Algérie

Casus belli


Le Maroc a décidé, vendredi dernier, de rompre ses relations diplomatiques avec l'Iran. Cette mesure intervient après la très vive brouille entre Rabat et Téhéran, après que l'Iran ait reproché au Maroc, courant février 2009, de prendre parti avec le Bahrein dans le contentieux qui l'oppose à la République islamique.La diplomatie marocaine s'est montrée particulièrement virulente en adoptant, dans cette affaire, la posture de la partie offensée. Rabat s'étonne, en effet, que l'Iran lui fasse publiquement grief d'une attitude envers le Bahrein qui est partagée par nombre de pays arabes. En d'autres termes, la diplomatie marocaine a délibérément inscrit les critiques de Téhéran comme une provocation.La décision marocaine, si elle a été jugée démesurée par Téhéran, n'en est pas moins une issue qui permet à Rabat de tirer quelque avantage de la crise. Sur le plan intérieur d'abord où la crise avec Téhéran est vouée à resserrer quelque peu les rangs et à détourner l'attention sur un climat politique et social exacerbé. Pour autant, la question se pose de savoir en quoi cette décision peut infléchir l'équilibre international.Il n'est pas évident de voir l'Iran affaibli ou isolé, du fait de ne plus entretenir de relations diplomatiques avec le Maroc. Davantage encore, cette rupture intervient au moment où l'Administration Obama étudie les possibilités de prendre langue avec Téhéran. Mais le Maroc est coutumier de ce genre de ruptures intempestives puisque, tout récemment, le Venezuela en avait fait les frais et, avant lui, nombre de pays africains qui avaient reconnu la République arabe sahraouie démocratique (RASD), dont l'Afrique du Sud. L'Algérie aussi. L'Iran est bien plus loin et le retour de boomerang sera moindre. En tout état de cause, il s'agit toujours de ne pas insulter l'avenir en prenant des décisions précipitées qui généralement produisent l'effet exactement inverse de celui recherché.A toujours vouloir entretenir un climat de casus belli, on se met à pas sûrs au ban de la communauté internationale. A plus forte raison encore lorsque la tendance est au dialogue, y compris entre des parties dont il était impensable qu'elles puissent se parler comme se pourrait être le cas entre les Etats-Unis et l'Iran. En découdre avec Téhéran est-il, en ces heures de pragmatisme forcé des Américains, le meilleur moyen d'être bien vu par Barack Obama ' En la circonstance, le président américain pourrait assez être fondé à dire : « Gardez-moi de mes amis, mes ennemis je m'en charge. »


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