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C'était un intellectuel rebelle!




C'était un intellectuel rebelle!
La couleur noire de sa peau l'a toujours poussé à aimer le continent de ses aïeux.55 ans depuis qu'il n'est plus de ce monde, les idées de Frantz Fanon sont toujours pertinentes et fascinantes. L'hommage que lui a rendu hier l'Association nationale Mechaâl Echahid en collaboration avec le quotidien El Moudjahid à l'occasion du 55e anniversaire de sa disparition un 6 décembre 1961 à l'âge de 36 ans, était une halte pour beaucoup parmi les présents de découvrir l'intemporalité et la génialité des idées de cet homme qui a tout sacrifié pour l'Algérie. Avec une voix pleine d'émotion, l'ancien journaliste d'El Moudjahid et chercheur en histoire Amar Belkhodja, est revenu pendant près d'une heure sur le parcours de l'homme traitant de différentes étapes de sa vie. Frantz Fanon en dépit du fait qu'il a vu le jour en France, dira d'emblée le conférencier, avait dès son jeune âge le regard braqué sur l'autre continent, en l'occurrence le continent africain. La couleur de sa peau (noire) qui était différente de celle des Français l'a toujours poussé à s'intéresser au continent de ses aïeux et à l'aimer davantage. Son amour pour le continent a grandi au fil de l'âge et de ses études. Au point, fera savoir M.Belkhodja, qu' il évoquait avec une certaine gêne sa nationalité française. Fanon, précise l'ancien journaliste d'El Moudjahid, avait toujours du mal à digérer l'idée que ses aïeux avaient été des esclaves ramenés par la France, de l'Afrique. Brillant étudiant pendant tout son cursus, Fanon finira par devenir médecin spécialiste en psychiatrie. Après quelques années d'exercice en France, Frantz Fanon fut muté en 1953 en Algérie, plus précisément à l'hôpital psychiatrique de Blida. Très vite après sa nomination, le jeune psychiatre a remarqué que les malades algériens qu'on recevait dans cet établissement avaient tous un point commun, en l'occurrence des troubles en rapport avec la pratique de l'identité arabo- musulmane dont ils ne pouvaient pas jouir, parce que la force coloniale française n'en voulait pas. Pour aider ces malades à guérir, Frantz Fanon avait demandé à l'administration de l'hôpital de lui permettre d'user de certaines méthodes pouvant créer une ambiance arabo-musulmane telles que des chants traditionnels, lecture du Coran, etc. Les résultats furent spectaculaires, fera savoir Amar Belkhodja. Pour Frantz Fanon le terme «fou» est inapproprié pour qualifier les malades souffrant de déséquilibre mental. «Le fou peut perdre tout sauf la raison», disait Fanon dans l'un de ses ouvrages. Le jeune psychiatre continuait d'exercer son métier à l'hôpital de Blida jusqu'à l'année 1956 où il a déposé sa démission auprès du gouverneur général de l'Algérie Robert Lacoste, jointe d'une lettre de dénonciation pour l'injustice et la violence que pratiquait l'administration française contre les Algériens. Pour les Français qui lui disaient que la France était en droit de répondre à la violence de l'ALN par la violence, Frantz Fanon répondait toujours, par le fait que la violence de l'ALN est «légitime», tandis que celle de la France est «injuste». Fanon qui avait déjà de bonnes relations avec certains chefs de la révolution algérienne, à l'image de Abane Ramdane, Krim Belkacem et Réda Malek, s'est envolé directement après sa démission en Tunisie pour rejoindre le FLN. En bon écrivain et intellectuel qu'il était, les dirigeants du FLN lui ont demandé de rejoindre la rédaction du journal El Moudjahid où il fut par la suite l'un de ses meilleurs rédacteurs. Voyant en lui un bel orateur, Abane Ramdane le chargea de certaines missions à l'étranger concernant la cause algérienne. «Il accomplissait toujours à la perfection ses missions», a indiqué l'invité du forum d'El Moudjahid. Fanon qui avait décidé résolument d'être Algérien et plus un Français, a demandé aux responsables du FLN de l'enterrer, si il lui arrivait de mourir en territoire algérien. Fanon avait émis ce voeu parce qu'il savait qu'il allait mourir. Le cancer du sang dont il souffrait à cette époque-là était encore incurable, y compris dans les hôpitaux des Etats-Unis où il fut hospitalisé jusqu'à sa mort. Sa dépouille fut transférée par les dirigeants du FLN en Tunisie. Pour exaucer son rêve d'être enterré en Algérie, ces derniers ont tenu à ce qu'il soit enterré dans un cimetière se trouvant à la frontière algérienne où quelques martyrs y étaient déjà enterrés. Les ossements de Frantz Fanon ont été acheminés après l'indépendance au cimetière de Aïn El Kebira dans la wilaya d'El Tarf où ils reposent jusqu'à ce jour. Belkhodja a précisé que Fanon avait durant sa vie deux rêves: voir l'Algérie indépendante et les pays du continent africain unis. Fanon, rappelons-le, avait écrit plusieurs ouvrages de son vivant: Peau noire, masque blanc, L'an 5 de la révolution, Les damnés de la terre. Ce dernier ouvrage qui a inspiré beaucoup de peuples opprimés et de nombreux leaders politiques, a suscité son enseignement dans pratiquement toutes les universités du monde.
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