anormales. Elles se sont en tout cas déclarées au mauvais moment, c?est-à-dire dans un contexte politique sensible où l?Unique a besoin de toute son armada informative pour prendre en charge une campagne électorale qui n?autorise aucun râté. C?est ennuyeux certes de travailler avec une chaîne qui boite, mais notre télé nationale, s?impliquant avec une rare détermination dans ce genre de formalité et forte d?une expérience en la matière qui lui a toujours permis de tenir son rôle, trouve à tous les coups le tempo idoine pour nous donner l?illusion qu?un scrutin d?abord important, ensuite massif et populaire est en train de se construire. L?appel aux urnes est partout ressenti comme un devoir, sauf qu?entre la volonté de brasser large et les vraies motivations du peuple électeur, il y a une marge que la dynamique propagandiste ne peut combler aussi facilement en théorie. Question : la télévision qui s?affiche comme partie prenante du succès de la campagne électorale, autrement dit comme la courroie la plus fiable du pouvoir, sera-t-elle suffisamment crédible et persuasive pour inciter les Algériens à aller voter en nombre ? D?un autre côté, les hommes politiques qui se succèdent sur les plateaux sont-ils réellement capables de provoquer - à partir de la structure de base qu?est la commune - les changements vitaux que la société attend depuis des lustres mais qui ne viennent jamais ? Si on plonge inconsidérément dans l?ambiance euphorique des discours lénifiants tenus par les uns et les autres et qui, en fait, ne font que remettre les vieilles formules au goût du jour, les pronostics les plus audacieux sont envisagés. Mais tout le monde sait que l?expression qui vient de la rue est une toute autre histoire. S?il y a une instance qui n?a pas la cote en Algérie, c?est bien l?APC rendue coupable (et pas à tort) de tous les maux qui empoisonnent la vie des populations. El Baladia comme on l?appelle n?est jamais au rendez-vous du développement, du progrés, du bien-être social du citoyen. Et personne ne comprend pourquoi pendant des années et avec les ressources financières importantes qui leur sont octroyées les mairies n?arrivent pas à rendre vivables leurs circonscriptions, sans le visage hideux des ordures qui jonchent les rues, des trottoirs défoncés, des chaussées en forme de cratères, des habitations à l?état lépreux, du transport cahotant,etc. Partout et tout le temps, le citoyen est malmené, agressé, contrarié par le très mauvais état de l?environnement que lui offre l?APC. Quand retirer une simple fiche administrative reste jusqu?à nos jours un vrai parcours du combattant, comment donc amener ce citoyen à renouvellerer sa confiance à un structure défaillante sur toute la ligne ? C?est une question de dirigeants, de compétence, lui dit-on, mais ce slogan n?est pas nouveau. Entre le fait de se fier à sa propre expérience de la vie en se basant sur ce qu?il voit, ce qu?il constate tous les jours, et les promesses virtuelles d?un changement radical, l?Algérien demeure en perpétuelle quête de la vérité. C?est, cependant, les émotions qui l?habitent à la veille d?une élection qui doit le concerner en priorité, les interrogations qui s?entrechoquent dans sa tête, qu?on voudrait saisir sur le petit écran à la place des longs et ennuyeux discours politiciens auxquels personne ne prête attention. Dans cette campagne électorale, la télé est restée fidèle à elle-même en privilégiant les idées et les avis qui viennent d?en haut. La base sur laquelle on veut bâtir les projets les plus incensés, pourvu qu?on arrive au sommet de la hiérarchie, continue d?être ignorée. A chacun de tirer sa conclusion et de se persuader si les électeurs seront nombreux devant les urnes.



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