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Ces étudiants algériens qui se distinguent outre-mer


Ces étudiants algériens qui se distinguent outre-mer
Paris, Berlin, Prague, Lausanne sont pour ces Algériens partis poursuivre leurs études de l'autre côté de la Méditerranée un terrain propice qui les a boostés au premier rang en un laps de temps très court. De simples étudiants loin d'avoir un quotient intellectuel de génie, Farid, Yacine et Mohand sont aujourd'hui, après un brillant cursus dans des universités européennes, à la tête d'entreprises qui font fortune. A la Défense, en région parisienne, Farid, 30 ans, diplômé en management international, est chef de service dans l'un des plus importants bureaux d'affaires de la région. Ce fils d'enseignant de français au collège Ighil-Ali d'Akbou a rejoint l'université de Béjaïa en 2005 pour poursuivre des études en commerce international. Juste après l'obtention de sa licence en 2009, Farid décida, après n'avoir pas pu décrocher un poste d'emploi, de s'inscrire dans une université française pour un mastère.«J'ai entamé mes démarches au campus France à Alger sans pour autant imaginer qu'il y ait une possibilité d'avoir une réponse positive. Au mois de mai 2009, j'ai reçu un avis favorable de trois universités, notamment celle de Paris Dauphiné», nous raconte Farid que nous avons rencontré à Paris dans son bureau qui donne sur le palais du Louvre. «Mes parents qui ne s'attendaient pas à cette nouvelle ont tout de suite rassemblé les moyens nécessaires pour que je puisse venir en France. Les démarches exigeaient 5000 euros par an. Donc, c'était un énorme sacrifice pour eux», ajoutera le leader-man. L'été 2009, il foule le sol français et une aventure qui ne laissait en rien présager à une telle réussite commence.«Plusieurs de mes rencontres m'ont conseillé de trouver un moyen de faire mes papiers pour rester une fois pour toute en France, seulement, le sacrifice de mes parents pour que je puisse poursuivre mes études ne me permettait pas de mettre en péril mon cursus universitaire. J'ai donc entamé ma première année de mastère comme prévu», se confie Farid. Cette première année était loin d'être de «la tarte» ajoutera-t-il. «Il a fallu enchaîner les petits boulots pour pouvoir assurer ma deuxième année. Serveur dans des fast-foods, agent de télémarketing, gardien d'immeuble, tout ce qui me tombait sous la main. Je n'avais pas le droit de me plaindre de tel ou tel travail, l'objectif était de gagner des sous.»Une fois son diplôme de mastère en poche, Farid avait songé rentrer au pays. «La vie parisienne m'a effectivement charmé. J'étais, sans vous mentir, tenté de m'installer ici en France, sachant surtout les difficultés que j'allais rencontrer une fois ma carte de séjour expirée.» Coup de chance pour cet originaire de Béjaïa. En 2012, le gouvernement français facilite dans une circulaire les procédures d'accès au travail.En effet, les étudiants ayant fraîchement obtenu un diplôme de mastère avaient droit à une autorisation dite «provisoire» de séjourner sur le sol français pour compléter leur diplôme d'une petite expérience professionnelle. Cette période était également une chance pour les étudiants pour décrocher une promesse de travail qui allait leur permettre de travailler ensuite en France. «J'ai postulé à quelques postes durant toute la période d'été. Contre toute attente, à peine un mois avant la fin de la période de séjour autorisée, l'entreprise pour laquelle je travaille encore aujourd'hui m'a contacté pour un entretien que j'ai réussi». Depuis, Farid n'a cessé de gravir les échelons.L'allemand, une langue étrangère qui n'altère pas les ambitions Si en France le problème de langue ne pose pas de contrainte aux étudiants algériens, en Allemagne, en Suisse ou en République Tchèque c'est une autre paire de manche. Quelques rares étudiants algériens ont pu étudier l'allemand au lycée. Plus particulièrement ceux des classes de lettres et langues étrangères.Mais visiblement, c'est loin d'être un frein aux ambitions de ces quelques centaines d'étudiants qui ont choisi pour destination des pays germanophones. Le cas de Yacine et de Mohand en est l'exemple. 