Algérie


C'est ma vie


C'est ma vie
Par Naà'ma YachirQui ne connaissait pas Samy ' Pas séduisant certes, mais beau parleur. Le verbe facile, Il fascinait les jeunes étudiantes quand il parlait de Socrate ou de Mao. On ne lui résistait pas”'téméraire, il ne reculait devant rien. Défier tout et tout le monde, c'est ainsi qu'il concevait sa vie. Et ce qu'il détestait par-dessus tout, c'était qu'on lui résiste. Mal en prit à cette étudiante de 18 ans qui, belle, altière, riait de celles qui, pendues à ses lèvres, se délectaient de ses discours. Elle passait devant elles et ne prêtait jamais attention au conférencier qui jubilait au fur et à mesure que le cercle qui se formait autour de lui s'agrandissait. Samy, avec ses yeux de lynx, l'a vite remarquée. Elle passait devant lui, indifférente à cette foule hypnotisée par ses paroles. C'était pour lui de la provocation.Il se faisait bousculer dans les bus, n'habitait pas une maison cossue, mais avait tout pour séduire les jeunes filles de l'époque qui rêvaient d'un homme intellectuel de l'époque des années 1970 de toutes les révolutions, et qui savait leur parler d'amour comme Baudelaire, ou de politique comme Castro. Major de promo, il était diplômé en droit et préparait un DEA et de surcroît travaillait. Meriem était une proie idéale, et ce qui mettait du piment à ses stratagèmes c'est qu'elle était courtisée par un étudiant, beau, riche, plutôt effacé, du genre à rougir chaque fois qu'il l'invitait à prendre un café à la cafétéria. Tout le contraire de Samy. Ce dernier déclenchera un plan machiavélique pour se rapprocher de Meriem qui ne se doutait pas un instant de ses mauvaises intentions. C'est à la bibliothèque de l'université que tout a commencé. Alors qu'elle préparait son examen avec son binème, Samy les observait discrètement. Toutes les deux butaient sur une leçon de droit politique. Sa camarade avait vu Samy et sauta sur l'occasion en lui demandant de venir à leur secours.- Celui-là encore, ce Monsieur Je-Sais-Tout, lui dit-elle.-Mais on s'en moque, l'essentiel c'est qu'il nous explique, tu sais qu'il est très fort, lui répond-elle.Meriem consent. Et Samy se met en scène. Il leur prodigua un véritable cours magistral qui les laissa pantoises. Elles quittèrent la salle soulagées.«Demain, on va cartonner !»En effet, l'examen s'est bien déroulé, et les résultats étaient au-delà de leurs espérances. Elles ont décroché les meilleures notes.Meriem, contente, tint à remercier son bienfaiteur. Elle le chercha partout ce jour-là . Aucun signe de vie. Son courtisan, celui qui l'écoutait subjugué, n'avait désormais aucune chance. Meriem était préoccupée par Samy, le beau parleur. Elle en parle à son amie qui lui rit au nez- Mais tu es amoureuse, ça crève les yeux !- N'importe quoi, je voulais juste le remercier. C'est quand même grâce à lui que nous avons eu la meilleure note. On est tranquille, nous avons ainsi assuré notre année.- Mais je croyais qu'il t'irritait, que tu ne supportais pas sa suffisance '- ça n'a rien à avoir avec ce que je pense de lui, il est balaise, il nous a sorties de la gadoue, je veux juste lui témoigner ma reconnaissance.- D'accord, si tu insistes, je vais voir sa copine.- Parce qu'il sort avec une fille '- Mais tu es naà've, qu'est-ce que tu crois 'Meriem, contrariée, ne comprenait pas ce sentiment qui l'envahissait et qu'elle n'osait pas nommer.«Non, se disait-elle, pas moi.»Elle rentre chez elle, exténuée, l'esprit préoccupé. Elle pensait à Wahab qu'elle n'avait pas vu depuis trois jours, à cette copine qui est sortie du néant.Puis elle se ressaisit. Elle est prise d'une migraine qui l'empêche de dormir. Elle avalera un comprimé qui soulagera ses douleurs. Elle dormira toute la nuit et se réveillera résolue à le voir coûte que coûte.Lui se fera désirer comprenant vite que l'hameçon avait pris. Puis, convaincu de sa réussite, et après deux semaines d'absence il réapparut. Sa dulcinée ne pouvait cacher le bonheur qui l'avait envahie. Lui ne comprend pas ce sentiment de joie qui le gagne en la revoyant. Il la trouve encore plus belle, séduisante et surtout sincère. Il se sent rasséréné avec cette jeune étudiante qu'il voulait faire tomber dans ses filets. Elle n'était pas comme les autres. «Mais je rêve !» se disait-il. «Non, je ne suis pas amoureux, pas moi !» Ainsi Samy avait du plaisir à l'écouter, il parlait moins et buvait ses paroles. Elle exprimait sa révolte quand elle évoquait les injustices sociales, les gens qui meurent de faim, et l'hypocrisie de ceux qui gouvernent le monde.Une érudite qu'il vient de découvrir. L'opposé de sa petite amie qui le harcèle pour qu'il se présente à sa famille et la demande en mariage.Samy se métamorphosa. Désormais son cœur bat quand il ne la trouvera pas à la bibliothèque, il panique quand elle s'éclipse à la maison quelques jours pour potasser ses synthèses. Au fil des jours, sa présence lui était devenue indispensable. Il n'est plus au centre des débats politiques. Les autres ne l'intéressent plus. Il ne veut plus jouer au coq de la basse-cour. C'est elle, Meriem, cette belle étudiante, intelligente, remplie d'humilité et d'une sincérité déconcertante qui fera son bonheur. Cette fois, il en est sûr. Sans plus attendre, il lui fera part de ses sentiments. Meriem tombe des nues. Elle a du mal à le croire. Il peinera à la convaincre.- C'est toi que je cherchais depuis longtemps. Je ne supporte plus toutes ces saintes nitouches qui me regardent hébétées et ne pensent qu'à leurs cours et à décrocher leurs examens en me harcelant de questions. J'en ai assez de jouer au prof. Une demande en mariage à peine voilée, qui finira par un mariage. Cette union en étonnera plus d'une. «Cette fois, c'est lui qui est tombé dans ses filets.» Qui l'aurait cru ! pensèrent les mauvaises langues. . n


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