Algérie

Ça déborde! GRÈVES EN CASCADE, RASSEMBLEMENTS, MARCHES, ECHAUFFOUREES...



Ça déborde! GRÈVES EN CASCADE, RASSEMBLEMENTS, MARCHES, ECHAUFFOUREES...
70.000 travailleurs du secteur des finances ont répondu à l'appel de la fédération
Faute de prévision et de prospective, le gouvernement se voit contraint d'intervenir en pompier pour tenter d'éteindre la moindre flamme de protestation...
Les travailleurs des communes d'Alger, de l'éducation, des finances, de la santé, les cheminots et les boulangers... Toutes ces corporations ont observé, ces derniers jours, des grèves ou menacent de passer à l'action, le tout ponctué par des manifestations. Sur le front social, la tension ne cesse de monter. Ainsi, des milliers de manifestants ont envahi, lundi, la place de la Résistance à Laghouat pour demander des emplois. Apres celle organisée à Ouargla, les manifestations s'étendent à toutes les wilayas. D'autres rassemblements sont ainsi prévus à El Oued et à Tamanrasset.
Les affrontements ayant opposé mardi dernier les services de sécurité à des jeunes chômeurs à Ghardaïa, risqueraient de générer une situation explosive, si la négociation prend le pas sur la répression.
Sur un autre chapitre, le front social est en perpétuelle ébullition. Les communaux haussent le ton et demandent «l'augmentation des salaires des travailleurs des communes», revendiquant comme seuil minimum un salaire de 40.000 DA et «la permanisation de tous les travailleurs contractuels dans leurs postes avec effet rétroactif à partir de 2008». Elles portent également sur «la promulgation de la loi portant modalités d'indemnisation de l'exercice de la délégation de signature et des préposés aux guichet de l'état civil ainsi que la révision du statut des travailleurs des communes». De leur côté, les boulangers accordent un délai de 20 jours au ministère de tutelle pour engager avec eux des négociations sérieuses quant à leurs revendications. Ils menacent de déclencher une grève nationale de trois jours. Les boulangers exigent une révision du prix de la baguette de pain pour qu'elle passe à 11,90 DA. En fait, plusieurs corps de métiers, à défaut d'interlocuteurs étatiques crédibles, menacent ou sont passés à l'action, notamment par l'organisation de grèves et de manifestations publiques.
Comment expliquer le fait que la protesta n'épargne aucun secteur' Il est particulièrement symptomatique d'une certaine déliquescence au vu de la généralisation de la protestation à tous les niveaux. Souvent, faute de prévision et de prospective, le gouvernement se voit contraint d'intervenir en pompier pour tenter d'éteindre la moindre flamme de protestation afin d'éviter qu'elle se propage, mais il semble qu'il y a tellement de flammes partout sur le territoire national que cela risque de devenir inopérationnel - Aux chômeurs qui demandent du travail, aux travailleurs qui demandent des augmentations salariales, aux agriculteurs qui demandent l'effacement de leurs dettes, aux syndicalistes qui réclament le départ de leurs staffs directeurs, les autorités n'ont pas toujours le réflexe qui rassure et/ou la réponse idoine qui convient, ou prenant des demi-mesures inadéquates qui ne convainquent personne.
On est dans une véritable surenchère. Le fait est que les autorités publiques ne considèrent pas les acteurs sociaux comme des partenaires. Peu respectés pour s'inscrire dans une dynamique de co-construction de solutions, la défiance légitime de ces derniers à l'égard des pouvoirs publics entretient le conflit. Au mépris de l'un, la surenchère de l'autre!
Les choses s'aggravent davantage lorsque l'on fait des concessions aux uns tout en refusant de discuter avec les autres. Des erreurs de stratégie qui peuvent coûter cher. Or, la gestion du mécontentement populaire demande du doigté et de la compréhension, seules méthodes à même d'éviter les explosions sociales, ou l'instrumentalisation des colères des travailleurs. Colères en fait justifiées quand des secteurs vitaux de développement national sont marginalisés ou pas pris en charge à hauteur des intérêts de la nation. Aussi, le gouvernement doit se rendre à l'évidence que comme la nature a horreur du vide, il est plus que jamais temps d'ouvrir le dialogue avec les protestataires- même ceux que d'aucuns taxeraient de séparatistes- pour couper l'herbe sous les pieds de tous les aventuriers de tous bords tentés par la déstabilisation du pays.
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