27 ans à peine, Yacine est chef d'une agence de communication web spécialisée dans la création des sites internet à Lausanne, ville située à l'ouest de la Suisse. Originaire de Sétif, Yacine a traversé la Méditerrané pour «plus d'alternative que je n'ai pu avoir dans des universités algériennes», nous dira-t-il, dans un bref entretien dans les locaux de son agence. Le parcours de Yacine est loin d'être hors du commun. Lui qui n'a «jamais quitté le territoire national auparavant a tout simplement eu l'ambition de rejoindre la suisse après l'obtention d'un diplôme en électrotechnique mention communication», nous raconte-t-il.Le jeune étudiant a envoyé un dossier administratif à une université de Lausanne tout en suivant les étapes indiquées sur les sites des universités suisses. Ces établissements exigeant une évaluation linguistique, le jeune étudiant de Sétif suit des cours accélérés d'allemand pendant plus de 6 mois en Algérie puis en Suisse une fois arrivé.«L'allemand est une langue qui m'a paru très difficile au départ, mais les cours et la fréquentation des personnes qui parlent cette langue m'ont beaucoup aidé à améliorer mon apprentissage. C'est un atout que de maîtriser une langue étrangère, en tout cas pour ma part, ça a joué à mon avantage pour mes études». C'est lors de l'un de ses cours à l'université que le destin de Yacine prend une autre tournure. «En 1re année mastère, nous avions un module appelé ?Système à micro contrôleur' et les leçons m'ont passionné. Mon enseignant s'en est rendu compte. Un jour, à la fin d'un cours, il m'a proposé de suivre un stage dans son agence. J'étais vite mis à l'aise. J'étais dans mon élan. Au bout d'une année, mon enseignant, qui est devenu mon employeur, m'a nommé chef de l'une de ses agences». La tchatche et la persévérance pour réussir Pour Mohand, 33 ans, originaire de Tizi Ouzou, partir en Europe était un v?u pieux. «Je suis titulaire d'une licence en comptabilité que j'ai obtenue à l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. Les étudiants ne parlaient que de visa d'études, de partir en France, de quitter le pays.J'en faisais partie !», confie Mohand. «J'ai au moins essayé trois fois d'avoir un avis favorable dans une université française, sans succès. Ce n'est qu'à la quatrième tentative que l'une d'elles m'a accordé le droit de m'y inscrire», se souvient notre interlocuteur qui poursuit : «Je suis arrivé en France en 2007. J'ai validé mon diplôme de mastère au bout de trois années et lorsque j'ai souhaité décrocher un poste d'emploi, j'ai à chaque fois été recalé pour diverses raisons. J'ai donc décidé de me rendre en République Tchèque où l'un de mes cousins s'est installé depuis plus d'une vingtaine d'années. Lui qui était à l'époque propriétaire d'un petit restaurant à Prague, m'a embauché comme serveur. J'ai profité de mon poste pour apprendre le tchèque et l'allemand. Petit à petit, j'ai tissé des relations avec des clients habituels du restaurant. Un jour, l'un d'eux, propriétaire d'un bureau de comptabilité, m'a contacté pour me proposer un poste de comptable dans son agence».«On est condamné à vivre en Europe»«Quand on part, on ne revient jamais car même si on revient, on ne revient jamais comme on est parti», disait Mohamed Dib. Evoquer la possibilité de retour un jour au bercail pour nos interlocuteurs et contrairement à ce qu'on laisse croire, est une éventualité qu'ils n'écartent pas. Seulement, «les conditions ne sont pas favorables pour nous pour rentrer au pays pour le moment, mais il faut dire que même notre réussite ici ne nous suffit pas.On veut rentrer chez nous mais faut-il encore trouver des moyens et des possibilités pour poursuivre nos carrières professionnelles», avoua Farid. Ce dernier a même cité des exemples de ses anciens camarades d'université qui ont préféré prendre leurs valises une fois les diplômes en poche. Par contre, la situation demeure un peu compliquée pour ceux qui ont déjà fait leur vie dans les pays sus-cités. «Il est encore plus difficile pour ceux qui se sont mariés et ont eu des enfants de tout abandonner et rentrer en Algérie. En d'autres termes, on est condamné à rester et à vivre en Europe», dira avec un pincement au c?ur Mohand. Il faut dire que la fuite des cerveaux ne date pas d'aujourd'hui en Algérie et le retour au pays est souvent confronté à de multiples obstacles. Toutefois, ils demeurent une fierté pour leur pays.


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